Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
aurais-je pu ? J’étais enchaîné. (Il
semblait content qu’elle ait demandé de ses nouvelles.) Brave fille. Je crois
qu’Hamtun lui plairait.
    Si Hamtun existait encore. Une flotte dane était-elle venue
de Lundene ? Svein attaquait-il par la mer de Sæfern ? Je savais
seulement que le Wessex s’était plongé dans le chaos. Une fine pluie glacée et
piquante recommença à tomber. Iseult se recroquevilla et je l’abritai sous mon
bouclier. Comme seuls quelques fuyards venaient dans notre direction, cela
signifiait qu’il y avait très peu de Danes près de notre cachette. Ceux se
trouvant de l’autre côté de la rivière étaient en train de rassembler leur butin,
dépouillant les cadavres de leurs armes, ceintures, cottes et vêtements, de
toute chose de valeur. Quelques Saxons avaient survécu, mais ils étaient
emmenés avec les femmes et les enfants qui seraient vendus comme esclaves. Les
vieillards étaient tués. Un groupe de Danes tourmentaient un blessé de la
pointe de leurs épées et de leurs lances, comme des chats jouant avec une
hirondelle tombée. Parmi eux se trouvait Haesten.
    — J’ai toujours aimé Haesten, dis-je tristement.
    — C’est un Dane, répliqua Leofric avec mépris.
    — Je l’aimais bien quand même.
    — Tu lui as sauvé la vie, et maintenant il a retrouvé
les siens. Tu aurais dû l’occire.
    Je regardai Haesten frapper la victime suppliant qu’on l’achève,
mais les jeunes Danes se contentaient de rire. Un corbeau arriva. Je me suis
toujours demandé s’ils sentent le sang : il peut ne pas y en avoir un seul
dans le Ciel de la journée, mais quand un homme meurt, leurs ailes noires et
luisantes surgissent de nulle part. Peut-être Odin les envoie-t-il, car les
corbeaux sont ses oiseaux. Ils s’abattirent sur les corps et commencèrent à
dévorer lèvres et yeux, le premier plat du festin de tout corbeau. Les chiens
et les renards suivraient bientôt.
    — La fin du Wessex, s’attrista Leofric.
    — La fin de l’Anglie, dis-je.
    — Que faisons-nous ? demanda Iseult.
    Je ne répondis rien. Ragnar devait être mort, je n’avais
donc plus de refuge parmi les Danes. Alfred était probablement mort ou en fuite,
je me devais donc désormais à mon fils. Ce n’était qu’un bébé, mais il était
mien et portait mon nom. Bebbanburg serait sienne si je parvenais à la
reprendre. Si je n’y parvenais point, ce serait à lui de s’emparer de la
forteresse, et ainsi le nom d’Uhtred de Bebbanburg serait perpétué jusqu’à la
fin des temps.
    — Nous devons aller à Hamtun retrouver l’équipage, dit
Leofric.
    Seulement, les Danes s’y trouvaient peut-être déjà, ou du
moins en chemin. Ils savaient où résidait la puissance du Wessex, où les grands
seigneurs avaient leurs châteaux, où se rassemblaient les soldats. Alors, Guthrum
allait envoyer des hommes brûler et tuer, afin de désarmer le dernier royaume
des Saxons.
    — Il nous faut manger, dis-je, et nous réchauffer.
    — Allume un feu ici et nous sommes morts, grommela
Leofric.
    Nous attendîmes donc. La pluie se transforma en neige fondue.
Haesten et ses compagnons s’éloignèrent, leur victime une fois morte, laissant
la prairie aux cadavres et aux corbeaux. Nous attendîmes encore, mais Iseult
frissonnait tellement qu’à la fin de l’après-midi j’ôtai mon casque et dénouai
mes cheveux.
    — Que fais-tu ? demanda Leofric.
    — Pour le moment, nous sommes des Danes. Contente-toi
de te taire.
    Je les entraînai vers la ville. J’aurais préféré attendre la
tombée de la nuit, mais Iseult avait trop froid, et j’espérais que les Danes
seraient calmés. J’avais peut-être l’air de l’un d’eux, mais c’était encore
périlleux. Nous traversâmes donc la prairie avec inquiétude, enjambant les
corps ensanglantés. Les corbeaux protestaient et se réfugiaient dans les saules
en agitant leurs ailes avec indignation pour retourner à leur festin à peine
étions-nous passés. Près du pont étaient entassés plus de cadavres encore, pour
lesquels les jeunes gens destinés à l’esclavage creusaient une fosse. Les Danes
qui les gardaient étaient ivres, aucun ne nous arrêta lorsque nous passâmes
sous l’arche encore ornée du houx et du lierre.
    Les incendies avaient cessé, atténués par la pluie ou éteints
par les Danes qui mettaient à sac maisons et églises. Je restai dans les
ruelles étroites jonchées de débris. Un jeune Dane vomissait dans une

Weitere Kostenlose Bücher