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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de rester à terre pendant un mois et qu’il y a à piller dans la
mer de Sæfern.
    — Et si Alfred apprend que nous sommes partis là-bas, il
nous étripera.
    — Cent navires danes ont brûlé là-bas, dis-je en
désignant Exanceaster du menton. Les restes des épaves y sont encore. Nous
devrions bien pouvoir trouver au moins une tête de dragon à mettre à notre
proue.
    — Pour déguiserl’ Eftwyrd ?
    —  Oui, car ainsi nul ne saura que c’est un
navire saxon. On le prendra pour un bateau dane, un pilleur, le cauchemar de l’Anglie.
    — Je n’ai pas besoin d’ordres pour partir en patrouille,
n’est-ce pas ? sourit Leofric.
    — Bien sûr que non.
    — Et nous n’avons point combattu depuis Cynuit, regretta-t-il.
Et sans combat, point de butin.
    — Et l’équipage ?
    — La plupart sont de méchants bougres, dit-il. Ils ne
diront rien. Et ils ont tous besoin de ce butin.
    — Et entre nous et la mer de Sæfern, ajoutai-je, il y a
les Bretons.
    — Qui sont tous des gueux et des bâtards. Alors, si
Alfred refuse de faire la guerre, nous la ferons ? sourit-il.
    — Tu as une meilleure idée ?
    Leofric resta longtemps silencieux, comme s’il réfléchissait,
tout en jetant distraitement des galets dans une flaque. Je regardais sans rien
dire les ondes qu’ils dessinaient sur l’eau, comprenant qu’il cherchait un
signe du destin. Les Danes jetaient les bâtons de runes, nous observions tous
le vol des oiseaux, essayant d’entendre les murmures des dieux, et Leofric
cherchait dans la chute des galets à discerner son destin. Le dernier qu’il
lança ricocha sur un autre et dérapa dans la vase, traçant une ligne qui
désignait la mer.
    — Non, fit-il, je n’ai pas de meilleure idée.
    Et l’ennui me quitta, car nous allions être des Vikings.
     
    Nous dénichâmes une vingtaine de têtes sculptées au bord de
la rivière, sous Exanceaster, parmi les vestiges détrempés des épaves entassées
qui montraient où avait été brûlée la flotte de Guthrum. Nous en choisîmes deux
des moins abîmées et les rapportâmes à bord de l’ Eftwyrd. Nous dûmes
couper et tailler les poteaux de proue et de poupe pour pouvoir y fixer les
deux têtes sculptées. Celle de poupe, la plus petite, était un serpent à la
gueule ouverte, qui devait représenter le Faucheur-de-Cadavres, ce monstre qui
déchiquette les morts dans l’enfer dane, alors que celle de proue était une
tête de dragon, mais si noircie et rongée par le feu qu’elle ressemblait plus à
une tête de cheval. Nous creusâmes à l’emplacement des yeux et de la gueule
pour découvrir du bois intact et lui donner un air féroce.
    — On dirait un fyrdraca, à présent, dit Leofric
d’un ton enjoué. Un dragon de feu.
    Les Danes n’exposaient ces monstres que lorsqu’ils se
trouvaient dans les eaux ennemies. Nous fîmes de même et cachâmes nos têtes de fyrdraca et de serpent dans les cales de l’ Eftwyrd. Leofric ne
voulait pas que les ouvriers sachent que nous fomentions de mauvais coups.
    — Celui-ci, dit-il en me désignant un grand maigre à
cheveux gris responsable du chantier, il est plus chrétien que le pape. Il
irait bêler chez les prêtres s’il pensait que nous partons nous battre. Les
prêtres le diraient à Alfred, et Burgweard me reprendrait l’ Eftwyrd.
    —  Tu ne l’aimes point ?
    — Heureusement qu’il n’y a point de Danes sur la côte.
    — Il est couard ?
    — Non. Il croit simplement que c’est Dieu qui combat
dans les batailles. Nous passons plus de temps à genoux qu’aux rames. Quand tu
commandais la flotte, nous gagnions de l’argent. À présent, même les rats du
bord mendient leurs miettes.
    Nous avions gagné de l’argent en capturant les navires danes
et en prenant leur butin. Et si nul d’entre nous n’était devenu riche, nous
avions tous de l’argent de côté. J’étais encore fortuné, car j’avais un trésor
caché à Oxton, l’héritage de Ragnar l’Aîné, que l’Église et la famille d’Oswald
auraient bien aimé faire leur, mais un homme n’a jamais assez d’argent. Si je
devais devenir un seigneur et m’attaquer aux murailles de Bebbanburg, il me
faudrait des hommes et un grand trésor pour acheter les épées, les boucliers, les
lances et les cœurs des guerriers. C’est pourquoi nous devions prendre la mer
et chercher de l’argent, mais nous racontâmes aux ouvriers que nous allions
simplement patrouiller le long de la côte. Nous

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