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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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n’est-ce pas ?
    L’enfant fit non de la tête, les larmes aux yeux.
    — Si tu es assez grand pour qu’on te confie une mission, tu l’es assez pour subir les conséquences d’avoir trahi notre confiance. Tu comprends ?
    L’enfant fit oui de la tête, même s’il était évident qu’il ne comprenait pas.
    Roger inspira fortement par le nez.
    — Je vais devoir te fouetter.
    Le petit visage rond de Jem se redressa brusquement, interloqué. Il lança un regard vers sa mère, la bouche grande ouverte.
    Brianna fit un petit mouvement vers lui mais Jamie la retint par le bras.
    Evitant de regarder dans sa direction, Roger posa une main sur l’épaule de son fils et le fit tourner vers la porte.
    — Dehors, mon garçon. Va m’attendre dans l’étable.
    L’enfant avait verdi quand Mme Bug nous avait apporté le premier cadavre de poule. Son teint ne s’était guère amélioré depuis. Je craignis qu’il se mette à vomir mais ce ne fut pas le cas. Il avait cessé de pleurer mais semblait s’être ratatiné.
    — Allez, va, répéta Roger.
    Il sortit la tête basse, ressemblant tellement à un condamné marchant vers la potence que je ne savais plus si je devais pleurer ou rire. Brianna paraissait en proie à une contradiction similaire. Elle avait l’air navrée mais la commissure de ses lèvres tremblait. Elle détourna rapidement le regard.
    Roger poussa un soupir explosif et s’apprêta à le suivre. Jamie, qui avait assisté à la scène en silence dans un coin, s’approcha de lui et toussota dans son poing.
    — Hum… Je sais que c’est la première fois, mais je crois que tu devrais frapper fort. Le pauvre garçon se sent très mal.
    Brianna sursauta mais Roger se contenta de hocher la tête, desserrant légèrement les mâchoires. Il sortit tout en dégrafant sa ceinture.
    Nous restâmes tous les trois autour de la table, mal à l’aise et indécis. Puis Brianna se redressa et saisit une des poules mortes.
    — Elles sont encore mangeables, à ton avis ?
    J’en palpai une délicatement. La chair était flasque et molle mais ne s’était pas encore décollée de la peau. Je soulevai la bête et la reniflai. Il y avait une forte odeur piquante de sang séché, un remugle de fèces liquides mais pas les émanations doucereuses de la décomposition.
    — Je crois, si elles sont bien cuites. Les plumes sont inutilisables mais on peut en préparer certaines en ragoût et faire bouillir les autres pour des bouillons ou des fricassées.
    Jamie descendit à la cave chercher des oignons, de l’ail et des carottes pendant que Mme Bug se retirait pour s’allonger et que Brianna et moi nous attelions à la tâche peu ragoûtante de plumer et d’éviscérer les victimes. Nous ne parlâmes pas beaucoup. Quand Jamie revint et déposa le panier de légumes près de Brianna, elle lui demanda d’un ton grave :
    — Tu crois vraiment que ça va l’aider ?
    Il acquiesça.
    — Quand tu as fait quelque chose de mal, tu es rongé par le remords et tu veux réparer ta faute. Mais, dans le cas présent, on ne peut plus faire grand-chose.
    Il indiqua les poules amoncelées sur la table. Les mouches avaient commencé à se rassembler, se promenant sur les plumes.
    — Le mieux qu’il puisse t’arriver, c’est de ressentir que tu as payé pour ce que tu as fait.
    Un faible cri nous parvint par la fenêtre. Brianna tressaillit puis secoua la tête et, chassant les mouches d’un geste de la main, attrapa une autre poule.
    — Oui, je me souviens, répondis-je sans quitter des yeux les caisses de volailles près de la coquerie. Jemmy aussi, sans doute.
    Jamie eut un petit rire puis se tut. J’entendais son cœur battre contre mon dos, lent et régulier.

    Jamie, Ian et moi nous relayâmes pour monter la garde, par quarts de deux heures. John Smith paraissait être un homme sur qui l’on pouvait compter, mais il y avait toujours le risque que l’un des marins du Teal , dans l’espoir que cela leur éviterait d’être pendus comme pirates, le persuade de libérer les hommes dans la cale.
    Je supportai assez bien le quart de minuit mais me lever à l’aube fut une torture. Je luttai pour remonter d’un puits profond tapissé d’une douce laine noire, mes membres endoloris alourdis par une fatigue sourde.
    Jamie s’était jeté dans le hamac avec une couverture dès que j’en étais descendue et, malgré un puissant désir réflexe de lefaire basculer pour y regrimper aussi sec, je souris légèrement. Soit

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