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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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son bord notre butin de sacs, caisses et tonneaux. Ils étaient
lourds, et certains tintaient de pièces. Nous dépouillâmes l’ennemi de tous ses
biens, prenant neuf cottes de mailles et une douzaine de casques. Je pris huit
bracelets sur des cadavres. Nous jetâmes les armes à notre bord puis nous
coupâmes les gréements du navire ennemi, et je libérai le deuxième cheval, qui
resta tout tremblant dans l’eau qui montait. Nous nous emparâmes des cordages
et de la voile sous les yeux des survivants réfugiés sur des rocs. Sous la
plate-forme du gouvernail, je trouvai un splendide casque de guerre à la
visière ornée, surmonté d’une tête de loup en argent. Je jetai le mien sur le Fyrdraca et enfilai celui-là avant de charger des sacs de pièces. Dessous, je
découvris ce que je pris pour un petit bouclier, enveloppé d’un linge noir. Je
jetai le tout à mon bord. Nous étions riches.
    — Qui es-tu ? cria un homme depuis le rivage.
    — Uhtred ! m’écriai-je.
    Il cracha et éclata de rire. Nous remontions à bord du Fyrdraca. Des hommes ramassaient des rames qui flottaient et Leofric dégageait le
navire, craignant qu’il ne soit pris dans les rochers.
    — Remonte ! me cria-t-il.
    J’étais le dernier. J’empoignai la proue du Fyrdraca, pris
appui sur une rame et me hissai à son bord.
    — Nagez ! hurla Leofric.
    Et nous abandonnâmes l’épave.
    Je trouvai deux jeunes femmes capturées pleurant au pied du
mât. L’une parlait une langue inconnue et je découvris qu’elle était d’Irlande,
mais l’autre était une Dane qui me cracha au visage et chercha à me griffer
quand je m’agenouillai auprès d’elle. Je la giflai et elle voulut riposter. Elle
était grande, robuste, avec une tignasse blonde et des yeux bleus étincelants. Elle
cherchait à passer les doigts par les trous de la visière de mon nouveau casque
et je dus de nouveau la gifler, ce qui fit rire mes hommes. Certains l’encourageaient,
mais elle éclata en sanglots et se cramponna au mât. J’ôtai mon casque et lui
demandai son nom, mais elle geignit qu’elle voulait mourir. Je lui répondis qu’elle
pouvait se jeter à la mer, mais elle ne bougea pas. Elle se nommait Freyja, avait
quinze ans, et le bateau que nous venions de couler appartenait à son père. C’était
lui le grand gaillard à l’épée. Il s’appelait Ivar et possédait des terres à
Dyflin. Freyja pleura de plus belle en voyant le casque que je lui avais pris.
    — Il est mort sans se couper les ongles, m’accusa-t-elle,
comme si j’étais responsable de cette malchance.
    C’était cependant un grand malheur, car les sinistres
créatures souterraines allaient se servir des ongles d’Ivar pour bâtir le navire
qui un jour amènerait la fin du monde.
    — Où alliez-vous ? lui demandai-je.
    Retrouver Svein, bien sûr. Attiré par la perspective de
terres en Wessex, Ivar avait abandonné son fief irlandais, chargé tous ses
biens à bord de ses navires et fait voile vers l’est.
    — Ses navires ?
    — Nous sommes partis à trois, expliqua-t-elle, mais nous
avons perdu les autres durant la nuit.
    Sans doute étaient-ce ceux que j’avais vus plus tôt, mais
les dieux nous avaient été favorables, car elle me confirma que son père avait
chargé ses biens les plus précieux sur son propre navire. Nous avions maintenant
des tonneaux de pièces et des caisses d’argent, d’ambre, de jais et d’ivoire, ainsi
qu’armes et armures. Nous fîmes nos comptes en chemin et eûmes peine à croire à
notre bonne fortune. L’une des caisses contenait de petits lingots d’or en
forme de briques, mais ce que j’avais pris pour un bouclier enveloppé d’un
linge noir était un grand plat d’argent ciselé d’un Christ en croix. Tout
autour étaient représentés des saints. Douze au total. Sans doute étaient-ce
les apôtres, et ce plat le trésor de quelque église ou monastère irlandais qu’Ivar
avait volé. Je le montrai à mes hommes.
    — Ceci, dis-je avec révérence, ne fera point partie du
butin. Il doit être rendu à l’Église. (Leofric croisa mon regard, mais ne rit
pas.) À l’Église, répétai-je.
    Et certains de mes hommes, les plus pieux, murmurèrent que j’agissais
justement. J’enveloppai le plat et le rangeai sous la plate-forme.
    — À combien se monte ta dette envers l’Église ? me
demanda Leofric.
    — Tu as l’esprit d’un cul de chèvre, répondis-je.
    Il éclata de rire.
    — Que faisons-nous

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