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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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libéré
des clercs, des lois et des devoirs du Wessex d’Alfred. Je donnai ordre d’affaler
la voile. Nous étions arrivés au bout de l’Anglie et j’allais faire demi-tour. Je
fis mes adieux à Svein qui nous dépassait. Il me rendit mon salut tandis que le Fyrdraca se balançait dans la houle.
    — Tu en as assez vu ? me demanda Leofric.
    Je contemplais le bout de l’Anglie où les rochers
subissaient l’assaut des vagues.
    — Penwith, dit Iseult, me donnant le nom breton de ce
cap.
    — Tu veux rentrer ? demandai-je à Leofric.
    Il haussa les épaules. L’équipage repliait la voile. Les
rames étaient sorties pour retourner à l’est et le Cheval-Blanc rapetissait en s’enfonçant dans la mer de Sæfern. Je l’enviais.
    — J’ai besoin de m’enrichir, répondis-je à Leofric, qui
éclata de rire. J’ai un chemin à suivre, qui va au nord. Vers Bebbanburg, qui n’a
jamais été prise, et j’ai besoin de beaucoup d’hommes pour m’en emparer. Des
hommes valeureux et de bonnes épées.
    — Nous avons de l’argent.
    — Pas assez, regrettai-je.
    Le navire de Svein n’était maintenant plus qu’une petite
voile sur la mer, et je fus de nouveau tenté de rejoindre les Danes, d’attendre
que Ragnar soit libre pour lui offrir mon bras. Mais il m’aurait fallu me
battre contre Leofric, et j’aurais toujours besoin d’argent et d’hommes pour
rentrer au nord et réclamer mon dû. Je touchai le marteau de Thor, guettant un
signe.
    Iseult cracha. Ce n’était pas ce que j’attendais. Elle
prononça un mot ressemblant à un raclement de gorge et tendit le bras. Je vis
dans l’eau un étrange poisson qui sortait le dos des vagues : aussi gros
qu’un chien, il avait une nageoire triangulaire.
    — Un marsouin, dit Leofric.
    —  Llamhydydd, répéta Iseult, donnant au poisson
son nom breton.
    — Ils portent chance aux marins, reprit Leofric.
    C’était la première fois que je voyais un marsouin, et soudain
ils furent une dizaine. Leurs dos gris luisaient au soleil et ils nageaient
tous vers le nord.
    — Hissez de nouveau la voile, dis-je à Leofric.
    Il me fixa, interdit. L’équipage sortait les rames pour les
mettre en place.
    — Tu veux qu’on la hisse de nouveau ? demanda-t-il.
    — Nous partons vers le nord.
    J’avais demandé un signe à Thor et il m’avait envoyé le
marsouin.
    — Il n’y a rien dans la mer de Sæfern, Svein te l’a dit.
    — Il m’a dit qu’il n’y avait rien à piller, parce que
les Danes ont tout pris. Il y a donc des Danes à piller. (Je sentis monter en
moi une telle joie que je pris Leofric et Iseult par l’épaule.) Il m’a dit que
leurs navires venaient d’Irlande.
    — Et alors ?
    — Des Danes venant d’Irlande pour attaquer le Wessex !
Si tu amenais un équipage de là-bas, que prendrais-tu avec toi ?
    — Tout ce que je possède, répondit-il sans s’émouvoir.
    — Et ils ne savent pas que nous sommes ici ! Ils
sont les moutons, et nous le dragon de feu.
    — Tu as raison, sourit-il.
    — Bien sûr que oui ! Je suis un seigneur ! J’ai
raison et je vais être riche ! Nous allons tous l’être ! Nous
mangerons dans des plats d’or, nous pisserons dans la gorge de nos ennemis et
nous ferons nos putains de leurs femmes, continuai-je en m’élançant pour
défaire les cordages de la voile. Nous serons tous riches, avec des chaussures
d’argent et des bonnets d’or. Plus riches que rois ! Nous nagerons dans l’argent,
nous noierons nos putains dans l’or et nous chierons boules d’ambre ! Remontez
ces rames ! Nous partons au nord et nous serons riches comme évêques, tous
autant que nous sommes !
    Les hommes sourirent, ravis de mon enthousiasme, car les
hommes aiment être dirigés. Ils craignaient cependant de partir vers le nord, car
nous allions perdre de vue la terre. Je ne m’étais jamais autant éloigné moi
non plus et j’avais peur, car Ragnar l’Ancien m’avait souvent raconté les
légendes de Norses tentés par la vaste mer, allant toujours plus loin à l’ouest.
Il disait qu’il y avait des terres, là-bas, au-delà des îles des Morts, des
terres peuplées de fantômes. Je ne sais s’il disait vrai. Je suis sûr, en
revanche, de l’avoir entendu affirmer que bien des vaisseaux n’étaient jamais
revenus. Ils font voile vers le couchant et continuent parce qu’ils ne
supportent pas de faire marche arrière, et ils arrivent là où les navires
perdus meurent dans les

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