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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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muette. Qu’il
était heureux ! (Il lorgna avec envie mes bracelets.) Alors, qui sers-tu ?
    — Svein du Cheval-Blanc.
    —  Svein ? Il n’était ni à Readingum ni à
Wehram.
    — Il était à Dyflin, mais j’étais avec Ragnar l’Ancien
alors.
    — Ah ! Ragnar. Le pauvre homme…
    — Son fils doit être mort, à présent ?
    — Pauvres otages. (Il resta songeur un moment, puis :)
Et que fait Svein ici ? Je croyais qu’il venait par la mer ?
    — Si fait, mais nous sommes ici pour parler à Guthrum.
    — Svein envoie un muet parler à Guthrum ?
    — C’est moi qu’il a envoyé. Et lui, il est là pour tuer
ceux qui posent trop de questions.
    — Allons, allons ! dit l’homme en levant les mains
pour m’apaiser.
    Nous dormîmes sous la paille dans le grenier de l’écurie et
partîmes à l’aube. À cette heure-là, cinquante Saxons auraient pu reprendre
Cippanhamm, car les Danes étaient ivres et endormis. Leofric vola une épée, une
hache et un bouclier à un homme qui ronflait dans la taverne. Puis nous
sortîmes sans encombre par la porte ouest. Dans un champ, nous trouvâmes une
centaine de chevaux gardés par deux hommes endormis dans une cabane. Nous
aurions pu tous les prendre, mais nous n’avions ni selles ni brides et dûmes
nous résigner à marcher. Eanflæd avait décidé de se joindre à nous. Elle avait
enveloppé Iseult dans deux gros manteaux, mais la jeune Bretonne frissonnait
toujours.
    Nous descendîmes entre les collines, en direction de Badum, d’où
je voulais poursuivre vers le Defnascir et mon fils, mais les Danes nous
précédaient. Le premier village que nous atteignîmes était plongé dans le
silence, et ce que j’avais pris pour un brouillard matinal était la fumée des
maisons incendiées. À l’horizon montait une fumée plus épaisse encore, laissant
penser que les Danes avaient peut-être déjà atteint Badum.
    Nous errâmes pendant une semaine. Nous nous abritions dans
des masures, certaines abandonnées, d’autres encore occupées par des gens
terrifiés. Chacune de ces brèves journées d’hiver était obscurcie par la fumée
des Danes qui ravageaient le Wessex. Un jour, nous découvrîmes une vache prisonnière
de son étable dans une ferme abandonnée. La bête et son veau beuglaient de faim ;
cette nuit-là nous festoyâmes de viande fraîche. Le lendemain, nous ne pûmes
poursuivre, à cause du froid mordant et de la pluie cinglante. Les arbres
gémissaient dans le vent, le toit de notre abri fuyait, le feu nous faisait
suffoquer, et Iseult fixait les petites flammes d’un regard vide.
    — Tu veux retourner en Cornwalum ? lui demandai-je.
    Elle sembla surprise que j’aie parlé et il lui fallut un moment
pour se ressaisir.
    — Qu’y a-t-il là-bas pour moi ?
    — Ton foyer, répondit Eanflæd.
    — Uhtred est mon foyer.
    — Uhtred est marié, rétorqua la putain rousse.
    — Uhtred mènera des hommes, répondit-elle sans relever,
en se balançant d’avant en arrière. Par centaines. Une horde resplendissante. Je
veux voir cela.
    Nous tentâmes de poursuivre et fîmes quelque progrès, mais
les journées étaient courtes et les Danes semblaient partout. Même lorsque nous
coupions par la campagne, nous apercevions toujours au loin des patrouilles de
Danes qui nous forçaient à obliquer vers l’ouest pour les éviter. À l’est s’étendait
la voie romaine allant de Badum à Exanceaster, principale route de cette partie
du Wessex. Sans doute les Danes l’utilisaient-ils et patrouillaient-ils de part
et d’autre.
    Je me disais aussi que le Wessex avait fini par succomber. Nous
croisâmes quelques fugitifs dans les bois, mais personne ne savait rien. Nul n’avait
vu le moindre soldat saxon, nul n’avait de nouvelles d’Alfred. Il n’y avait que
Danes et fumée. De temps en temps, nous passions par un village ravagé à l’église
en cendres. Des corbeaux nous menaient aux cadavres. Nous étions perdus, et
tout espoir de rejoindre Oxton s’était envolé. Mildrith avait dû fuir dans les
collines comme on le faisait toujours dans la région de l’Uisc à la venue des
Danes. Je l’espérais en vie, et mon fils aussi, mais leur avenir était aussi
sombre que les longues nuits d’hiver.
    — Peut-être devrions-nous conclure la paix… proposai-je
à Leofric un soir dans une cabane de berger autour d’un feu où nous avions rôti
une dizaine de côtes de mouton. Peut-être devrions-nous rejoindre des Danes

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