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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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poule et cendre, et
Alewold pria. Alfred ne se déplaçait jamais sans ses précieuses reliques :
on frotta sa poitrine avec l’anneau d’orteil de Marie Madeleine, et Alewold
pria. Mais Edward s’affaiblissait, maigrissait. Une femme du marais, réputée
guérisseuse, essaya de chasser sa toux en le faisant transpirer puis en le
faisant geler ; comme cela ne donnait rien, elle attacha un poisson vivant
à sa poitrine et ordonna que toux et fièvre s’échappent dans le poisson. L’animal
mourut, certes, mais l’enfant était toujours malade, et l’évêque toujours en
prière. Alfred, aussi maigre que son fils, désespérait. Il savait que les Danes
le cherchaient mais, tant que l’enfant était souffrant, n’osait pas bouger. Cela
ne l’enthousiasmait guère d’entreprendre une longue marche jusqu’à la côte sud,
où il trouverait peut-être un navire prêt à l’emmener en exil avec sa famille.
    À présent, il se résignait à son sort. Il avait espéré
recouvrer son royaume, mais il ne pouvait rien contre la froide réalité. Les
Danes tenaient le Wessex, Alfred n’était roi de rien, et son héritier était
mourant.
    — C’est le châtiment, dit-il.
    C’était la nuit après le départ des trois prêtres. Alfred
soulageait son âme auprès de moi et de l’évêque, dehors, alors que nous
contemplions le marais sous le clair de lune et que l’enfant toussait. Alfred
montrait un visage baigné de larmes et se parlait plus à lui-même qu’à nous.
    — Dieu ne prendrait pas un fils pour punir le père, s’indigna
Alewold.
    — Dieu a sacrifié le sien, dit tristement Alfred, et
commandé à Abraham de tuer son fils Isaac.
    — Il a épargné Isaac, répliqua l’évêque.
    — Mais il n’épargne point Edward.
    — Un châtiment pour quoi ? demandai-je, tandis que
l’évêque me réprimandait pour avoir osé une question aussi indélicate.
    — Æthelwold, me répondit Alfred.
    C’était son neveu, l’ivrogne, le fils de l’ancien roi, qui
lui en voulait d’avoir pris sa place.
    — Æthelwold n’aurait jamais pu être roi, dit Alewold. C’est
un sot !
    — Si je le nomme roi maintenant, continua Alfred, peut-être
Dieu épargnera-t-il Edward ?
    La toux cessa. L’enfant pleurait, à présent, et Alfred se
couvrit les oreilles.
    — Confiez-le à Iseult, dis-je.
    — Une païenne ! le mit en garde Alewold. Une
adultère ! (Je vis qu’Alfred était tenté, mais Alewold fut plus persuasif.)
Si Dieu ne guérit point Edward, pensez-vous qu’il laisserait une sorcière y
parvenir ?
    — Ce n’est point une sorcière, dis-je.
    — Demain, continua Alewold, est la veille de la
Sainte-Agnès. Un jour saint, mon seigneur, un jour de miracles ! Nous
prierons la sainte, et elle ne manquera point de déchaîner sur l’enfant la
puissance de Dieu ! (Il leva les mains vers le Ciel noir.) Demain, mon
seigneur, nous invoquerons la force des anges, nous en appellerons au Ciel pour
votre fils et la très sainte Agnès chassera le mal du jeune Edward. (Sans
répondre, Alfred contempla le marais frangé de glace sous la faible clarté de
la lune.) Je sais que la très sainte Agnès a accompli des miracles, insista l’évêque.
Elle a rendu à un enfant infirme d’Exanceaster l’usage de ses jambes, et
maintenant il court !
    — Vraiment ? demanda le roi.
    — De mes propres yeux, j’ai été témoin du miracle.
    — Nous le ferons, alors, trancha Alfred, rassuré.
    Je ne restai pas pour voir le déchaînement de la puissance
divine. Je pris une barque et me rendis jusqu’à un endroit nommé Æthelingæg, le
plus grand des villages du marais. Leofric resta avec Alfred pour le protéger, tandis
que j’explorai les environs et découvris des dizaines de sentiers au milieu des
eaux. Appelés « sentes de bois », ils étaient faits de poutres qui s’enfonçaient
sous les pas, mais je pus les emprunter sur des lieues. Il y avait aussi des
rivières serpentant dans les terres. La plus grande, la Pedredan, coulait tout
près d’Æthelingæg, une île presque entièrement recouverte d’aulnes, peuplée de
cerfs et de chèvres. Il y avait aussi là, sur une éminence, un gros village
dont le chef s’était fait construire un vaste château. Il n’était point royal, pas
même aussi grand que le mien à Oxton, mais on pouvait se tenir debout sous ses
poutres, et l’île était assez grande pour accueillir une petite armée.
    Une dizaine de sentes de bois partaient

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