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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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fixa et je soutins son regard. Sa peau était
claire et parfaite, et ses traits bien marqués, mais elle paraissait triste. Triste
et belle. Implacable et belle. Elle me rappela Brida, l’Estangle qui avait été
ma maîtresse et vivait désormais avec mon ami Ragnar. Brida était aussi féroce
qu’une lame et je sentais semblable cette étrange reine à la fois si jeune et
si sombre.
    — Je suis Uhtred Ragnarson, m’entendis-je continuer
sans qu’on m’ait rien demandé. Et je fais des miracles.
    J’ignore pourquoi j’avais dit cela. J’appris plus tard qu’elle
n’avait rien compris, car à l’époque elle parlait seulement la langue des
Bretons, mais elle sembla me comprendre et sourit.
    — Prends garde, Dane, s’offusqua Asser. C’est une reine.
    — Une reine, demandai-je sans la quitter du regard, ou
la reine ?
    — Le roi a le bonheur de posséder trois épouses, répliqua
le moine d’un ton réprobateur.
    Iseult se détourna pour s’adresser à son époux. Il hocha la
tête et fit un geste déférent vers la porte par laquelle elle était entrée. Manifestement,
il la congédiait et elle obéit, s’arrêta un instant sur le seuil pour me
considérer longuement d’un air pensif, puis elle disparut.
    Et ce fut soudain plus facile. Peredur accepta de nous
donner beaucoup d’argent. Il nous montra le trésor qu’il cachait dans une pièce
dérobée. Il y avait là pièces, bijoux brisés, coupes cabossées et trois
chandeliers pris à l’Église. Lorsque je les pesai sur une balance rapportée du
marché, je découvris qu’ils valaient trois cents et seize shillings : ce n’était
point négligeable. Asser divisa l’ensemble en deux piles, dont l’une moitié
moins grosse que l’autre.
    — Nous te donnerons la plus petite ce soir, dit-il, et
le reste lorsque Dreyndynas aura été reprise.
    — Tu me prends pour un sot ? demandai-je, sachant
qu’après la bataille nous aurions du mal à récupérer le reste.
    — Et toi donc ? rétorqua-t-il, conscient que le Fyrdraca disparaîtrait dès l’aube s’il nous donnait tout dans l’instant.
    Nous convînmes finalement que j’en prendrais un tiers
immédiatement et que le reste serait transporté sur le champ de bataille, afin
de nous être rapidement remis. Peredur aurait voulu que je laisse la seconde
part dans sa demeure : après le combat, j’aurais été contraint de le
prendre d’assaut en passant par ses rues crottées et je n’en avais point envie.
C’était probablement cette perspective qui avait retenu les hommes de Callyn d’attaquer
Peredur : ils espéraient l’affamer, du moins était-ce là ce que pensait
Asser.
    — Parle-moi d’Iseult, dis-je quand l’affaire fut
conclue.
    — Je lis en toi comme dans un missel, ricana-t-il.
    — Peu importe, j’ignore ce que c’est, mentis-je.
    — Un livre de prières, et tu en auras besoin si tu la
touches. Elle est le mal, s’écria-t-il en se signant.
    — C’est une reine, et jeune. Comment pourrait-elle être
le mal ?
    — Que sais-tu des Bretons ?
    — Qu’ils puent comme belettes et volent comme choucas.
    Il me jeta un regard mauvais et je crus qu’il refuserait d’en
dire plus, mais il ravala son orgueil de Breton.
    — Nous sommes chrétiens, et Dieu soit remercié pour
cette immense miséricorde, mais parmi notre peuple se trouvent d’anciennes
superstitions. Des coutumes païennes. Et Iseult en est.
    — De quoi est-elle ?
    Il ne souhaitait pas en parler, mais il avait abordé le
sujet et dut s’expliquer.
    — Elle est née au printemps il y a dix-huit ans. À sa
naissance, s’est produite une éclipse de soleil, et pour les sots et naïfs d’ici
un enfant aux cheveux noirs né à la mort du soleil détient des pouvoirs. Ils en
ont fait une… (Il marqua une pause, ignorant le mot danois)… une gwrach. (Je
ne compris pas.) Une dewines, s’agaça-t-il avant de trouver finalement
le terme : une enchanteresse.
    — Une sorcière ?
    — Et Peredur l’a épousée. Il en a fait sa reine de l’ombre.
Ainsi les rois agissent-ils avec ces filles. Ils les prennent chez eux, afin d’user
de leurs pouvoirs.
    — Quels pouvoirs ?
    — Ceux que le Diable donne aux reines de l’ombre, évidemment.
Peredur croit qu’elle peut voir l’avenir. Mais elle ne le pourra qu’à condition
de demeurer une vierge.
    Cela me fit rire.
    — Si tu l’aimes si peu, moine, je te rendrais service
en la violant. (Il ne releva pas et se contenta

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