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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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idée de ce à quoi elle ressemblait vue de la mer.
    Et si nous devions rester loin de la côte durant la nuit, ne risquions-nous pas de dériver vers le grand large ?
    Au moins, nous n’avions pas à nous inquiéter d’une éventuelle panne d’essence, me dis-je pour m’encourager. Ni d’un manque de nourriture et d’eau… pour le moment.
    Je commençais à être à court de motifs d’inquiétude dépourvus de caractère personnel. Le mal de mer de Jamie ? Ou toute autre catastrophe médicale pouvant se produire à bord ? Oui, c’était un bon sujet. Je n’avais ni herbes, ni aiguilles, ni sutures, ni bandages, ni instruments… Il me faudrait me débrouiller avec de l’eau bouillie et mes deux mains nues.
    — Je peux réduire une luxation ou boucher une artère sectionnée avec mon pouce mais c’est à peu près tout, déclarai-je à voix haute.
    — Hum…
    La voix derrière moi me fit faire volte-face, projetant des éclaboussures avec ma cuiller en bois.
    — Oh, monsieur Smith.
    — Je n’ai pas voulu vous effrayer, m’dame.
    Il avança précautionneusement dans la lumière comme une araignée craintive, évitant de m’approcher de trop près.
    — Surtout depuis que j’ai vu votre neveu vous rendre votre couteau.
    Il sourit légèrement pour me montrer que c’était une plaisanterie mais il n’avait pas l’air rassuré pour autant.
    — Vous… euh… vous savez vous en servir ?
    — Oui, j’ai eu de l’entraînement, répondis-je platement avant d’essuyer les éclaboussures avec un torchon.
    Au bout de quelques minutes, il toussota et reprit :
    — M. Fraser m’a envoyé vous demander, le plus délicatement possible, s’il y aura bientôt quelque chose à manger.
    Je me mis à rire.
    — Le « délicatement » est votre idée ?
    — La sienne.
    — Vous pouvez lui dire que le dîner est prêt. Oh, monsieur Smith ?
    Il se tourna à nouveau vers moi.
    — Je me demandais… les hommes du Teal … Je me doute qu’ils doivent être contrariés, mais que pensent-ils de… des événements récents ? Si vous en savez quelque chose, bien sûr.
    Il parut amusé.
    — J’en sais quelque chose. M. Fraser m’a posé la même question il n’y a pas dix minutes. On a pas mal discuté avec les gars, là-haut dans la mâture, comme vous pouvez l’imaginer.
    — Oui, je l’imagine aisément.
    — Ils sont plutôt soulagés de ne pas avoir été enrôlés de force, bien sûr. Aucun d’entre nous n’aurait revu sa famille pendant des années. Sans parler d’être forcés de nous battre contre nos compatriotes.
    Il se gratta le menton. Comme tous les autres, sa barbe repoussait et il commençait à ressembler de plus en plus à un pirate.
    — D’un autre côté… faut reconnaître que notre situation actuelle n’est pas ce qu’on pouvait espérer de mieux. Elle est périlleuse, c’est le moins qu’on puisse dire. Et puis on n’a ni nos affaires ni notre paye.
    — Oui, je comprends. A votre avis, quelle serait la meilleure solution ?
    — Accoster le plus près possible de New Haven mais pas dans le port. Echouer le navire sur un banc de sable, y mettre le feu, rejoindre la terre en canots et disparaître au plus vite.
    — Vous brûleriez le navire avec les prisonniers enfermés dans la cale ?
    A mon soulagement, il sembla choqué par cette suggestion.
    — Oh non, m’dame ! M. Fraser voudra peut-être s’en servir comme monnaie d’échange auprès des continentaux mais nous, on ne dirait pas non s’il décidait de les libérer.
    — C’est très magnanime de votre part, l’assurai-je. Et je suis sûre que M. Fraser apprécie vos conseils. Vous savez où se trouve l’armée continentale en ce moment ?
    — D’après ce que j’ai entendu dire, quelque part dans le New Jersey. Si vous les cherchez, ils ne doivent pas être bien difficiles à trouver.
    La dernière chose que je tenais à voir, outre la marine royale, c’était l’armée continentale, même de loin. Toutefois, le New Jersey paraissait suffisamment éloigné.
    Je l’envoyai fouiller les quartiers de l’équipage à la recherche d’ustensiles. Chaque marin possédait sa propre écuelle et sa cuiller. Puis je m’attelai à la tâche délicate d’allumer les deux lampes suspendues au-dessus de la table du mess afin que les hommes puissent voir ce qu’ils mangeaient.
    Après avoir examiné le ragoût de plus près, je me demandai si la lumière était une si bonne idée mais je m’étais donné tant de mal

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