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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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rebondissant sur le feuillage ; l’appel d’un geai au loin ; la conversation d’une bande de sittelles picorant dans les hautes herbes ; le bruissement d’un campagnol affamé courant sur les feuilles mortes de l’hiver.
    Le geai appelait toujours ; un autre lui répondait à présent, poussant des cris aigus d’alarme. Jamie était peut-être dans cette direction.
    J’enfilai ma chemise et mes chaussures. Le soir n’allait plus tarder à tomber. Nous avions… ou plutôt j’avais dormi longtemps. Il faisait toujours bon au soleil mais l’ombre sous les arbres était fraîche. Je drapai mon châle autour de mes épaules et roulai le plaid de Jamie en boule. Il en aurait sûrement besoin.
    Je grimpai plus haut sur la colline, suivant les appels des geais. Il y en avait un couple nichant près de la Source blanche. Je les avais vus construire leur nid deux jours plus tôt.
    Ce n’était pas loin de l’emplacement de la Nouvelle Maison, même si cette source donnait toujours l’impression d’être éloignée de tout. Elle se trouvait au centre d’un bosquet de frênes blancs et de sapins du Canada et était abritée à l’est par un affleurement de roches couvertes de lichen. L’eau sous toutes ses formes est toujours porteuse de vie. Une source de montagne véhicule une singulière impression de joie tranquille, jaillissant pure des entrailles de la terre. La Source blanche, qui devait son nom au gros rocher pâle dominant son bassin, dégageait quelque chose de plus, la sensation d’une paix que rien n’était jamais venu profaner.
    Plus je m’en approchais, plus j’étais certaine d’y trouver Jamie. Il avait dit un jour à Brianna :
    « Il y a là quelque chose qui écoute. On voit ce type de bassins dans les Highlands ; on les appelle des “mares aux saints”. Les gens disent que des saints vivent près de l’eau et écoutent tes prières. »
    Elle avait demandé, un brin cynique :
    « Et quel saint vit au bord de la Source blanche, saint Killian ?
    — Pourquoi lui ?
    — Parce que c’est le saint patron des goutteux, des arthritiques et des badigeonneurs de chaux. »
    Jamie avait ri avant de répondre plus sérieusement :
    « Ce qui vit dans ses eaux est bien plus ancien que la notion de saint… et ça écoute. »
    Je me dirigeai à pas lents vers la source. Les geais s’étaient tus.
    Il était assis sur une pierre au bord de l’eau, vêtu de sa seule chemise. Je compris pourquoi les oiseaux s’étaient calmés. Il était aussi immobile que le grand rocher pâle, les yeux fermés, les mains posées sur les genoux, paumes vers le ciel, invitant la grâce.
    Je m’arrêtai aussitôt. Je ne l’avais vu prier qu’une seule fois… quand il avait demandé de l’aide à Dougal MacKenzie avant une bataille. J’ignorais à qui il s’adressait à présent mais je ne tenais pas à interrompre cette conversation.
    J’aurais sans doute dû m’éclipser et cependant, outre ma crainte de le déranger en faisant du bruit, je ne le souhaitais pas vraiment. Une grande partie de la source se trouvait dans l’ombre mais des faisceaux lumineux tombaient entre les arbres, caressant sa peau. L’air était chargé de pollen et des particules d’or dansaient dans la lumière. Elle se posait en reflets dorés sur le sommet de son crâne, sur la cambrure lisse et prononcée de son pied, sur l’arête de son nez, les méplats de son visage. Il aurait pu être né ici, en partie terre, pierre et eau ; il aurait pu être lui-même l’esprit de la source.
    Je ne me sentais pas exclue. La paix du lieu m’envahit lentement, ralentissant les battements de mon cœur.
    Que venait-il chercher ici ? Voulait-il s’imprégner de la paix de la montagne afin de s’en souvenir, qu’elle le soutienne durant les mois – les années peut-être ? – de notre prochain exil ?
    Moi, je m’en souviendrais.
    La lumière commença à baisser, son éclat pâlissant à vue d’œil. Il bougea enfin, relevant légèrement la tête. Je l’entendis dire doucement :
    — Faites que je suffise.
    Il rouvrit les yeux, se redressa lentement et longea le ruisseau, ses longs pieds nus s’enfonçant sans un bruit dans lacouche de feuilles humides. Quand il arriva à hauteur de l’affleurement rocheux, il m’aperçut et me sourit. Il prit le plaid que je lui avais apporté sans un mot. Toujours en silence, il saisit ma main froide dans la sienne, grande et chaude, et nous prîmes le chemin de la maison, marchant côte à

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