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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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les pris à Burgweard. Je choisis ceux qui
avaient combattu avec moi sur l’Heahengel lorsqu’il était devenu le Fyrdraca, et dont vingt-six étaient venus d’Hamtun. Steapa nous
accompagnait ainsi que le père Pyrlig, vêtu en guerrier et non en prêtre. Nous
étions moins de trente mais, alors que nous dépassions un tumulus de l’ancien
peuple, Æthelwold nous rejoignit.
    — Alfred dit que je puis combattre avec toi.
    — Vraiment ?
    — Que je dois rester à tes côtés.
    Cela me fit sourire. Si j’avais eu besoin de quelqu’un, j’aurais
choisi Eadric ou Cenwulf, Steapa ou Pyrlig, des hommes dont le bouclier ne
tremblerait point.
    — Tu resteras derrière moi dans le mur de boucliers, prêt
à prendre ma place.
    — Je veux être devant, insista-t-il, vexé.
    — As-tu déjà combattu dans le mur ?
    — Tu sais que non.
    — Alors tu n’as pas à être devant. Par ailleurs, si
Alfred périt, qui sera roi ?
    — Ah, sourit-il à demi. Donc je reste derrière toi ?
    — C’est cela.
    Iseult et Hild menaient mon cheval.
    — Si nous perdons, leur enjoignis-je, sautez en selle
et fuyez.
    — Où ?
    — Fuis, Iseult. En emportant l’argent. (Toute ma
fortune était dans les fontes.) Prends tout et pars avec Hild.
    La nonne sourit. Elle était pâle, ses cheveux mouillés par
la pluie collaient à son crâne et elle portait une simple robe blanche nouée d’une
corde. J’étais surpris qu’elle soit venue avec l’armée, pensant qu’elle aurait
préféré trouver un couvent, mais elle avait insisté.
    — Je veux les voir morts, dit-elle sans émotion. Et
celui qui se nomme Érik, je le veux occire moi-même, ajouta-t-elle en tapotant
le long coutelas pendu à sa ceinture.
    — Érik est celui qui…
    — Celui qui m’a faite putain, acheva-t-elle.
    — Ce n’était donc point celui que j’ai tué cette
nuit-là ?
    — Non, lui était le barreur du navire d’Érik. Et je ne
retournerai point au couvent avant de l’avoir vu baigner dans son sang.
    Les éclaireurs rapportèrent à Alfred qu’ils avaient vu l’ennemi
attendre au bord de l’escarpement, à l’emplacement de l’ancienne forteresse. Leurs
bannières étaient innombrables.
    Nous continuâmes de gravir la colline. La pluie cessa, mais
le soleil resta caché dans un Ciel noir et tourmenté. Un vent violent soufflait
de l’ouest. Nous passâmes devant d’anciennes tombes, et je me demandai si elles
abritaient des guerriers partis comme nous au combat et si, dans les
millénaires à venir, d’autres hommes graviraient ces mêmes pentes armés d’épées
et de boucliers. La guerre ne connaît point de fin. Je levai les yeux vers le
Ciel, cherchant un signe de Thor ou d’Odin, espérant voir un corbeau passer, mais
je ne vis que nuages.
    Lorsque nous eûmes contourné une colline, j’aperçus devant
nous l’ennemi. J’aime les Danes. Pour se battre, boire, rire ou vivre, ils ne
connaissent point de rival. Pourtant, ce jour-là, ils étaient l’ennemi et m’attendaient
dans un gigantesque mur de boucliers déployé sur la plaine. Des milliers de
Danes, armés d’épées et de lances, venus pour faire leur cette terre que nous
habitions.
    — Dieu nous accorde la force, pria Pyrlig en entendant
leur clameur quand nous apparûmes.
    Tous cognaient de leurs armes leurs boucliers dans un fracas
de tonnerre. L’ancien fort constituait l’aile droite de leur armée et les
murailles de terre étaient remplies de soldats. Beaucoup portaient des
boucliers noirs et une bannière de même couleur flottait au-dessus d’eux :
voilà donc où se trouvait Guthrum, tandis que sur l’aile gauche qui s’étirait
sur la plaine flottait la bannière au cheval blanc de Svein. L’escarpement
tombait presque à pic vers la plaine : nous ne pouvions espérer débusquer
les Danes de ce côté, car personne ne pouvait combattre sur une telle pente. Nous
devions donc attaquer droit devant, directement dans le mur de boucliers et
contre les remparts de terre, nous précipiter sur les épées, les lances et les
haches de cet ennemi très supérieur en nombre.
    Il me sembla reconnaître la bannière à l’aile d’aigle de
Ragnar sur le fort, mais c’était difficile d’être sûr, car tous les équipages
danes avaient leur étendard flottant côte à côte. Devant le fort, non loin de
la bannière blanche, je vis néanmoins un drapeau saxon, vert, orné de l’aigle
et de la croix : Wulfhere était là avec la partie de

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