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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de nage. Elles étaient une douzaine, toutes des
captives de la tribu de Peredur, et l’une d’elles parvint à s’enfuir cette
nuit-là. Ce n’était pas Iseult. Elle dormait avec moi dans le petit espace sous
la plate-forme du gouvernail, l’ouverture masquée par une cape. Leofric me
réveilla à l’aube, inquiet que la fuyarde donne l’alerte.
    — Nous ne resterons pas longtemps, répondis-je en
haussant les épaules.
    Mais nous demeurâmes tout le jour. Je voulais prendre en
embuscade les navires qui passeraient le cap et nous en vîmes deux, mais ils
voyageaient de conserve et je ne pouvais en attaquer plus d’un à la fois.
    Deux cavaliers vinrent nous observer dans l’après-midi. L’un
portait une chaîne étincelante au cou, indiquant son haut rang, mais ils ne s’approchèrent
pas du rivage. Ils restèrent à l’entrée de la petite vallée donnant sur la
crique et partirent peu après. Le soleil était bas, mais c’était l’été et les
journées étaient longues.
    — S’ils amènent des hommes… commença Leofric.
    Je levai les yeux vers les hautes falaises encadrant la
crique. On pouvait projeter des rochers de là-haut et fracasser le Fyrdraca comme un œuf.
    — Nous pourrions y poster des sentinelles, dis-je.
    Au même moment, Eadric, celui qui menait les hommes des
bancs de tribord, cria qu’il apercevait un navire. J’accourus.
    C’était la proie rêvée. Un gros navire, pas aussi grand que
le nôtre, si lourdement chargé qu’il était bas sur l’eau. Il avait tant de
monde à bord que, malgré le vent léger, l’équipage n’avait pas osé hisser la
voile, de peur de le faire périlleusement gîter. Il avançait à la rame et s’approchait
du rivage, cherchant un ancrage pour la nuit, et venait de voir que nous
occupions déjà la place. Une vigie nous aperçut tandis que nous nous armions et
que je criais à Haesten de prendre la barre. Il savait quoi faire et j’avais
confiance en lui, même si certains de ses compatriotes allaient trouver la mort.
Nous coupâmes nos amarres et Leofric m’apporta cotte, casque et bouclier.
    — En avant ! criai-je.
    Les rames frappèrent l’eau et le Fyrdraca s’élança. Je
fixai le navire désormais si proche, à la proue ornée d’une gueule de loup, et
je vis des hommes et des femmes nous regarder, incrédules. Ils croyaient voir
un navire dane, l’un des leurs, et pourtant nous les attaquions. Un homme cria,
et tous cherchèrent leurs armes. Leofric encouragea nos rameurs et le Fyrdraca bondit de plus belle. Puis je criai aux hommes de lâcher les rames
et de venir à la proue, où Cenwulf et ses douze hommes étaient déjà prêts, quand
notre coque heurta les rames de l’ennemi et les brisa.
    Haesten avait bien œuvré. Je sautai à bord du navire à
gueule de loup, suivi de Cenwulf et de ses hommes, et nous commençâmes le
carnage.
    Ils étaient plus nombreux que nous, mais épuisés par toute
une journée passée à ramer. Ils étaient pris de court, et nous avions soif d’or.
Ce n’était pas notre premier abordage, l’équipage bien entraîné faisait
tournoyer haches et épées. L’eau qui passait par-dessus bord et où nous
pataugions jusqu’aux genoux se teinta de rouge. Certains sautèrent à la mer et
s’agrippèrent aux débris de rames dans l’espoir de nous échapper. Un homme
barbu, à l’œil féroce, nous attaqua de sa grande épée : Eadric lui planta
sa lance en pleine poitrine et Leofric lui fracassa le crâne de sa hache. Le
sang gicla sur la voile repliée. Un homme se jeta sur moi avec sa lance. Je
parai de mon bouclier, l’écartai et lui plantai Souffle-de-Serpent en plein
visage.
    Deux chevaux attachés dans la cale hennirent en sentant l’odeur
du sang. L’un d’eux rompit sa longe et sauta par-dessus bord pour s’enfuir à la
nage vers le large.
    — Tuez-les ! Tues-les ! m’entendis-je hurler.
    C’était le seul moyen de prendre un navire, le vider de ses
combattants, mais il se vidait tout seul : les survivants sautaient sur
les rochers et s’enfuyaient dans les vagues rougies de sang. Une demi-douzaine
d’hommes restés à bord du Fyrdraca le tenaient à l’écart des rochers à
bout de rames. Je sentis une lame sur ma cheville : un homme tentait de me
trancher les jarrets avec un couteau. Je le déchiquetai à coups d’épée et je
crois qu’il fut le dernier Dane à mourir sur le bateau.
    Je criai à mes hommes de rapprocher le Fyrdraca et
nous jetâmes à

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