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Le prix du secret

Le prix du secret

Titel: Le prix du secret Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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Blanchard. Il en plaçait dans toutes sortes d’endroits.
    — Il m’a convoqué. En effet, il m’a suggéré de vous proposer de venir avec moi, et il m’a dit pourquoi. Que devais-je faire ? Cecil est le secrétaire d’État, investi de l’autorité de la reine. Élisabeth a veillé au mieux à notre sécurité, vous savez. Surtout par souci pour vous. Au nom du ciel, quelle différence cela fait-il que Cecil et la reine aient tiré parti de mon voyage ou qu’ils l’aient provoqué ?
    — Quelle différence ? Si l’idée du piège est née après coup, une fois connu votre voyage, c’est une chose. En revanche, s’il s’agit d’une machination conçue dès le départ pour faire de moi un appât… Oui, je trouve que cela fait une différence ! Que serait-il arrivé si j’avais refusé ? Mais je crois connaître la réponse, soupirai-je. On m’aurait ordonné d’aller porter cette lettre. Et j’aurais obéi, tout comme vous.
    — Oui. On ne peut faire autrement. Même quand je feignais d’être malade, j’obéissais à Cecil. C’était une idée à lui. Je devais être convaincant, au point que mon état semble requérir un médecin. Quand vous avez proposé d’en consulter un, j’ai pensé que vous saisissiez cette chance de quitter l’auberge afin de renouer avec de la Roche. Je vous ai fait suivre.
    — Je le sais.
    — Ensuite, comme l’apprenti qui apportait mon remède avait demandé après vous, Harvey et moi l’avons pris pour un messager de votre époux. Mes hommes sont, bien sûr, dans la confidence. Sweetapple répugnait à vous tromper et a même eu l’impertinence de le dire, mais je lui ai rappelé que nous agissions sur ordre de la reine, afin d’arrêter un traître…
    — Et alors lui aussi s’est plié aux ordres. Oui, je vois. Tout cela, je peux l’admettre, quoique si Matthew avait été pris, j’eusse ressenti la chose différemment. En somme, je ne me trompe pas ?
    — Non, Ursula, vous ne vous trompez pas. J’ai été contraint d’agir de la sorte. Ceux qui désobéissent aux ordres de la cour risquent leurs terres, leur rang… Une disgrâce qui peut s’étendre à leur descendance. En outre… Je n’y étais pas totalement opposé. Votre époux est un traître, qu’on le veuille ou non. Vous le savez aussi bien que moi.
    — Il n’en reste pas moins mon mari.
    — Je vous ai dit un jour que Gerald avait bien choisi. Cela vaut de même pour Matthew de la Roche. Mais vous, Ursula ? Chacun de vos choix semble si lourd de conséquences !
    — Je vous remercie. Tout est clair, à présent.
    Il n’y avait rien à ajouter. Je sortis du jardin, laissant mon beau-père médusé. Je l’avais oublié presque avant de franchir le portail car, après tout, ce n’était pas lui qui m’importait. J’avais la sensation de contempler l’enfer.

CHAPITRE XXI

Nuit blanche
     
    Je tâchai de mon mieux d’endurer le reste de cette journée. J’allai voir Dale, qui dormait dans mon lit, Brockley à son chevet, et je me sentis heureuse pour eux. Je retournai m’asseoir dans le bureau. Blanchard n’était pas encore revenu et Jenkinson était sorti, lui aussi. Je lus des poèmes quelque temps, puis j’essayai de faire un peu de broderie, occupation apaisante s’il en fut. Elle n’exerça aucun effet sur moi. Je me mis à faire les cent pas.
    Je fus interrompue par Jenkinson, qui surgit avec Ryder. Ils commencèrent à me parler avec animation avant même d’avoir passé la porte.
    — Des nouvelles, dame Blanchard ! Et quelles nouvelles ! s’écria Jenkinson. Ryder est venu me les annoncer ; maintenant, nous vous les apportons !
    — Nous les avons apprises après le combat de coqs, expliqua Ryder, souriant de toutes ses dents. Vous avez réussi, dame Blanchard. Et de belle manière, en vérité.
    — J’ai réussi ? Que voulez-vous dire ?
    — On m’a relaté tout ce qui s’est passé à Anvers. Dame Blanchard, un navire, le Sainte-Marguerite, est au port. Ce nom vous rappelle-t-il quelque chose ? Je gage que oui !
    — J’ai eu vent de sa présence et je m’interrogeais…
    — Eh bien, apprêtez-vous à savoir ! dit Jenkinson. Dites-lui, Ryder !
    — On ne parlait que de ça, à la taverne. Le capitaine du Sainte-Marguerite était là. Il avait accosté le jour même et, d’après lui, il n’avait jamais connu pareille traversée. Il se délectait. Toute la salle était suspendue à ses lèvres. Bien des acteurs

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