Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
comprendre chaque mot. Après le festin, je l’emmenai
au fond de la demeure. Alors, elle m’entraîna en tirant sur sa laisse
improvisée dans sa petite chambre aux murs de bois, où je fis une couche de nos
capes.
    — Quand ce sera fait, lui dis-je dans la langue qu’elle
ignorait, tu auras perdu ton pouvoir.
    Elle porta un doigt à mes lèvres, et comme elle était reine
j’obéis et me tus.
     
    Au matin, nous achevâmes le saccage de la ville. Iseult me
montra quelles maisons recelaient des objets de valeur : nous dûmes les
démolir, car les gens cachent leurs petits trésors dans le chaume. Rats et
souris décampèrent tandis que nous arrachions la paille pour la fouiller, puis
nous creusâmes chaque foyer et rassemblâmes tout ce qui était en métal, de la
marmite à l’hameçon, et cela nous prit toute la journée. La nuit venue, nous
partageâmes le butin sur la grève.
    Une fois dégrisé, Svein avait d’évidence réfléchi à propos
de Callyn.
    — Nous pourrons le battre facilement, dit-il, mais nous
perdrons des hommes. Et il n’a guère de biens, ajouta-t-il avec mépris.
    — Il te paie ?
    — Il me paie, tout comme Peredur t’a payé.
    — J’ai partagé cela avec toi.
    — L’argent qu’il t’a versé avant de combattre, tu ne l’as
pas partagé.
    — Quel argent ? demandai-je.
    — Nous sommes donc quittes, dit-il.
    Nous avions bien bénéficié de la mort de Peredur, car Svein
avait des esclaves et nous possédions chacun plus de neuf cents shillings d’argent
et de métal. Ce n’était pas une fortune, surtout après le partage entre tous
les hommes, mais c’était ce que j’avais reçu de mieux durant ce voyage. Et j’avais
Iseult. Je ne la tenais plus en laisse, mais elle restait à côté de moi et je
la sentais heureuse. Elle avait pris un malin plaisir à voir détruite sa
demeure, j’en déduisis qu’elle devait haïr Peredur. Il la craignait et elle le
détestait. S’il était vrai qu’elle pouvait voir l’avenir, elle avait donc donné
à son mari un mauvais conseil afin que cet avenir se réalise.
    — Où vas-tu aller maintenant ? demanda Svein, alors
que nous marchions sur la grève et que les esclaves entassés nous regardaient
avec reproche.
    — J’ai dans l’idée d’aller en mer de Sæfern.
    — Il ne reste rien, là-bas.
    — Rien ?
    — Le lieu est exsangue. Danes et Norses ont pillé les
côtes. Tu ne trouveras que les navires qui amènent nos hommes d’Irlande.
    — Pour attaquer le Wessex ?
    — Non, sourit-il. J’ai dans l’idée de commencer à
commercer avec les royaumes gallois.
    — Et moi d’emmener mon navire dans la Lune et d’y
construire un château.
    Il éclata de rire.
    — Mais puisque tu parles du Wessex, j’ai ouï dire qu’on
bâtit une église là où tu as tué Ubba.
    — Je l’ai ouï dire aussi.
    — Une église à l’autel fait d’or.
    — On le dit, concédai-je.
    Je ne laissai pas transparaître ma surprise de le voir
connaître les projets d’Odda le Jeune, mais je n’avais nul lieu de l’être. Rumeur
d’or ne pouvait se répandre que comme mauvaise graine.
    — On le dit, mais je ne le crois pas.
    — Les églises sont riches, dit-il pensivement. Mais c’est
un lieu étrange pour en bâtir une.
    — Et pourquoi ?
    — Si proche de la mer ? Si facile à attaquer ?
    — Peut-être veulent-ils que vous attaquiez et ont-ils
des hommes pour la défendre.
    — Un leurre, crois-tu ?
    — Guthrum n’a-t-il pas donné ordre que les Saxons ne
soient pas provoqués ?
    — Guthrum peut ordonner ce qui lui chante, répondit-il
durement. Je suis Svein du Cheval-Blanc, et je ne prends pas d’ordre de
Guthrum.
    Nous continuâmes notre marche devant les filets que les
pêcheurs massacrés avaient tendus à sécher.
    — On dit qu’Alfred n’est point sot.
    — Et c’est vrai.
    — S’il a déposé des biens de valeur près de la mer, il
ne les laissera point sans garde.
    C’était un guerrier, mais comme les meilleurs il n’était pas
fou. En parlant des Danes, de nos jours, on dit d’eux qu’ils étaient des
sauvages païens qui attaquaient sans réfléchir, mais la plupart étaient comme
Svein et craignaient de perdre des hommes. Ce fut toujours la grande crainte
des Danes et leur faiblesse. Le vaisseau de Svein, le Cheval-Blanc, possédait
un équipage de cinquante-trois hommes ; si une dizaine étaient tués ou
grièvement blessés, le navire aurait été affaibli.

Weitere Kostenlose Bücher