Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
rentrer. Il faut que je m’occupe du dîner. Annie nous a apporté un beau saumon que son mari a pêché. Je le mets à mariner ou tu le préférerais grillé ?
    Il se leva et replia la carte.
    — Je ne dîne pas à la maison. C’est le soir de ma tenue maçonnique.

    La grande loge maçonnique provinciale de l’Inverness-shire était composée de plusieurs loges locales, dont deux à Inverness. Roger avait rejoint la loge 6, la plus ancienne, quand il avait vingt ans mais n’avait plus remis le pied dans le bâtiment depuis une quinzaine d’années. Il était donc partagé entre la méfiance et l’excitation.
    Néanmoins, il était chez lui. La première personne qu’il croisa fut Barney Gaugh, le chef de gare, un grand costaud souriant qui avait accueilli Roger à sa descente de train à Inverness alors que, âgé de cinq ans, il venait vivre chez son grand-oncle. M. Gaugh s’était considérablement tassé et ses dents jaunies par la nicotine avaient été remplacées par un dentier tout aussi jaune, mais son visage s’illumina en voyant Roger. Il le prit par le bras et l’entraîna vers un groupe d’hommes âgés qui poussèrent des exclamations de surprise en le reconnaissant.
    Un peu plus tard, alors qu’ils commençaient la cérémonie habituelle du Rite écossais, Roger eut l’impression étrange d’avoir fait un bond en arrière. C’en était presque comique.
    Il y avait des différences, certes, mais infimes. S’il fermait les yeux et remplaçait l’odeur de cigarettes par la fumée d’un feu de cheminée, il aurait aussi bien pu se trouver dans la cabane des Crombie, où avaient eu lieu leurs tenues. Le murmure des voix, les questions et réponses, puis les corps qui se détendent, la soirée devenant purement amicale autour de tasses de café et de thé.
    Il y avait beaucoup plus de monde que dans sa jeunesse. Il ne remarqua pas tout de suite Lionel Menzies. Le directeurd’école se trouvait à l’autre bout de la salle, le front plissé par la concentration, écoutant un grand gaillard en bras de chemise. Roger hésita à interrompre la conversation. L’interlocuteur de Menzies se tourna alors dans sa direction sans cesser de parler et s’interrompit brusquement, fixant Roger. Plus précisément, fixant sa gorge.
    Tout le monde dans la loge avait regardé la cicatrice, ouvertement ou discrètement. Il portait une chemise au col ouvert sous sa veste. Il était inutile de tenter de la cacher ; autant la montrer tout de suite et en finir. Cependant, l’inconnu la regardait avec une telle insistance que c’en était presque insultant.
    Se rendant compte que son compagnon était distrait (cela pouvait difficilement lui échapper), Menzies suivit son regard et aperçut Roger qu’il salua d’un large sourire.
    — Monsieur MacKenzie !
    — Appelez-moi Roger, s’il vous plaît.
    Il était habituel de s’appeler par son prénom dans les loges, quand on ne s’adressait pas formellement à « frère Untel ou Untel ». Menzies fit signe à son compagnon d’approcher et fit les présentations :
    — Rob Cameron, Roger MacKenzie. Rob est mon cousin, Roger est un parent d’élève.
    — Je m’en doutais, dit Cameron en lui serrant vigoureusement la main. Je veux dire, je me suis dit que vous ne pouviez être que le nouveau chef de chœur. Mon petit neveu chante avec vous, Bobby Hurragh. Il nous a beaucoup parlé de vous au cours d’un dîner la semaine dernière.
    Roger avait surpris le regard entendu entre les deux hommes quand Menzies l’avait présenté. Il devina que ce dernier avait également parlé de lui à son cousin, probablement en lui racontant sa visite.
    — Rob Cameron, répéta-t-il en serrant la main de celui-ci un peu plus fort, le faisant tiquer. Vous ne travaillez pas pour la commission hydroélectrique, par hasard ?
    — Si. Mais comment…
    — Vous devez connaître ma femme, alors. Brianna MacKenzie.
    Roger lui adressa un grand sourire, dévoilant toutes ses dents.
    Cameron ouvrit la bouche mais aucun son n’en sortit. Puis il la referma et toussota.
    — Euh… oui, en effet.
    Roger avait jaugé l’homme à sa poignée de main et savait que, s’ils en venaient à se battre, il aurait le dessus. De toute évidence, Cameron le savait aussi.
    — Elle… euh…
    — Oui, elle m’a raconté.
    — Ecoutez, ce n’était qu’une blague idiote…
    Cameron l’examinait d’un air méfiant au cas où Roger lui demanderait de l’accompagner dehors.
    — Rob ?

Weitere Kostenlose Bücher