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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Viking était plus ardu que je ne l’avais cru. Un
jour, le vent d’ouest fraîchit, les vagues frangées d’écume enflèrent et des
averses commencèrent à tomber d’un Ciel noir et bas. Nous dûmes remonter au
nord nous abriter sur une côte protégée. Nous jetâmes l’ancre puis sentîmes le Fyrdraca tressaillir et s’agiter comme un cheval ombrageux tirant sur sa longe de cuir tressé.
    Toute la nuit et le jour suivant, la tempête fit rage sur la
côte. Les flots se fracassaient sur les hautes falaises. Nous étions à peu près
à l’abri, mais les vivres diminuaient et j’avais plus ou moins décidé d’abandonner
le projet de nous enrichir et de rentrer dans l’Uisc en prétendant que nous
étions simplement partis en patrouille. Cependant, le deuxième jour, alors que
le vent mollissait et que ne tombait plus qu’un crachin glacial, un navire
apparut à l’est de la pointe.
    — Boucliers ! s’écria Leofric.
    Les hommes, maussades et gelés, s’armèrent et prirent place
sur le plat-bord.
    Le navire était beaucoup plus petit que le nôtre, bas, à
haute proue, avec un mât court et une large vergue où était repliée une voile
crasseuse. Une demi-douzaine de rameurs le manœuvraient, et le timonier mettait
le cap droit sur le Fyrdraca. Lorsqu’il fut plus près, j’aperçus un
rameau aux feuilles vertes accroché à la proue.
    — Ils veulent parler, dis-je.
    — Espérons qu’ils veulent acheter, grommela Leofric.
    Un prêtre était à bord. Je ne m’en rendis tout d’abord pas
compte, car il était aussi déguenillé que les autres, mais il nous cria en
mauvais danois qu’il voulait parler. Je laissai le navire s’approcher puis
Cenwulf et moi hissâmes le prêtre à bord. Deux autres voulurent le suivre, mais
Leofric les menaça de sa lance.
    Lorsqu’il s’assit sur un banc, je vis le crucifix à son cou.
Il se nommait le père Mardoc.
    — Je hais les chrétiens, dis-je, et je te donnerais
bien en pâture à Njord.
    Il ne releva pas, peut-être ignorait-il que Njord était l’un
des dieux de la Mer.
    — Je t’apporte un présent de mon maître, dit-il en
sortant de sous sa cape deux bracelets abîmés.
    Je les pris. C’étaient de pauvres anneaux de cuivre, vieux, encrassés
de vert-de-gris et presque sans valeur, mais notre expédition nous avait si peu
rapporté que même ces maigres trésors méritaient d’être gardés.
    — Qui est ton maître ? demandai-je.
    — Le roi Peredur.
    Je faillis éclater de rire. Le roi Peredur ? Un roi est
généralement célèbre : si je n’avais jamais entendu parler de Peredur, c’est
probablement qu’il n’était qu’un petit chef local au titre pompeux.
    — Et pourquoi ce Peredur m’envoie-t-il ces misérables
présents ?
    Le père Mardoc ignorait mon nom et était trop effrayé pour
me le demander. Il pensait que nous étions tous des Danes, car j’avais ordonné
à ceux qui portaient des crucifix de les cacher sous leurs vêtements. Seuls
Haesten et moi parlions, et si le père Mardoc trouva cela curieux, il n’en dit
rien. Il m’expliqua que son seigneur, le roi Peredur, avait été traîtreusement
attaqué par un voisin nommé Callyn, dont les armées avaient pris une forteresse
proche de la mer : Peredur était disposé à nous payer si nous l’aidions à
récupérer cette place-forte ayant pour nom Dreyndynas.
    J’envoyai le père Mardoc patienter à la proue pendant que
nous discutions. Être bien payés ne nous rendrait pas riches pour autant, et
Peredur essaierait de nous donner le moins possible et tenterait de tout nous
reprendre en nous tuant.
    — Nous devrions trouver ce Callyn et voir ce qu’il nous
verserait, lui, suggéra Leofric.
    C’était une bonne idée, mais nous ignorions où était ce
Callyn. Nous apprîmes plus tard que c’était aussi un roi : cela ne signifiait
pas grand-chose, car tout homme disposant de plus de cinquante soldats se
disait roi en Cornwalum. J’allai donc retrouver le prêtre : il m’expliqua
que Dreyndynas était une place-forte qui gardait la route de l’Est, et que, tant
que Callyn la tiendrait, le peuple de Peredur serait prisonnier dans ses
propres terres.
    — Vous avez des navires, lui fis-je remarquer.
    — Callyn aussi, et nous ne pouvons y embarquer le
bétail.
    — Le bétail ?
    — Nous avons besoin de le vendre pour subsister.
    Callyn avait donc encerclé Peredur, et nous pouvions faire
pencher la balance dans cette petite

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