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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Pourtant, je savais que les
Danes n’étaient point loin, comme un chien sent la présence de loups dans l’obscurité.
    En arrivant à la limite des arbres, nous les vîmes enfin. Une
quarantaine de Danes se trouvaient sur le versant opposé. C’étaient des
éclaireurs revenant du Sud.
    — Ils nous ont vus, constata Pyrlig.
    — Je crois.
    — Mais pourquoi ne nous attaquent-ils pas ?
    — Regarde-moi.
    — J’ai ce plaisir chaque jour.
    — Ils m’ont pris pour un Dane. (Comme je ne portais ni
cotte ni casque, mes longs cheveux flottaient et l’on voyait mes bracelets.) Ils
ont dû vous prendre pour l’ours que je montre dans les foires.
    Il éclata de rire.
    — Nous les suivons ? proposa-t-il.
    Nous nous aventurâmes donc en terrain découvert et gagnâmes
le bois d’en face. Nous entendîmes les Danes avant de les voir. Ils riaient et
bavardaient sans se soucier que des Saxons soient tout près. Pyrlig cacha son
crucifix sous sa cotte de cuir. Nous attendîmes que le dernier soit passé pour
les suivre. Les ombres qui s’allongeaient me firent penser que l’armée dane
devait être proche pour que les éclaireurs veuillent la rejoindre avant la nuit.
Mais lorsque nous atteignîmes un terrain plat, nous vîmes qu’ils n’avaient
nulle intention de retrouver les forces de Guthrum le soir venu. Ces Danes
avaient leur propre camp ; en approchant, nous manquâmes nous faire
surprendre par une autre patrouille à cheval. Nous sautâmes de selle et nous faufilâmes
au milieu des arbres pour compter les ennemis dans le camp.
    Ils étaient environ cent cinquante dans un petit pré. Des
feux étaient allumés, indiquant qu’ils prévoyaient de passer la nuit sur place.
    — Rien que des patrouilles, fit Pyrlig.
    — Ces bâtards, sifflai-je.
    Ils se sentaient suffisamment à l’abri pour camper à
découvert, certains qu’aucun Saxon ne les attaquerait. Et ils avaient raison. L’armée
saxonne était bien loin au sud, et comme nous n’avions pas de troupes dans les
environs, les Danes pourraient passer une nuit tranquille et, au matin, aller
épier les mouvements d’Alfred.
    — Nous devrions nous en retourner, dit Pyrlig. Il va
bientôt faire nuit.
    Ayant entendu des voix, je levai la main pour le faire taire
et me glissai sur ma droite, toujours dans les taillis. J’eus la confirmation
de ce qu’il m’avait semblé entendre : on parlait angle.
    — Ils ont des Saxons avec eux, murmurai-je.
    — Des hommes de Wulfhere ?
    C’était logique. Les hommes de Wulfhere connaissant la
région, qui mieux qu’eux pouvait guider les Danes ?
    Les Saxons entraient dans la forêt et nous restâmes
dissimulés derrières des aubépines. Ils coupaient du bois et semblaient être
une douzaine. Wulfhere n’aurait envoyé que des hommes en qui il avait confiance,
craignant que d’autres moins loyaux désertent pour rejoindre Alfred ou s’enfuient.
Ces hommes devaient donc être sa garde personnelle.
    — Rentrons, chuchota Pyrlig.
    Au même instant, une voix indignée s’éleva :
    — J’irai demain.
    — Vous n’irez point, seigneur, répondit un homme à la
voix grave.
    Deux hommes s’étaient écartés pour pisser dans les buissons.
    — Je veux les voir ! plaida la voix.
    — Vous les verrez bien assez tôt. Mais pas demain. Vous
resterez ici avec les gardes.
    Très lentement, pour ne point faire de bruit, je dégainai Souffle-de-Serpent.
Pyrlig me regarda faire, étonné.
    — Éloignez-vous et faites du bruit, lui chuchotai-je.
    Il fronça les sourcils sans comprendre, puis il se leva et
retourna vers nos chevaux en sifflotant doucement. Aussitôt, les deux hommes le
suivirent. L’homme à la voix grave était un vieux guerrier massif, au visage
balafré.
    — Toi ! cria-t-il. Halte-là !
    Au même instant, je surgis du buisson et d’un seul coup d’épée
lui tranchai la gorge, le décapitant presque. L’homme tomba comme une pierre. Le
second fut si étonné et effrayé qu’il resta pétrifié. Je l’empoignai par le
bras pour l’entraîner dans les taillis.
    — Tu ne peux… commença-t-il.
    Je plaquai la lame sanglante de Souffle-de-Serpent sur sa
bouche et il se tut dans un geignement.
    — Pas un mot, ou tu es mort.
    Pyrlig revenait, épée au poing. Il regarda l’homme gisant à
terre, s’agenouilla et esquissa un signe de croix sur son front. Aucun des
autres n’avait semblé rien remarquer.
    — Nous allons ramener celui-ci à Alfred, dis-je. Toi,

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