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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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et lui proposa du vin.
    — Je suis arrivé avant-hier, nous apprit Sir Henry, prenant un siège et acceptant le rafraîchissement. Quand Sir Nicholas m’a relaté vos vicissitudes, j’ai voulu vous voir sans tarder, mais il m’a conseillé d’attendre que la cérémonie de ce matin soit terminée et que votre servante soit en sécurité. J’ai su que tout s’était bien passé, et me voilà. Au fait, Sir Nicholas vous a-t-il informée de ma présence ? Car je lui ai dit que, bien entendu, vous rentreriez en Angleterre avec moi.
    — Pas précisément, répondis-je. Cependant, il a suggéré que notre retour serait facilité.
    — Certes, et en grande mesure ! Je voyage sur un navire confortable ; ces vaisseaux modernes font oublier les misères des traversées habituelles.
    — Est-ce possible ? s’étonna Blanchard.
    — Oh, c’est certain ! Des quilles plus profondes, une charpente plus stable – ces choses-là produisent une différence. À notre arrivée, nous avons accosté près d’un bateau dans lequel j’aurais détesté voyager, raconta-t-il d’un ton enjoué. Comme bâti pour tanguer, et pas même bien entretenu. Le Sainte-Marguerite. J’espère que cette sainte le protège, car il a grand besoin d’une aide surnaturelle pour se maintenir à flot.
    La mention du Sainte-Marguerite provoqua un silence décontenancé, que je m’empressai de couvrir.
    — Mais quel bon vent vous amène, Sir Henry ? Comment se fait-il que vous soyez en France ?
    — Ah ! Quant à cela… C’est une question intéressante, et l’autre motif de ma visite, dame Blanchard. Toutefois, si ces gentilshommes voulaient avoir l’obligeance…
    Comprenant aussitôt, Jenkinson et Blanchard prirent leur verre de vin et se retirèrent dans la seconde chambre à coucher. Je me perchai sur le siège de la fenêtre, libéré par le marchand, et fixai mon attention sur Sir Henry.
    — En vérité, commença-t-il, le fait est des plus étranges et je ne puis me l’expliquer. Je suis venu présenter à la régente une lettre de notre reine, offrant sa médiation entre le gouvernement catholique et les huguenots dans l’espoir de ramener la paix. Cela permettrait d’épargner beaucoup de vies et de sauver les protestants. Élisabeth craint qu’ils ne soient écrasés si la guerre se prolongeait, ce qu’elle tient à éviter. Chaque fois que, dans un pays, des protestants prospèrent, elle sent que notre nation a des amis. Une Angleterre entourée d’États catholiques est une Angleterre menacée. Pour ma part, soupira Sidney, je ne verrais aucun mal à ce que nous revenions à l’ancienne religion, mais rares sont ceux qui partagent mon avis. Voilà où nous a menés Marie Tudor.
    — Certes : au point de non-retour.
    — Je vois que vous non plus n’y seriez pas favorable. Bien, bien, peu importe. Ce qui nous intéresse, c’est que le prince de Condé a appelé à l’aide tous les pays abritant une communauté protestante. La lettre que j’apportais à la reine Catherine est donc la réponse d’Élisabeth. Mais en la remettant, j’ai appris qu’une telle missive avait déjà été reçue. La mienne comportait diverses propositions quant à la forme que pourrait prendre la médiation, contrairement à la première lettre, moins détaillée. Ce que je ne comprends pas, c’est la raison d’être de ce message antérieur. La reine Élisabeth entend avoir toujours un coup d’avance, mais cette fois, cela n’avait aucun sens. La guerre n’avait pas encore commencé. Les actes de violence demeuraient isolés et personne n’avait sollicité l’aide de l’étranger.
    — Vraiment ? dis-je, circonspecte.
    — Ces affaires sont, d’ordinaire, régies par un protocole. On ne s’immisce pas dans la politique intérieure d’une autre nation à moins qu’elle ne le demande. En fait, cette première lettre nous a été préjudiciable. La reine Catherine semble penser qu’Élisabeth marque trop d’empressement dans ses bons offices. Elle la soupçonne d’arrière-pensées, et je crains qu’elle ne rejette l’offre dont je suis porteur. Mais elle m’a parlé avec une certaine franchise ; elle connaît mes sympathies pour le catholicisme. J’ai appris, dame Blanchard, que vous aviez transmis cette proposition antérieure. Pouvez-vous m’éclairer de vos lumières ?
    Je détournai la tête et fixai le fleuve, par la fenêtre. Je ne pouvais, de là, déchiffrer le nom des vaisseaux en

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