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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’élevait au-dessus de la brume.
    — La lune grossit, constata-t-elle.
    — Connais-tu un remède ? supplia Alfred.
    — Une lune croissante, c’est bon, dit-elle d’une voix
blanche avant de se tourner vers lui. Mais il y aura un prix.
    — Ce que tu voudras !
    — Pas pour moi, dit-elle, irritée qu’il se soit mépris
sur son compte. Il y a toujours un prix. Pour une vie, un autre doit mourir.
    — Hérésie ! intervint Alewold.
    Je doute qu’Alfred comprît les derniers mots d’Iseult ou qu’il
se souciât de leur sens. Il s’accrochait simplement à l’espoir ténu qu’elle l’aide.
    — Peux-tu guérir mon fils ?
    — Il y a un moyen, admit-elle après un silence.
    — Quel moyen ?
    — Le mien.
    — Hérésie ! s’exclama de nouveau Alewold.
    — L’évêque ! le rappela Eanflæd.
    Alewold comprit la menace implicite et se tut.
    — Maintenant ? demanda Alfred.
    — Demain soir, décréta Iseult. Il faut du temps. Il y a
des choses à faire. S’il vit jusqu’à demain soir, je pourrai agir. Tu dois me l’amener
au lever de la lune.
    — Pas ce soir ? gémit Alfred.
    — Demain, répliqua-t-elle d’un ton ferme.
    — Demain est la fête de la Saint-Vincent, dit Alfred, comme
si cela pouvait aider.
    L’enfant survécut. Le lendemain, Iseult alla avec moi sur le
rivage où elle cueillit lichen, bardane, chélidoine et gui. Elle me défendit d’user
de métal pour couper les herbes ou gratter le lichen, et avant de les cueillir
nous dûmes faire trois fois le tour des plantes rabougries par l’hiver. Elle me
fit aussi couper des rameaux d’aubépine, pour lesquels je pus user de mon
couteau, car ils étaient moins importants que le lichen ou les herbes. Je
surveillais l’horizon pendant ce temps, mais je ne vis nul Dane. Un vent glacé
soufflait en bourrasques. Il fallut longtemps pour rassembler tout ce dont elle
avait besoin ; une fois son sac rempli, nous rentrâmes à l’île en charriant
les aubépines. Arrivée dans la cabane, elle me demanda de creuser deux trous
dans le sol.
    — Ils seront aussi profonds que l’enfant est grand, et
séparés de la longueur de ton avant-bras.
    Elle ne voulut pas me dire à quoi ils servaient. Elle était
comme abattue, au bord des larmes. Elle accrocha chélidoine et bardane à une
poutre du toit, puis pila le lichen en une pâte qu’elle humecta de salive et d’urine.
Elle psalmodia longuement des charmes dans sa langue, penchée au-dessus de la
coupe de bois. Cela prit longtemps, et parfois elle s’interrompait, épuisée, et
se balançait d’avant en arrière dans la pénombre.
    — Je ne suis pas certaine d’y parvenir, dit-elle. Et si
j’échoue, ils me haïront d’autant plus.
    — Ils ne te haïssent point.
    — Ils pensent que je suis une pécheresse et une païenne,
et ils m’en détestent.
    — Alors guéris l’enfant et ils t’adoreront.
    Je ne pus creuser les trous aussi profond qu’elle le
souhaitait, car le sol était détrempé et, deux pieds plus bas, il commença à se
remplir d’eau.
    — Élargis-les, demanda-t-elle, suffisamment pour que l’enfant
s’y puisse accroupir. (Je fis ce qu’elle voulait, puis elle me fit joindre les
deux trous par une sorte de tunnel. Il fallut prendre garde que la paroi ne s’effondre
pas.) Quelqu’un va mourir, Uhtred. Quelque part, un enfant mourra pour que
celui-ci vive.
    — Comment le sais-tu ?
    — Parce que mon frère jumeau est mort à ma naissance et
que j’ai son pouvoir. Mais si je l’utilise, il reviendra des ténèbres pour le
reprendre.
    La nuit tomba. L’enfant toussait toujours, mais moins fort, me
sembla-t-il, comme s’il n’y avait plus assez de vie dans ce petit corps. Iseult
s’accroupit sur le sol de la cabane, fixant la pluie. Quand Alfred vint, elle
le chassa d’un geste.
    — Il se meurt, dit-il.
    — Pas encore, pas encore.
    Edward avait la respiration sifflante. Nous l’entendions
tous et pensions que chaque souffle allait être le dernier. Iseult ne bougeait
pas. Quand les nuages finirent par s’écarter un peu et qu’un faible rai de lune
toucha le marais, elle me demanda d’aller chercher l’enfant.
    Ælswith ne voulait pas le laisser partir. Elle voulait qu’il
guérisse, mais quand je lui dis qu’Iseult tenait à opérer seule, elle gémit qu’elle
ne voulait pas se séparer de son enfant. Ses pleurs bouleversèrent Edward, qui
toussa de plus belle. Eanflæd lui caressa le front.
    — Y

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