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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avant qu’elle soit sûre que je ne la
disgracierais point en paraissant à Cippanhamm avec l’allure d’un vagabond. Elle
n’était pas convoquée ni ne comptait m’accompagner, mais elle n’oublia pas d’informer
tous nos voisins que j’allais donner conseil au roi.
    — Tu ne dois point porter cela, me dit Mildrith en
montrant mon amulette de Thor.
    — Je la porte toujours.
    — Alors cèle-la, et ne sois point belliqueux !
    — Belliqueux ?
    — Écoute ce que disent les autres. Sois humble. Et n’oublie
pas de féliciter Odda le Jeune.
    — Pourquoi ?
    — Il doit se marier. Dis-lui que je prie pour lui et
son épouse.
    Elle était de nouveau heureuse, certaine qu’en ayant payé la
dette à l’Église j’avais regagné la faveur d’Alfred, et sa bonne humeur ne fut
pas gâchée quand j’annonçai que j’emmenais Iseult.
    — Si elle est reine, elle se doit d’être à la cour d’Alfred.
Ici, ce n’est point fait pour elle.
    Elle tint à aller distribuer des pièces aux pauvres devant l’église
d’Exanceaster et à y remercier le Ciel de m’avoir remis dans les bonnes grâces
du roi. Elle remercia également Dieu pour la bonne santé de notre fils Uhtred. Je
ne le voyais guère, car il était encore bébé, et je n’ai jamais eu de patience
envers les petits, mais les femmes d’Oxton m’assuraient constamment que c’était
un garçon robuste et gaillard.
    Nous prîmes deux jours pour le voyage. J’emmenai Haesten et
six hommes en escorte, car si les hommes du bailli patrouillaient les routes, il
y avait nombre de lieux isolés où les brigands attaquaient les voyageurs. Nous
portions cottes de mailles et de cuir, épées, lances, haches et boucliers. Nous
étions tous à cheval. Iseult montait une petite jument noire que je lui avais
achetée, et un manteau en loutre que je lui avais offert. Lorsque nous passions
dans les villages, les gens la regardaient, car elle chevauchait comme un homme,
ses cheveux noirs liés d’une chaîne d’argent. Ils s’agenouillaient devant nous
en réclamant l’aumône. Elle n’emmena pas sa servante. Sachant combien les
auberges et tavernes étaient bondées lors du witan, je lui avais dit que
nous aurions déjà bien du mal à nous loger seuls.
    — Que veut le roi ? demanda-t-elle alors que nous
traversions la vallée de l’Uisc.
    La pluie luisait dans les sillons sous le soleil d’hiver, et
dans les bois luisaient les feuilles de houx et les baies de sorbier, aubépine,
sureau et if.
    — N’est-ce pas toi qui es censée me le dire ? lui
demandai-je.
    — Voir l’avenir, sourit-elle, est comme cheminer sur
une route inconnue. On ne voit guère devant soi et seulement un instant. Et mon
frère ne m’envoie pas des rêves sur tout.
    — Mildrith pense que le roi m’a pardonné.
    — Vraiment ?
    — Peut-être.
    Je l’espérais, non parce que j’avais besoin du pardon d’Alfred,
mais parce que je voulais retrouver le commandement de la flotte et Leofric. Je
voulais le vent sur mon visage et la pluie de la mer sur mes joues.
    — Cependant, il est étrange, continuai-je, qu’il ne
veuille pas de moi durant tout le witanegemot.
    —  Peut-être, suggéra-t-elle, qu’ils discuteront
d’abord de questions religieuses ?
    — Il ne voudrait point de moi alors.
    — C’est donc cela. Ils parlent de leur dieu, mais à la
fin ils parleront des Danes, c’est pourquoi il t’a mandé. Il sait qu’il a
besoin de toi.
    — Ou peut-être ne me veut-il que pour le festin.
    — Le festin ?
    — Le festin de la Douzième Nuit, expliquai-je.
    Il me semblait plus probable qu’Alfred eût décidé de me
pardonner ; pour me montrer qu’il m’approuvait désormais, il m’autorisait
à assister au festin d’hiver. Curieusement, j’espérais que c’était cela. Moi
qui étais prêt à tuer Alfred quelques mois plus tôt à peine, désormais, alors
que je le détestais encore, je cherchais son approbation. Telle est l’ambition.
Si je ne pouvais m’élever avec Ragnar, ce serait avec Alfred que je forgerais
ma renommée.
    — Ta route, Uhtred, continua Iseult, est comme une lame
brillante dans une lande obscure. Je la vois clairement.
    — Et la femme d’or ? (Elle ne répondit pas.) Est-ce
toi ?
    — Le soleil s’est obscurci à ma naissance, je suis donc
une femme de ténèbres et d’argent, et non d’or.
    — Alors qui est-elle ?
    — Quelqu’un de lointain, Uhtred, lointain.
    Elle n’en dit pas plus.

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