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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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chanter seul devant un public en était une autre.
    — Ça peut attendre, déclara-t-il avant de l’embrasser. Lisons plutôt la lettre.

    2 juin 1777
    Fort Ticonderoga
    — Fort Ticonderoga ? s’exclama Brianna.
    Elle manqua d’arracher la lettre des mains de Roger.
    — Mais qu’est-ce qu’ils fichent là-bas ?
    — Je n’en sais rien. Mais si tu arrêtes de t’agiter cinq minutes, on le saura peut-être.
    Sans répondre, elle fit le tour du bureau et lut par-dessus son épaule, son menton posé dans le creux de sa clavicule, ses cheveux lui chatouillant la joue.
    Il tourna la tête et l’embrassa.
    — Tout va bien. C’est ta mère et sa lettre est pleine de parenthèses. Quand elle digresse comme ça, c’est qu’elle est de bonne humeur.
    — Oui, peut-être, mais… Fort Ticonderoga ?
    Ma chère Bree et vous tous,
    Comme vous l’avez sans doute deviné, nous ne sommes pas (encore) en Ecosse. Nous avons rencontré un certain nombre d’obstacles sur notre route, dont a) la marine royale en la personne d’un capitaine Stebbings qui a tenté d’enrôler de force ton père et ton cousin Ian (ce fut un échec) ; b) un corsaire américain (bien que son capitaine, un personnage insupportable dénommé Hickman, considère le terme « lettre de marque » plus digne pour désigner sa mission, à savoir s’adonner à la piraterie avec la bénédiction du Congrès continental) ; c) Rollo ; et d) un monsieur dont je vous ai déjà parlé, appelé (je le croyais alors) John Smith mais en réalité un déserteur de la marine royale du nom de Bill Marsden (alias « Jonas la Poisse » et je commence à comprendre pourquoi).
    Sans entrer dans le détail de cette farce sanglante, je tiens à vous préciser que Jamie, Ian, le maudit chien et moi-même allons bien. Jusqu’à présent. J’espère pouvoir en dire autant dans quarante-deux jours, quand l’engagement de ton père en tant que colonel de milice prendra fin. (C’est une longue histoire. En deux mots, il fait ça pour sauver la peau de M. Marsden et offrir une issue de secours à une vingtaine de marins devenus pirates par accident.) Dès qu’il se sera libéré de sa charge, nous déguerpirons sur le premier moyen de transport en route vers n’importe quel coin d’Europe, tant que ce moyen ne sera pas dirigé par le susmentionné Hickman. Nous devrons peut-être pour cela nous rendre à Boston. (Je suis curieuse de voir à quoi ressemble la ville aujourd’hui. La Black Bay sera encore une vraie baie remplie de navires et le Common sera sans doute envahi de vaches.)
    Le fort est commandé par le général Anthony Wayne. J’ai comme la désagréable impression d’avoir entendu Roger le mentionner sous l’appellation « Anthony le Fou ». J’espère qu’il doit ou devra sonsurnom à son comportement dans la bataille plutôt qu’à sa gestion du fort. Pour le moment, il me semble rationnel, quoique soucieux.
    De fait, il est plutôt rationnel de sa part d’être soucieux dans la mesure où il attend l’arrivée imminente des troupes britanniques. Pendant ce temps, son ingénieur en chef, M. Jeduthan Baldwin (il te plairait ; un type très énergique !), construit un grand pont qui reliera le fort à une hauteur baptisée Mount Independence. Ton père commande une équipe d’ouvriers travaillant sur cet ouvrage. Depuis mon perchoir sur l’une des batteries en demi-lune du fort, je peux le voir en ce moment même. Il se détache du lot, faisant deux fois la taille de la plupart des hommes et étant l’un des rares à porter une chemise. En raison de la chaleur et de l’humidité, bon nombre d’entre eux travaillent entièrement nus ou vêtus en tout et pour tout d’un petit carré de tissu noué autour de la taille. Compte tenu des moustiques, j’estime que c’est une erreur mais personne ne m’a demandé mon avis.
    Personne ne m’a consultée non plus sur les protocoles hygiéniques d’une infirmerie et d’une prison (nous avons amené plusieurs prisonniers anglais avec nous, y compris le capitaine Stebbings mentionné plus haut qui aurait dû passer l’arme à gauche depuis belle lurette mais s’obstine à survivre). Je leur ai néanmoins dit ce que j’en pensais, ce qui me vaut d’être persona non grata auprès du lieutenant Stactoe, qui se prend pour un médecin. Je ne peux donc rien faire pour les malheureux qu’il prétend soigner et dont la plupart seront morts d’ici un mois. Heureusement, nul ne se soucie des femmes,

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