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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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impasse. Il
m’informa que Guthrum était au château royal et qu’il y aurait grand festin ce
soir. Il proposa de m’acheter Iseult pour une bourse de pièces. Les cris et les
pleurs de femmes dans les maisons voisines faisaient bouillir Leofric, mais je
lui ordonnai de se taire. À nous deux, nous ne pouvions libérer Cippanhamm. Si
le monde avait été bouleversé et qu’une armée du Wessex avait pris une ville
dane, les choses n’auraient pas été différentes.
    — Alfred ne l’aurait pas permis, maugréa Leofric.
    — Tu l’aurais fait quand même, répondis-je. Je t’ai
déjà vu à l’œuvre.
    Je voulais des nouvelles, mais aucun des Danes que nous
croisions ne pouvait m’en donner. Ils avaient quitté Gleawecestre bien avant l’aube,
pris Cippanhamm, et voulaient se repaître de ce qu’ils y trouvaient. La grande
église avait brûlé, mais des hommes fouillaient les cendres fumantes à la
recherche d’argent. Faute de mieux, nous nous rendîmes à l’enseigne de l’Épi et
nous trouvâmes Eanflæd, la putain rousse, maintenue par deux jeunes Danes
pendant que trois autres, qui n’avaient pas dix-huit ans, la violaient tour à
tour. Une dizaine d’autres buvaient en prêtant à peine attention à la scène.
    — Si tu la veux, dit l’un d’eux, tu devras attendre.
    — Je la veux maintenant.
    — Alors tu peux sauter dans la fosse à purin, répondit-il.
(Il était ivre, avec une barbe rare et des yeux insolents.) Et pendant que tu
te noieras, je la prendrai, ajouta-t-il en désignant Iseult.
    Je lui brisai le nez d’un coup de poing qui lui mit le
visage en sang et lui lançai un coup de pied dans l’entrejambe. Il s’écroula en
geignant et j’en frappai un deuxième au ventre pendant que Leofric se défoulait
sur un troisième. Ceux qui tenaient Eanflæd s’en prirent à nous. Elle en
empoigna un par les cheveux et lui enfonça les ongles dans les yeux. Pendant ce
temps, Leofric broyait la gorge de son adversaire sous sa botte et je chassais
le mien à force de gifles. Après quoi je brisai les côtes d’un troisième, fracassai
la mâchoire de celui qu’avait aveuglé Eanflæd et attaquai celui qui avait
menacé de violer Iseult. Je lui arrachai un anneau d’oreille, lui pris son
bracelet et sa bourse trébuchante de pièces. Puis je donnai le tout à Eanflæd
avant d’expédier le Dane dans la rue à coups de pied.
    — Va sauter dans la fosse à purin, lui dis-je en
claquant la porte.
    Les autres Danes avaient continué de boire en assistant, amusés,
à la bagarre. Ils nous applaudirent ironiquement.
    — Bâtards ! siffla Eanflæd. J’ai un mal de chien. Que
faites-vous ici, vous deux ?
    — Ils nous prennent pour des Danes, dis-je.
    — Et nous avons faim, ajouta Leofric.
    — Ils ont presque tout mangé, dit-elle en désignant les
Danes assis et en se rajustant, mais il reste peut-être de quoi en cuisine. Edwulf
est mort. (C’était le tavernier.) Et merci de m’avoir aidée, espèces d’ivrognes !
cria-t-elle aux autres Danes qui ne la comprirent pas et se contentèrent de
rire.
    L’un d’eux l’arrêta alors qu’elle allait nous chercher à
manger.
    — Où vas-tu ? interrogea-t-il en danois.
    — Derrière, criai-je.
    — Je veux de l’ale. Et toi, qui es-tu ? demanda-t-il.
    — Celui qui va te couper la gorge si tu l’empêches d’aller
nous chercher à manger.
    — Du calme, du calme, intervint un homme plus âgé. Ne
te connais-je point ?
    — J’étais avec Guthrum à Readingum et à Werham.
    — Alors ce doit être cela. Il a mieux réussi, cette
fois, hein ?
    — Certes.
    — Elle est à toi ? questionna-t-il en désignant
Iseult.
    — Et pas à vendre.
    — Je demandais, l’ami, rien de plus.
    Eanflæd nous apporta du pain rassis, du porc froid, des
pommes ridées et un fromage dur comme pierre mangé aux vers. L’autre homme
apporta un pichet d’ale à notre table, en guise d’offrande de paix, et s’assit
pour parler avec moi. J’appris ainsi ce qui s’était passé. Guthrum avait amené
près de trois mille hommes à Cippanhamm. Il se trouvait à présent dans le
château d’Alfred et la moitié de ses soldats resteraient en garnison ici, alors
que les autres devaient au matin partir au sud et à l’est.
    — Pour que ces gueux continuent à fuir, hein, conclut l’homme.
Il ne parle guère, celui-ci, dit-il en désignant Leofric.
    — Il est muet.
    — J’ai connu un homme dont l’épouse était

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