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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de se renfrogner.) Peut-elle
vraiment prévoir l’avenir ?
    — À ton avis ? Elle a vu ta victoire et dit au roi
qu’il pouvait te faire confiance.
    — En ce cas, elle le peut voir assurément.
    Le frère Asser eut un sourire méprisant.
    — On aurait dû l’étrangler avec le cordon à sa
naissance, gronda-t-il. C’est une garce païenne, une diablesse.
     
    Le soir, un festin fut donné pour fêter notre pacte, mais
Iseult n’y assista pas, hélas ! J’y vis la première épouse de Peredur, une
femme maussade et crasseuse avec des furoncles purulents sur le cou, et parlant
à peine. Mais le festin fut étonnamment bon. Il fut servi poisson, bœuf, mouton,
pain, ale, hydromel et fromage, et Asser me conta qu’il venait du royaume de
Dyfed, au nord de la mer de Sæfern, et que son souverain, au nom breton
impossible à prononcer et ressemblant à un éternuement, l’avait envoyé dans le
Cornwalum pour dissuader les rois bretons de soutenir les Danes.
    Cela me surprit tellement que je cessai de lorgner les
servantes ondulant des hanches sur la musique d’un joueur de harpe.
    — Tu n’aimes point les Danes, dis-je.
    — Vous êtes des païens, répliqua-t-il d’un ton
méprisant.
    — Alors pourquoi parles-tu la langue païenne ?
    — Parce que mon abbé voulait nous envoyer comme
missionnaires auprès des Danes.
    — Tu devrais y aller. Ainsi, tu arriverais plus vite au
paradis.
    Il ne releva pas.
    — J’ai appris le danois entre autres langues, dit-il, hautain,
et je parle aussi la langue des Saxons. Et toi, je crois, tu n’es point né en
Danemark.
    — Comment le sais-tu ?
    — À ta voix. Tu es de Northumbrie ?
    — Je suis de la mer.
    — En Northumbrie, dit-il d’un ton réprobateur, les
Danes ont corrompu les Saxons au point qu’ils se croient eux-mêmes danes. (Il
se trompait, mais j’étais mal placé pour rectifier.) Pire, ils ont éteint la
lumière du Christ.
    — Aurais-tu fait la connaissance d’Alfred de Wessex ?
ironisai-je.
    — J’ai hâte de la faire, dit-il avec ferveur, car j’ai
ouï dire qu’il était bon chrétien.
    — Moi aussi.
    — Et que le Christ l’en récompense.
    — Vraiment ?
    — Le Christ a envoyé une tempête qui a détruit la
flotte dane, et les anges de Dieu ont occis Ubba. C’est là preuve de la
puissance du Seigneur. Si nous combattons Alfred, nous nous rangerons contre le
Christ, nous ne le devons donc pas. Tel est mon message au roi de Cornwalum.
    Je fus impressionné qu’un moine anglais du bout de la terre
de Bretagne en sache tant sur ce qui se passait dans le Wessex, et je songeai
qu’Alfred aurait été ravi d’entendre ces absurdités. D’ailleurs, il avait déjà
envoyé en messagers bien des prêtres et moines : ils avaient fait savoir
partout que leur Dieu avait massacré les Danes, une histoire qu’Asser s’était
manifestement empressé de reprendre à son compte.
    — Alors, pourquoi combattez-vous Callyn ? demandai-je.
    — Il voulait s’unir aux Danes.
    — Et comme nous allons vous vaincre, c’est qu’il a du
bon sens.
    — Dieu sera victorieux.
    — Tu l’espères, dis-je en portant la main à mon marteau
de Thor. Mais si tu te trompes, moine, nous prendrons le Wessex et Callyn aura
sa part des dépouilles.
    — Il n’aura sa part de rien, répliqua Asser, car tu le
tueras demain.
    Les Bretons n’avaient jamais appris à aimer les Saxons. En
vérité, ils nous haïssaient, et durant les années où le dernier royaume d’Anglie
avait été au bord de l’anéantissement, ils auraient pu faire pencher la balance
en se joignant à Guthrum. Mais ils avaient préféré retenir leurs épées, et les
Saxons peuvent bien en remercier l’Église. Des hommes comme Asser avaient
décidé que les hérétiques danes étaient pires que les chrétiens d’Anglie. Si j’avais
été un Breton, je leur en aurais voulu, car les Bretons auraient pu reprendre
bien de leurs terres perdues en s’alliant aux Norses. La religion fait d’étranges
alliances. Tout comme la guerre, car Peredur nous offrit, à Haesten et à moi, deux
des servantes pour sceller notre pacte. J’avais renvoyé sur le Fyrdraca Cenwulf prévenir Leofric qu’il fallait être prêt à la bataille au lendemain. J’hésitai
à retourner avec Haesten sur le navire, mais les servantes étaient jolies et
nous restâmes. Point n’était besoin de m’inquiéter, car personne ne tenta de
nous tuer dans la nuit, ni même lorsque nous

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