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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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désespoir.
    — Vous pouvez partir au sud, répondis-je, jugeant que c’était
là ce qu’il voulait entendre. Et traverser la mer.
    — Et devenir un roi exilé, dit-il amèrement.
    — Quand les Danes ne nous surveilleront plus, nous
irons sur la côte chercher un navire.
    — Comment nous cacher ? Ils savent que nous sommes
là. Et ils sont des deux côtés du marais.
    Le roi, selon moi, était condamné, comme sa famille. Si Æthelflæd
avait de la chance, elle serait élevée par une famille danoise, comme je l’avais
été, mais ils seraient plus probablement tous occis, afin que nul Saxon ne
puisse plus jamais revendiquer la couronne de Wessex.
    — Et les Danes vont surveiller la côte sud, reprit
Alfred.
    — Certes.
    Il contempla le marais. Le vent nocturne en ridait la
surface, faisant trembler le reflet de la lune.
    — Les Danes ne peuvent avoir pris tout le Wessex, dit-il.
    — Sans doute non.
    — Si nous pouvions trouver des hommes…
    — Que ferions-nous avec ?
    — Nous attaquerions la flotte, dit-il en désignant l’ouest.
Puis nous prendrions les collines du Defnascir. Il suffit d’une victoire pour
être rejoints par d’autres. Une fois assez forts, nous pourrions affronter
Guthrum.
    Je réfléchis à cela. Il avait parlé sans conviction, mais je
pensai qu’il avait cruellement raison. Il restait des hommes en Wessex, des
hommes sans chef qui en réclamaient un, prêts à se battre. Et peut-être
pourrions-nous fortifier le marais et défaire Svein, puis prendre le Defnascir,
et ainsi, petit à petit, reconquérir le Wessex. En y réfléchissant un peu plus,
je reconnus que c’était un rêve. Les Danes avaient gagné, nous étions des
fugitifs.
    Alfred caressait les cheveux dorés de sa fille.
    — Les Danes vont nous traquer ici, n’est-ce pas ?
    — Sans doute.
    — Peux-tu nous défendre ?
    — Moi et Leofric ?
    — Tu es un guerrier, n’est-ce pas ? On me dit que
tu as vraiment occis Ubba.
    — Vous saviez que je l’avais occis ?
    — Peux-tu nous défendre ?
    — Saviez-vous que c’était moi qui avais remporté votre
victoire à Cynuit ? insistai-je.
    — Oui, dit-il simplement.
    — Et ma récompense a été de ramper jusqu’à votre autel ?
D’être humilié ?
    La colère me fit hausser la voix. Æthelflæd ouvrit les yeux
et me fixa.
    — J’ai commis des erreurs, dit Alfred. Quand tout sera
terminé, quand Dieu rendra le Wessex aux Saxons, j’en ferai autant. Je
revêtirai la robe du pénitent et je me soumettrai à Dieu.
    J’eus envie de massacrer ce pauvre sot, mais Æthelflæd me regardait
de ses grands yeux. Elle n’avait pas bougé et son père ignorait qu’elle était
réveillée. Moi, je le savais. Au lieu de laisser libre cours à ma colère, je me
calmai brusquement.
    — Vous découvrirez combien la pénitence aide, dis-je.
    — T’a-t-elle aidé ? demanda-t-il, soudain
ragaillardi.
    — Elle m’a rempli de colère et enseigné la haine. Et l’une
comme l’autre sont bonnes.
    — Tu ne le penses point.
    Je dégainai à demi Souffle-de-Serpent et la petite Æthelflæd
écarquilla les yeux de plus belle.
    — Ceci tue, dis-je en laissant mon épée retomber dans
son fourreau gainé de peau de mouton. Mais la colère et la haine, elles, donnent
la force d’occire. Aller à la bataille sans colère ni haine, c’est se vouer à
une mort certaine. Il faut les lames, la colère et la haine, pour survivre.
    — Mais le peux-tu ? demanda-t-il. Peux-tu nous
défendre ici ? Assez longtemps pour échapper aux Danes quand nous aurons
décidé que faire ?
    — Oui.
    J’avais l’orgueil du guerrier et donnai une réponse de
guerrier. Æthelflæd ne m’avait pas quitté des yeux. Elle n’avait que six ans, mais
je jure qu’elle comprit tout ce dont nous parlions.
    — Alors je te commets à cette tâche, dit Alfred. Ici et
maintenant, je te nomme défenseur de ma famille. Acceptes-tu cette charge ?
    J’étais une brute arrogante. Je le suis toujours. Il me
défiait, et il savait ce qu’il faisait, contrairement à moi.
    — Bien sûr que j’accepte. Oui.
    — Oui, qui ? demanda-t-il.
    J’hésitai, mais il m’avait flatté, offert la charge d’un
guerrier. Alors, je lui donnai ce qu’il voulait.
    — Oui, seigneur.
    Il me tendit sa main. Je n’avais jamais eu l’intention de
lui accorder ce plaisir. Mais puisque je l’avais appelé seigneur, je m’agenouillai
et pris sa main dans les

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