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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avait protégé les parchemins prouvant la légitimité de mes
droits sur la seigneurie de Bebbanburg. En ce douzième jour de Yule, pourtant, il
n’était point heureux de me voir.
    — Nous devons entrer, dit-il, et puisse Dieu te
protéger dans sa miséricorde.
    — Me protéger ?
    — Dieu est miséricordieux, et tu dois implorer sa merci.
    Les gardes ouvrirent la porte et nous entrâmes dans la
grande salle. Nul n’arrêta Iseult, et d’ailleurs une vingtaine de femmes se
tenaient dans un coin de la salle.
    Il y avait plus d’une centaine d’hommes réunis là, bien que
seuls une cinquantaine composent le witanegemot. Tous ces thanes et
grands hommes d’Église étaient assis sur des sièges et des bancs en demi-cercle
devant l’estrade où Alfred trônait avec deux prêtres et Ælswith, son épouse, grosse
de leur enfant. Derrière eux, drapé d’étoffe rouge, se dressait un autel où
brillaient de grosses chandelles et une lourde croix d’argent, tandis que le
long des murs se trouvaient les plates-formes où, d’ordinaire, on dormait ou
mangeait à l’abri des courants d’air. Ce jour-là, elles étaient occupées par
les suites des thanes et des nobles du witan parmi lesquels, bien sûr, se
trouvaient beaucoup de prêtres et de moines, car la cour d’Alfred ressemblait
plus à un monastère qu’à un château royal. Beocca fit signe à Iseult et à
Haesten d’aller les rejoindre, puis il me guida vers le demi-cercle des
conseillers privilégiés.
    Personne ne remarqua mon arrivée. Il faisait sombre dans la
salle, car le soleil hivernal pénétrait à peine par les hautes et minuscules
fenêtres. Les brasiers tentant d’apporter vainement un peu de chaleur ne
faisaient qu’épaissir la fumée qui envahissait le plafond. Il y avait un vaste
âtre central, mais il avait été vidé pour laisser la place au cercle d’escabeaux,
sièges et bancs du witanegemot. Un homme de haute taille vêtu d’une cape
bleue, debout, parlait de la nécessité de réparer les ponts et de la réticence
des thanes locaux à s’acquitter de la tâche ; il suggérait que le roi
nomme une autorité chargée de dresser la carte des routes du royaume. Un autre
le coupa pour se plaindre qu’une telle autorité empiéterait sur les privilèges
des ealdormen. Un concert de voix confuses s’éleva, certaines pour la
proposition, la plupart contre. Deux prêtres, assis à une petite table auprès
de l’estrade royale, tentèrent de noter les commentaires. Je reconnus Wulfhere,
l’ealdorman de Wiltunscir, qui bâillait à s’en décrocher la mâchoire. À côté de
lui était assis Alewold, l’évêque d’Exanceaster, drapé dans des fourrures. Personne
ne m’avait encore remarqué. Beocca me retenait comme s’il attendait un répit
dans les débats pour me trouver une place. Deux serfs apportèrent des
corbeilles de bûchettes pour alimenter les brasiers. C’est alors qu’Ælswith me
vit et se pencha pour chuchoter à l’oreille d’Alfred. Jusque-là occupé par le
débat, celui-ci regarda dans ma direction.
    Un silence tomba sur la grande salle. Quelques-uns avaient
murmuré en voyant le roi distrait, et tous s’étaient retournés vers moi. Le
silence fut brisé par l’éternuement d’un prêtre, puis tous les hommes les plus
proches de moi s’écartèrent d’un côté. Ils ne me laissaient pas de la place, ils
m’évitaient.
    Ælswith souriait. Je compris alors que je me trouvais dans
une situation délicate. Je portai instinctivement la main à ma ceinture, mais, privé
de mon épée, je ne pus la toucher pour qu’elle me porte chance.
    — Nous parlerons des ponts plus tard, dit Alfred en se
levant.
    Il portait un anneau de bronze comme couronne et une robe
bleue bordée de fourrure, assortie à celle de sa femme.
    — Que se passe-t-il ? demandai-je à Beocca.
    — Te tairas-tu !
    C’était Odda le Jeune qui avait parlé. Il était vêtu dans
toute sa gloire guerrière, d’une cotte de mailles étincelante, d’une cape noire
et de hautes bottes. Ses armes pendaient à son ceinturon de cuir rouge, car
Odda, commandant des troupes du roi, était autorisé à venir en armes dans le château
royal. Je lus dans son regard le triomphe que je voyais sur le visage pincé de
Dame Ælswith. Je n’avais pas été mandé pour recevoir les faveurs du roi, mais
pour affronter mes ennemis.
    On appela un jeune prêtre au visage empâté et renfrogné qui
se précipita comme s’il n’avait pas

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