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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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guerre.
    — Combien nous paiera donc ton roi ? demandai-je.
    — Cent pièces d’argent.
    — J’adore les vrais dieux, dis-je en dégainant
Souffle-de-Serpent. Et je suis un serviteur zélé d’Hoder, l’assoiffé de sang, à
qui je n’ai rien donné depuis de nombreux jours.
    Le père Mardoc parut terrifié, et il y avait de quoi. C’était
un jeune homme, aux cheveux et à la barbe noirs et si hirsutes qu’on ne voyait
presque que son nez cassé et ses yeux. Il m’expliqua qu’il avait appris à
parler danois après avoir été réduit en esclavage par un chef nommé Godfred
puis qu’il avait réussi à s’échapper lors d’une expédition sur les îles Sillan,
situées fort loin à l’ouest.
    — Y a-t-il des richesses en ces îles ? demandai-je.
    J’en avais entendu parler, bien que certains les tiennent pour
un mythe, tandis que d’autres affirment qu’elles apparaissent et disparaissent
selon les lunaisons. Le père Mardoc me certifia qu’elles existaient et avaient
pour nom îles des Morts.
    — Personne n’y habite donc ?
    — Si, mais c’est là que les morts ont leur demeure.
    — Ont-ils des richesses aussi ?
    — Vos navires les ont toutes prises.
    Il me promit que Peredur se montrerait plus généreux : le
roi était prêt à verser plus de cent pièces d’argent. Nous lui fîmes crier à
son équipage de nous guider vers les terres de Peredur. Je ne voulais pas le
laisser remonter à son bord, car il me servirait d’otage au cas où il nous
aurait menti et menés dans une embuscade.
    Il avait dit vrai. Les possessions de Peredur étaient un
groupe de bâtiments à flanc de colline auprès d’une baie, protégés par une
muraille de buissons épineux. Son peuple vivait dans cette enceinte. Certains
étaient pêcheurs, d’autres vachers, et aucun n’était riche. Le roi lui-même, en
revanche, avait une grande demeure où il nous reçut, après que nous eûmes pris
d’autres otages. Trois jeunes hommes, présentés comme ses fils, furent livrés
au Fyrdraca, je donnai ordre à mon équipage de les occire si je ne
revenais pas puis descendis à terre avec Haesten et Cenwulf. J’avais revêtu ma
tenue de guerrier, cotte de mailles et casque étincelant, et le peuple de
Peredur, déguenillé, nous regarda passer avec effroi devant les masures. Le
village empestait le poisson et le crottin. La demeure de Peredur se dressait
au sommet de la colline, accolée à une église au toit de chaume recouvert de
mousse et portant une croix de bois flotté.
    Peredur avait deux fois mon âge. C’était un homme trapu au
visage rusé, portant une barbe noire à deux pointes. Il nous salua depuis son
trône, une simple chaise à haut dossier, et se renfrogna en voyant que nous ne
nous inclinerions pas comme il y comptait. Une dizaine d’hommes l’accompagnaient,
d’évidence ses courtisans, qui pourtant ne semblaient guère riches et étaient
tous fort âgés, sauf un seul, vêtu d’un froc de moine : il se distinguait
dans l’assemblée comme un corbeau parmi des mouettes, car ses vêtements étaient
noirs ; il était rasé et tonsuré de près. Un peu plus âgé que moi, maigre,
l’air sévère et matois, il nous considéra avec un mépris non dissimulé. Le
moine parlait danois, bien mieux que le père Mardoc.
    — Le roi vous salue, dit-il d’un ton aussi pincé que
ses lèvres et ses pâles yeux verts. Il voudrait connaître ton nom.
    — Je suis Uhtred Ragnarson.
    — Pourquoi es-tu là, Uhtred Ragnarson ?
    Je le toisai d’un regard appuyé, comme un qui s’apprête à
abattre un bœuf, comme si je supputais où j’allais porter le premier coup. Il
comprit et n’attendit pas de réponse à sa question. Elle était évidente : nous
étions là pour tuer et piller, bien sûr, puisque nous étions des Danes. Qu’imaginait-il
d’autre ?
    Peredur conféra à voix basse avec son moine, tandis que je
balayais les lieux du regard, cherchant quelque preuve de richesse. Je ne vis
rien en dehors de trois os de baleine dans un coin, mais Peredur avait
manifestement quelque trésor, car il portait un lourd torque de bronze au cou
et des anneaux d’argent à ses petits doigts boudinés, ainsi qu’une fibule d’ambre
à sa cape pouilleuse et un crucifix d’or.
    — Le roi souhaite savoir combien d’hommes tu peux mener
contre l’ennemi, s’enquit le moine.
    — Assez, répondis-je.
    — Cela ne dépend-il pas, observa finement le moine, du
nombre de

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