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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Bretons nous haïssaient.
    Au début, nous n’en vîmes aucun. Tous les endroits où nous
accostions étaient déserts, sauf l’embouchure d’une rivière où une barque de
peau quitta le rivage menée par un homme à demi nu brandissant des crabes qu’il
voulait nous vendre. Nous lui en achetâmes un plein panier pour deux sous. Le
soir suivant, nous échouâmes le Fyrdraca sur le rivage et nous
ravitaillâmes en eau douce à une rivière. Leofric et moi gravîmes une colline
pour inspecter les alentours. De la fumée s’élevait de vallées lointaines, mais
il n’y avait nulle âme qui vive, pas même un berger.
    — Que pensais-tu trouver ? demanda-t-il. Des
ennemis ?
    — Un monastère.
    — Un monastère ! s’amusa-t-il. Tu veux prier ?
    — Les monastères ont de l’argent.
    — Pas ici. Ils sont aussi pauvres que belettes. D’ailleurs…
    — D’ailleurs quoi ?
    — Tu as une dizaine de bons chrétiens à ton bord, dit-il
en désignant le navire. Et de mauvais, bien sûr, mais au moins une dizaine de
bons. Ils n’iront point piller un monastère avec toi.
    Il avait raison. Quelques-uns des hommes avaient eu des
scrupules à jouer les pirates, mais je leur avais assuré que les Danes
utilisaient des navires de commerce pour épier leurs ennemis. C’était assez
vrai, même si je doutais que nos deux victimes aient servi les Danes. Mais
leurs équipages étaient étrangers et, comme tout Saxon, nos hommes détestaient
les étrangers, tout en faisant exception pour Haesten et notre dizaine de
Frisons. Les Frisons étaient des pirates nés, aussi mauvais que les Danes, et ceux-là,
venus s’enrichir dans le Wessex après la guerre, étaient heureux que le Fyrdraca se livre au pillage.
    En continuant à l’ouest, nous trouvâmes des établissements côtiers,
dont certains étonnamment vastes. Cenwulf, qui avait combattu avec nous à Cynuit
et était un brave homme, nous apprit que les Bretons du Cornwalum extrayaient l’étain
et le vendaient aux étrangers. Il le savait de son père qui était marchand et
venait fréquemment ici.
    — S’ils vendent de l’étain, dis-je, ils ont
certainement de l’argent.
    — Et des hommes pour le garder, répliqua Cenwulf.
    — Ont-ils un roi ?
    Nul ne le savait. C’était probable, mais nous ignorions qui
il était et où il se trouvait. Peut-être étaient-ils plusieurs, comme l’avança
Haesten. Ils avaient des armes, car une nuit, alors que le Fyrdraca pénétrait subrepticement dans une baie, je vis une flèche tirée d’une falaise s’enfoncer
dans la mer près des rames. Comme elle ne fut suivie d’aucune autre, peut-être
était-ce un avertissement. Cette nuit-là, nous jetâmes l’ancre. À l’aube, voyant
deux vaches qui paissaient au bord d’une rivière, Leofric s’empara de sa hache.
    — Les vaches sont là pour nous tuer, nous prévint
Haesten dans son anglais maladroit.
    — Comment cela ?
    — J’ai déjà vu le faire, seigneur. Ils sortent les vaches
pour nous faire débarquer à terre. Et ils attaquent.
    Nous fîmes grâce aux vaches et quittâmes la baie. Un
hurlement s’éleva derrière nous, et je vis une troupe d’hommes surgir des
buissons et des arbres. Je retirai un de mes bracelets d’argent et le donnai à
Haesten. C’était son premier, et, étant dane, il en fut extrêmement fier et le
polit toute la matinée.
    La côte était de plus en plus sauvage, et les abris de plus
en plus difficiles à trouver, mais le temps était calme. Nous capturâmes un
petit bateau à huit rames qui retournait en Irlande et le soulageâmes de seize
pièces d’argent, trois coutelas, un tas de lingots d’étain, un sac de plumes d’oie
et six peaux de chèvre. Nous ne devenions guère riches, même si le ventre du Fyrdraca était rempli de peaux et de lingots d’étain.
    — Nous devons tout vendre, dit Leofric.
    Mais à qui ? Nous ne connaissions personne faisant
négoce ici. Je pensai qu’il fallait aborder près de l’un des plus vastes
établissements et tout voler. Brûler les maisons, tuer les hommes, piller le château
de leur chef et repartir en mer. Mais comme les Bretons postaient des veilleurs
sur les côtes et nous voyaient toujours arriver, dès que nous approchions l’une
de leurs villes, des hommes en armes nous attendaient. Ils avaient appris comment
affronter les Vikings et c’est pourquoi, m’expliqua Haesten, les Norses
naviguaient à présent par groupes de cinq ou six navires.
    Être un

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