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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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corps
jeté à la rivière, les Danes perdirent toute pitié.
    Les moines furent contraints de patauger dans la rivière
pour y repêcher quelques ossements, qui furent placés sur un bûcher funèbre
fait des bois des bâtiments en chantier. On dit qu’il était immense et qu’une
fois allumé avec les ossements en son cœur, les moines y furent jetés à leur
tour. Tandis que leurs corps brûlaient, les Danes choisirent deux filles
capturées dans les cabanes des soldats, les violèrent et les étranglèrent, puis
envoyèrent leurs âmes tenir compagnie à Ubba au Walhalla. Nous l’apprîmes de
deux enfants qui survécurent cachés dans un buisson d’orties et de gens de la
ville voisine qui furent traînés là pour assister au spectacle. « Svein du Cheval-Blanc a fait cela », leur dit-on, en leur demandant de le
répéter. C’était la coutume dane de laisser des témoins de leurs exactions, afin
qu’ils répandent la crainte chez ceux qui risquaient d’être attaqués. Et certes,
l’histoire des moines brûlés et des filles étranglées se répandit dans tout le
Wessex comme le vent dans les herbes sèches. On l’exagéra, comme toujours. Le
nombre de moines morts passa de seize à soixante, les filles violées de deux à
vingt, et l’argent de la caisse devint un trésor digne des dieux. Alfred envoya
message à Guthrum, lui disant qu’il aurait toute raison d’exécuter les otages
qu’il détenait. Et Guthrum lui fit porter un tribut d’or, lui restitua deux
évangiles volés, accompagnés d’une lettre soumise où il disait que les deux
vaisseaux n’étaient point siens, mais de pirates venus d’au-delà des mers. Alfred
le crut, et ainsi les otages furent épargnés et la paix préservée, mais il
ordonna qu’une malédiction soit prononcée contre Svein dans chaque église du
Wessex. Le chef dane était damné pour l’éternité, et ses enfants comme les
enfants de ses enfants porteraient la marque de Caïn. Je demandai à un prêtre ce
que c’était et il m’expliqua que Caïn, fils d’Adam et Ève, était le premier
meurtrier, mais il ignorait quelle marque il portait. Pour lui, Dieu la
reconnaîtrait.
    Et ainsi, les deux vaisseaux de Svein s’en furent, laissant
un panache de fumée sur le rivage du Wessex, sans que j’en sache rien. Je l’apprendrais
plus tard, mais pour l’heure je rentrai chez moi.
     
    Nous partageâmes d’abord le butin, et, bien que Leofric et
moi ayons reçu la plus grosse part, chacun repartit plus riche. Je restai avec
Haesten et Iseult, que j’emmenai à Oxton, où Mildrith pleura de soulagement car
elle me croyait mort. Je lui racontai que nous patrouillions la côte, ce qui
était assez vrai, et que nous avions capturé un navire dane rempli de richesses.
Je déversai pièces et lingots sur le sol, lui donnai un bracelet d’ambre et un
collier de jais. Ces cadeaux lui firent oublier Iseult qui la contemplait de
ses grands yeux noirs. Si Mildrith vit les bijoux que portait la jeune Bretonne,
elle n’en dit rien.
    Nous étions revenus à temps pour la récolte, qui fut maigre,
car il avait beaucoup plu durant l’été. Le seigle était mangé par le mal noir
et ne pouvait être donné même aux bêtes, mais la paille fut assez bonne pour
chaumer le château que je construisis. J’ai toujours aimé bâtir. Je le fis d’argile,
de gravier et de paille mêlés pour consolider les murs. Des poutres de chêne
les étayaient et des lambourdes de même bois soutenaient un haut et long toit
qui paraissait d’or une fois chaumé de frais. Les murs furent peints de chaux
mêlée de sang de bœuf, qui leur donna la couleur du soleil couchant de l’été. La
grande porte d’entrée faisait face à l’est et à l’Uisc, et je payai un homme d’Exanceaster
pour sculpter poteaux et linteaux de loups couchants, car la bannière de
Bebbanburg, la mienne, porte une tête de loup. Mildrith voulait que les
sculptures représentent des saints, mais elle dut se contenter des loups. Je
payai bien les ouvriers, et quand d’autres hommes apprirent que j’avais de l’argent,
ils vinrent demander de l’ouvrage. Bien qu’ils fussent venus pour bâtir, je
pris seulement ceux qui avaient l’expérience du combat. Je les armai de piques,
haches, herminettes et boucliers.
    — Tu lèves une armée, m’accusa Mildrith.
    Son soulagement à mon retour avait promptement tourné à l’aigre
quand elle avait compris que je n’étais pas plus chrétien qu’à

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