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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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mon départ.
    — Dix-sept hommes, une armée ?
    — Nous sommes en paix, dit-elle.
    Elle le croyait, car les prêtres le prêchaient, eux qui
disent seulement ce que leur dictent les évêques, eux-mêmes aux ordres d’Alfred.
Un prêtre errant qui demanda abri chez nous un soir prétendit que la guerre
avec les Danes était finie.
    — Nous en avons encore à nos frontières, répondis-je.
    — Dieu a apaisé leurs cœurs, insista-t-il. (Il me
raconta que Dieu avait tué les frères Lothbrok, Ubba, Ivar et Halfdan, et que
le reste des Danes en étaient si impressionnés qu’ils n’osaient plus combattre
les chrétiens.) C’est vrai, seigneur, dit-il avec sincérité. Je l’ai entendu
prêcher à Cippanhamm, et le roi était là ; il a loué le Seigneur pour
cette vérité. Nous devons faire de nos lames socs pour le labour et faux pour
la moisson.
    J’éclatai de rire à l’idée de fondre Souffle-de-Serpent en
un instrument pour labourer les champs d’Oxton, mais il faut dire que je ne
croyais pas à ces absurdités. Les Danes attendaient leur heure, voilà tout, et
pourtant il sembla paisible, l’été qui glissa doucement dans l’automne. Nul
ennemi ne franchissait la frontière du Wessex, nul vaisseau n’accablait nos
côtes. Nous battions le blé, prenions des perdrix, chassions le cerf, posions
des nasses dans la rivière et nous entraînions au combat. Les femmes filaient, glanaient
noix, champignons et baies. Il y avait des pommes et des poires, car c’était le
temps de l’abondance, celui où engraisser le bétail avant l’abattage d’hiver. Nous
mangions comme rois et, quand le château fut achevé, je donnai un festin. Mildrith
ne dit pas un mot en voyant au-dessus de la porte la tête de bœuf que j’offrais
à Thor.
    Elle détestait Iseult. Pourtant je lui avais dit qu’elle
était une reine des Bretons et que je la détenais en leur demandant rançon. Je
savais qu’il n’en viendrait aucune, mais cela justifiait la présence d’Iseult. Néanmoins,
Mildrith n’aima point que la jeune fille reçoive sa propre maison.
    — Elle est reine, répondis-je.
    — Tu l’emmènes chasser.
    Je faisais bien plus, mais Mildrith fermait les yeux. Elle
ne désirait rien de plus que son Église, son bébé et des habitudes constantes. Elle
était chargée des femmes qui trayaient les vaches, barattaient le beurre, filaient
la laine et récoltaient le miel, et elle était fort fière que tout soit bien
fait. Si un voisin venait en visite, elle s’empressait de faire nettoyer le
château et se souciait beaucoup de l’opinion dudit voisin. Elle voulait que je
paie le wergild d’Oswald. Peu lui importait que l’homme ait été pris en
train de voler. Elle voulait même que je rende visite à Odda le Jeune.
    — Vous pourriez être amis, plaida-t-elle.
    — Avec ce serpent ?
    — Et Wirken dit que tu n’as point payé la dîme.
    Wirken était le prêtre d’Exanmynster et je le haïssais.
    — Il la mange et la boit, grondai-je.
    La dîme était l’impôt que tout propriétaire terrien devait à
l’Église. Selon la loi, je devais envoyer à Wirken une partie de ma récolte, mais
je ne l’avais point fait. Je savais que le prêtre était souvent à Oxton, venant
quand il me croyait à la chasse ; il s’engraissait de mon pain et buvait
mon ale.
    — Il vient prier avec nous, dit Mildrith.
    — Il vient se goinfrer.
    — Et il dit que l’évêque prendra la terre si tu ne
paies point la dette.
    — Elle sera payée.
    — Quand ? Nous avons l’argent ! dit-elle en
désignant le château nouvellement bâti. Quand ?
    — Quand je le voudrai, aboyai-je.
    Je ne précisai ni quand ni comment, sinon Wirken l’aurait
appris et l’évêque aussi. Il ne suffisait pas de payer la dette. Le père de
Mildrith avait sottement fait don d’une partie des futurs fruits de nos terres
à l’Église, et je voulais que cette charge me soit ôtée, afin que la dette ne
dure point éternellement. Pour cela, je devais surprendre l’évêque. Aussi
gardais-je Mildrith dans l’ignorance, et nos disputes se terminaient-elles
toujours dans les larmes. J’étais las d’elle et elle le savait.
    Ce ne furent pas des jours heureux… mais ceux où Iseult
apprit à parler l’angle, du moins la version de Northumbrie que je lui
enseignai.
    — Tu es mon honme, disait-elle.
    J’étais l’homme de Mildrith et l’ honme d’Iseult. Elle
disait qu’elle avait connu sa renaissance le jour où

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