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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’ennemi ?
    — Non, cela dépend de ceci, répondis-je en frappant la
poignée de Souffle-de-Serpent.
    C’était une réponse arrogante et habile, probablement celle
qu’attendait le moine. Et en vérité, elle était convaincante, car j’étais large
d’épaules et faisais figure de géant parmi ces gens que je dépassais d’une tête.
    — Et qui es-tu, moine ? demandai-je.
    — Je me nomme Asser, répondit-il.
    C’était un nom angle, bien sûr, qui signifiait « âne »,
et ainsi le baptisai-je par la suite en mon for intérieur. Et la suite allait
être longue, car cet homme allait hanter ma vie comme un pou, même si en ce
jour il n’était pour moi qu’un moine angle inconnu se distinguant de ses
compagnons parce qu’il se lavait. Il m’invita à le suivre par une petite porte.
Faisant signe à Haesten et Cenwulf de m’attendre, je me retrouvai dehors près d’un
tas de crottin, depuis lequel il me fit contempler l’est.
    Nous dominions une vallée. Sur la pente la plus proche se
trouvaient les petits toits noircis de suie du village, puis la muraille d’épineux
longeant la rivière jusqu’à la mer. De l’autre côté de la rivière, s’élevaient
de basses collines où se dressait sur l’horizon, comme un furoncle, un petit
fort : Dreyndynas.
    — L’ennemi, dit Asser.
    — Combien d’hommes s’y trouvent ?
    — Cela t’importe-t-il ? répondit aigrement Asser, me
faisant payer mon refus d’avoir donné le nombre de mes hommes.
    — Vous autres chrétiens, vous croyez aller au Ciel
après la mort, n’est-ce pas ?
    — Et quand bien même ?
    — Tu dois être impatient de connaître ce destin et d’approcher
ton dieu ?
    — Me menacerais-tu ?
    — Je ne menace point la vermine, m’amusai-je. Combien d’hommes
gardent ce fort ?
    — Quarante ou cinquante. Nous pouvons en rassembler
quarante.
    — Demain, ton roi pourra retrouver son fort.
    — Ce n’est pas mon roi, répliqua-t-il, irrité de ma
méprise.
    — Qu’il soit ou non ton roi, il retrouvera son fort du
moment qu’il nous paie comme il convient.
    La négociation dura jusqu’au crépuscule. Peredur, comme l’avait
dit le père Mardoc, était disposé à offrir plus de cent shillings. Cependant, redoutant
que nous prenions l’argent sans combattre, il exigeait quelque assurance :
des otages, que je refusai de lui donner. Au bout d’une heure, nous n’étions
toujours pas d’accord. Peredur fit alors appeler sa reine. Cela ne me parut pas
important, mais l’Âne se raidit comme s’il était offensé, puis je sentis l’assistance
curieusement appréhensive. Asser protesta, mais le roi le coupa d’un geste
impérieux : une porte s’ouvrit, et Iseult entra dans ma vie.
    Iseult. La trouver ici fut comme de découvrir un joyau dans
du fumier. En la voyant, j’oubliai Mildrith. Iseult la sombre, Iseult aux
grands yeux. Elle était petite, mince comme un elfe, avec un visage lumineux et
des cheveux aile-de-corbeau. Elle était vêtue d’une cape noire et portait des
colliers, bracelets et anneaux d’argent qui tintaient à chacun de ses pas. Elle
avait peut-être deux ou trois ans de moins que moi ; malgré sa jeunesse, elle
parvenait à effrayer les courtisans de Peredur, qui reculaient devant elle. Le
roi paraissait mal à l’aise, tandis qu’Asser, à mon côté, se signa et cracha
pour éloigner le mal.
    Moi, je la contemplais, ensorcelé. Elle avait une expression
douloureuse, comme si elle trouvait la vie insupportable, et son mari eut l’air
apeuré en s’adressant à elle d’une petite voix respectueuse. Elle haussa les
épaules et je pensai qu’elle était peut-être folle, car la grimace tordant ses
traits la défigurait. Puis elle se calma et me regarda tandis que le roi
parlait à Asser.
    — Tu diras à la reine qui tu es et ce que tu feras pour
le roi Peredur, traduisit Asser d’un ton réprobateur.
    — Elle parle danois ? demandai-je.
    — Bien sûr que non, rétorqua-t-il. Contente-toi de le
lui dire et qu’on en finisse avec cette mascarade.
    Je plongeai mon regard dans ces grands yeux noirs et j’eus l’étrange
impression qu’elle pouvait lire dans mes pensées les plus intimes. Au moins, elle
ne grimaça pas en m’écoutant.
    — Mon nom est Uhtred Ragnarson, dis-je, et je suis venu
combattre pour ton mari s’il me paie à ma juste valeur. Et s’il ne paie pas, nous
partirons.
    Je croyais qu’Asser traduirait, mais il resta coi.
    Iseult me

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