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Le prix de l'indépendance

Titel: Le prix de l'indépendance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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marier. Bien que nominalement cousins, ils n’étaient pas liés par la consanguinité. William était son fils à tous les égards, sauf par le sang. En outre, si Maxwell était jeune, riche et d’un parti convenable, William était comte, hériterait un jour de la dignité de baronet et était loin d’être pauvre.
    Non, de ce côté-ci, tout allait bien. Minnie aimait beaucoup William. Quant à Hal et ses fils… à condition de ne pas avoir vent de la conduite de William, ils verraient plutôt cette union d’un bon œil. En revanche, s’ils découvraient le pot aux roses, William pourrait s’estimer heureux s’il parvenait à leur échapper sans avoir été roué de coups de cravache et les os intacts. Grey de même.
    Certes, Hal ne manquerait pas d’être surpris. Les deux cousins s’étaient beaucoup vus durant le séjour londonien de William mais ce dernier n’avait jamais parlé de Dottie d’une manière qui puisse…
    Il reprit la lettre et la relut. Puis une fois encore. Il la reposa et la fixa quelques minutes, les yeux mi-clos, songeur.
    — Je veux bien être pendu si j’avale cette couleuvre. Que diable manigances-tu, William ?
    Il froissa la lettre et, saisissant un bougeoir sur une table voisine avec un sourire contrit à ses occupants, y mit le feu. Le majordome accourut aussitôt avec un plat en porcelaine dans lequel Grey laissa tomber le papier en flammes. Ils l’observèrent tous les deux se racornir et noircir.
    — Votre soupe, milord.
    Chassant le petit nuage de fumée en agitant une serviette, M. Bodley déposa une assiette fumante devant lui.

    William étant hors d’atteinte, le mieux était encore d’interroger sa complice… quel que soit leur crime. Plus il y réfléchissait, plus il était convaincu que ce qui se tramait entre William, neuvième comte d’Ellesmere, et lady Dorothea Jacqueline Benedicta Grey n’avait rien à voir avec l’amour ou une passion coupable.
    Mais comment parler à Dottie sans attirer l’attention de ses parents ? Il ne pouvait rester posté dans la rue en attendantque Hal et Minnie soient tous les deux sortis. Même s’il parvenait à coincer Dottie seule à la maison et à l’interroger en privé, les domestiques ne manqueraient pas de signaler sa visite à leurs maîtres et Hal, qui veillait sur sa fille tel un mastiff sur son os préféré, aurait tôt fait d’apprendre ce qu’il était venu faire.
    Il repoussa l’offre du portier de lui héler un fiacre et rentra à pied chez sa mère, cherchant une solution. Il pouvait inviter sa nièce à dîner… mais il était très inhabituel de sa part de le faire sans convier également Minnie. Il en allait de même pour le théâtre ou l’opéra. Il escortait souvent ces dames car Hal ne pouvait rester en place suffisamment longtemps pour écouter un opéra dans son entier et considérait le théâtre comme un insoutenable ramassis de fadaises.
    Son chemin passait par Covent Garden. Il évita de justesse un seau d’eau lancé par un marchand de fruits et légumes pour nettoyer les pavés des feuilles de chou et des pommes pourries. Avant l’aube, des fleurs fraîches arriveraient de la campagne par carrioles entières et rempliraient la place de parfums et de fraîcheur. En automne, l’air y était lourd des odeurs écœurantes de fruits écrasés, de viandes faisandées et de légumes abîmés.
    Pendant la journée, les marchands criaient les mérites de leurs produits, marchandaient, se querellaient, houspillaient les voleurs et les pickpockets puis repliaient leurs étals à la nuit tombée pour dépenser la moitié de leurs profits dans les tavernes de Tavistock et de Brydges Street. Lorsque les ombres du soir envahissaient la place, les putains prenaient possession des lieux.
    Quelques-unes, arrivées de bonne heure, déambulaient parmi les derniers marchands en espérant trouver un client avant qu’ils ne rentrent chez eux. Leur spectacle détourna momentanément l’attention de lord John de ses soucis familiaux et lui rappela le sujet qui l’avait préoccupé plus tôt.
    Il se tenait à l’entrée de Brydges Street et distinguait la belle bâtisse qui se dressait légèrement en retrait à l’autre bout de la rue, toute drapée de son élégante discrétion.
    Les prostituées savaient beaucoup de choses et, si on savait les motiver, pouvaient en découvrir beaucoup d’autres. Il futtenté de rendre visite à Nessie, ne serait-ce que pour le plaisir de sa compagnie. Mais

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