Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
côtes et il avait été
forcé de laisser une partie de sa fyrd garder le rivage. Les hommes de
Wiltunscir avaient été mandés par Wulfhere pour rejoindre l’armée de Guthrum ;
mais le bailli, un homme sinistre nommé Osric, avait parcouru le sud du comté
et plus de huit cents hommes avaient ignoré les ordres de leur ealdorman pour
rejoindre Alfred. D’autres étaient venus des confins du Sumorsæte pour se
joindre à la fyrd de Wiglaf, qui comptait désormais mille hommes, et
moitié moins venaient d’Hamptonscir, dont la garnison de Burgweard, avec Eadric
et Cenwulf, de l’équipage de l’Heahengel, qui m’étreignirent, ainsi que
le père Willibald, aussi impatient qu’angoissé. Presque tous étaient venus à
pied : ils étaient las et affamés, leurs bottes se décousaient, mais ils
avaient épées, haches, lances et boucliers, et à la moitié de l’après-midi, nous
étions près de trois mille dans la vallée de la Willig. Et d’autres arrivaient
encore…
    Alfred m’envoya en éclaireur vers la colline d’où je les
avais vu arriver. Le père Pyrlig proposa de m’accompagner. Le roi parut surpris,
mais il y consentit.
    — Ramenez-nous Uhtred sain et sauf, mon père, lâcha-t-il
avec raideur.
    Je me tus tandis que nous traversions le camp. Une fois
seuls, je lui jetai un regard noir.
    — C’était arrangé, dis-je. Il avait fait seller votre
cheval ! Que veut Alfred, alors ?
    — Que je te convainque de devenir chrétien, bien sûr, sourit
Pyrlig. Le roi a grande foi en mes talents d’orateur.
    — Je suis chrétien, dis-je.
    — Allons bon, vraiment ?
    — J’ai été baptisé, n’est-ce pas ? Et par deux
fois, il se trouve.
    — Par deux fois ? Doublement saint, alors ? Comment
se fait-il ?
    — Parce que mon nom a été changé quand j’étais enfant
et que ma marâtre croyait que Dieu ne me reconnaîtrait point sous mon ancien
nom.
    — Alors ils ont chassé de toi le Diable la première
fois et te l’ont refait boire à la seconde ? dit-il en riant. (Je ne
répondis rien.) Alfred veut que je fasse de toi un bon chrétien, reprit-il
après un silence, parce qu’il espère la bénédiction de Dieu.
    — Il croit que Dieu nous maudira parce que je me bats
pour lui ?
    — Non, il sait que l’ennemi est païen, Uhtred. Si les
Danes sont victorieux, cela signifiera que le Christ est vaincu. Ce n’est pas
qu’une guerre pour de la terre, mais pour Dieu. Et Alfred, le pauvre, étant le
serviteur du Christ, veut faire tout son possible pour son maître. Voilà
pourquoi il tente de faire de toi un pieux exemple d’humilité chrétienne. S’il
peut te faire mettre à genoux, il n’aura aucun mal à faire ramper les Danes.
    Il avait voulu me faire rire et il y parvint.
    — Si cela encourage Alfred, dis-lui que je suis un bon
chrétien.
    — J’en avais l’intention, pour lui faire plaisir, mais
en vérité je voulais venir avec toi.
    — Pourquoi ?
    — Parce que la bataille me manque. Mon Dieu, qu’elle me
manque ! J’aimais être un guerrier. Toute cette inconséquence me ravissait.
Tuer et faire des veuves, effrayer les enfants ! Je savais m’y prendre et
cela me manque. Et j’ai toujours été un bon éclaireur. Nous vous voyions, vous
autres Saxons, arriver aussi discrètement que porcs. Vous n’avez jamais su que
nous vous repérions. Ne te fais nul souci, je ne chercherai pas à te faire
aimer le Christ.
    Alfred ayant grand besoin d’informations sur l’ennemi, Pyrlig
et moi remontâmes la vallée jusqu’à une petite rivière. Nous la suivîmes et
traversâmes un petit village réduit en cendres. Elle traversait de bonnes
terres, mais il n’y avait ni moutons ni bétail et les champs étaient envahis de
mauvaises herbes. Nous avancions lentement, car les chevaux étaient fatigués et
nous nous trouvions loin de l’armée. Nous arrivâmes dans un verger, Pyrlig me
montra des traces de sabots dans la boue. Elles étaient fraîches et nombreuses.
    — Ces gueux sont passés par ici, dit-il, il n’y a guère
longtemps. (Je scrutai la vallée. Des collines boisées s’élevaient de part et d’autre.
J’eus soudain la désagréable sensation d’être épié.) Si j’étais un Dane, je
serais par là, reprit-il en montrant les arbres.
    Nous allâmes dans cette direction, lentement, comme si nous
ne nous souciions de rien. Arrivés dans les bois, nous cherchâmes vainement d’autres
traces. Seul le vent soufflait dans les branches.

Weitere Kostenlose Bücher