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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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l’étais, je me demandai bêtement si le navire ne s’appelait pas Cléopâtre ou l’ Aspic tandis qu’il filait à nos côtés et qu’une détonation ébranlait l’air dans un fracas de métal.
    Le monde autour de moi disparut et je me retrouvai à plat ventre, la joue écrasée contre un sol qui sentait la boucherie, les oreilles bourdonnantes et les muscles tétanisés en attendant la volée de boulets qui nous fendrait en deux.
    Quelque chose de lourd m’était tombé dessus et je gigotai désespérément pour me libérer, me relever et courir, courir n’importe où, loin…
    Je me rendis soudain compte que je poussais de petits gémissements et que le sol sous ma joue n’était pas de la boue imprégnée de sang mais des planches rendues poisseuses par l’eau salée. Le poids qui me pesait dessus remua brusquement et Jamie se redressa sur ses genoux.
    — Bon sang ! s’écria-t-il. Ils sont fous ou quoi ?
    Une nouvelle détonation lui répondit, provenant cette fois d’un canon situé en poupe du navire qui nous avait dépassés.
    Je me relevai en tremblant et remarquai avec un détachement clinique qu’une jambe gisait sur le pont à quelques mètres de moi. Elle était pied nu et vêtue d’une moitié de culotte arrachée. Il y avait du sang un peu partout. Quelqu’un près de moi répétait :
    — Oh, mon Dieu ! Oh, mon Dieu !
    Je me tournai et vis M. Smith qui regardait en l’air. Je l’imitai.
    La partie supérieure du mât avait disparu. Les vestiges fumants de voiles et de gréements étaient affalés sur la moitié du pont. Les sabords du navire corsaire n’étaient pas des trompe-l’œil.
    — Bordel de merde ! Ces maudits nàmhaid reviennent !
    Le fait était. Je compris avec un temps de retard que le navire était passé trop vite pour lâcher sa bordée. Seul un de ses gros boulets nous avait atteints, emportant le mât et le malheureux qui se trouvait dans le nid-de-pie.
    Tous les marins du Teal étaient massés sur le pont, criant des questions. La réponse leur fut donnée par le corsaire qui était en train de décrire un large demi-cercle dans l’intention évidente de venir terminer ce qu’il avait commencé.
    Ian lança un regard vers le canon du Pitt mais c’était sans espoir. Quand bien même certains marins du Teal auraient su l’armer, il était trop tard pour le préparer et le charger.
    Le corsaire avait achevé son demi-tour et revenait vers nous. Sur le pont du Pitt , les hommes hurlaient, agitaient les bras, se bousculaient près du bastingage.
    — Nous nous rendons, bande de couillons ! hurla l’un d’eux. Vous êtes sourds ou quoi ?
    Ce devait être le cas, car une rafale de vent m’apporta l’odeur de soufre des mèches lentes et j’aperçus l’éclat des mousquets braqués sur nous. Quelques hommes près de moi, pris de panique, coururent se réfugier dans l’entrepont. Je me demandai si ce n’était pas une bonne idée.
    Jamie avait fait de grands signes et crié à mes côtés. Soudain, il disparut. En me retournant, je le vis courir le long du pont. Il arracha sa chemise et bondit sur notre arme de chasse, un long canon en proue baptisé un long nine .
    Il agita sa chemise en un grand arc au-dessus de sa tête, se tenant d’une main à l’épaule de Ian. Cela provoqua une certaine confusion sur l’autre pont bien que le sloop continuât d’avancer sur nous. Jamie agita à nouveau sa chemise. Ils ne pouvaient pas ne pas le voir !
    Le vent était contre nous. J’entendis le grondement des canons sortant des sabords et mon sang se figea. M. Smith poussa un cri étranglé :
    — Ils vont nous couler !
    D’autres cris affolés lui firent écho sur le pont.
    L’odeur âcre de la poudre flottait dans l’air autour de nous. Les hommes perchés dans les restes de mâture hurlaient à pleins poumons en agitant leur chemise à leur tour. Je vis Jamie se pencher vers Ian, lui dire quelque chose, puis il serra fort son épaule et se mit à quatre pattes sur le fût du canon.
    Ian passa près de moi en courant, manquant de me renverser dans sa hâte.
    — Où vas-tu ? lui criai-je.
    Il me répondit par-dessus son épaule avant de disparaître dans l’escalier :
    — Libérer les prisonniers dans la cale. Ils vont se noyer si on coule !
    A l’autre bout du Pitt , Jamie n’était pas descendu du canon comme je l’avais cru mais s’était retourné, à califourchon sur le fût, montrant son dos au navire qui approchait.
    Les bras en croix pour

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