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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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miennes.
    — Dis-le ! ordonna-t-il en posant entre nos mains
le crucifix qu’il portait à son cou.
    — Je jure d’être votre homme, dis-je en plongeant mon
regard dans ses yeux pâles, jusqu’à ce que votre famille soit à l’abri.
    Il hésita. Je lui avais prêté serment, mais j’avais ajouté
une précision, déclaré que je ne resterais pas à son service pour toujours :
il accepta mes termes. Il aurait dû me baiser les deux joues : ne voulant
pas déranger Æthelflæd, il baisa ma main droite puis le crucifix.
    — Merci, dit-il.
    La vérité était qu’Alfred était fini. Avec la perversité et
l’arrogance d’une jeunesse imbécile, je venais de faire serment de me battre
pour lui.
    Et tout cela, je crois, parce qu’une fillette de six ans m’avait
regardé. Et qu’elle avait des cheveux d’or.

7
    Le royaume du Wessex était à présent un marais. Durant quelques
jours, il posséda un roi, un évêque, quatre prêtres, deux soldats, l’épouse
grosse du roi, une putain, deux enfants dont un malade, et Iseult.
    Trois des quatre prêtres quittèrent le marais en premier. Alfred
souffrait, frappé de fièvre et des maux de ventre qui l’affligeaient si souvent.
Comme il semblait incapable de prendre une décision, je rassemblai les trois
plus jeunes, leur déclarai qu’ils étaient des bouches inutiles que nous ne
pouvions nous permettre de nourrir, et leur ordonnai d’aller voir ce qu’il en
était sur la terre ferme.
    — Trouvez des soldats et dites-leur que le roi les
demande ici.
    Deux des prêtres supplièrent qu’on leur épargne la mission, prétendant
être des clercs incapables de survivre en plein hiver, d’affronter des Danes, de
subir des épreuves ou de faire le moindre travail. Alewold, l’évêque d’Exanceaster,
les soutint en arguant que leurs prières conjointes étaient nécessaires pour
préserver la santé et la sécurité du roi. Je dus donc lui rappeler qu’Eanflæd
était là.
    — Eanflæd ? répéta-t-il comme s’il n’avait jamais
entendu ce nom.
    — La putain de Cippanhamm, lui dis-je. (Il continua de
faire celui qui ne comprenait point.) Cippanhamm, où vous la troussiez à la
taverne de l’Épi et qui dit…
    — Les prêtres iront, déclara-t-il précipitamment.
    — Bien entendu, mais ils vont laisser ici leur argent.
    — Quel argent ?
    Les prêtres transportaient le trésor d’Alewold, dont le
grand ciboire que je lui avais remis pour payer la dette de Mildrith. Ce serait
ma prochaine arme. Je pris tout et l’étalai devant les villageois, leur
assurant qu’il y aurait de l’argent pour la nourriture et le feu qu’ils nous
donnaient, les barques qu’ils nous fournissaient et les nouvelles des Danes qu’ils
nous apportaient. Je les voulais de notre côté, et la vue de l’argent les
encouragea. Cependant, l’évêque courut immédiatement se plaindre à Alfred que j’avais
volé l’Église. Le roi était trop mal en point pour s’en soucier, mais son
épouse Ælswith s’en mêla.
    — Tu rendras le ciboire ! m’ordonna-t-elle.
    Elle avait l’air d’une gueuse, avec ses cheveux gras et
hirsutes, son ventre enflé et ses vêtements crasseux.
    — Rends-le ! Immédiatement !
    — Dois-je ? demandai-je à Iseult.
    — Non.
    — Elle n’a rien à dire ici ! piailla Ælswith.
    — Mais c’est une reine, et vous ne l’êtes point.
    C’était l’un des drames d’Ælswith que les Saxons de l’Ouest
n’appellent pas l’épouse du roi une reine. Elle voulait être la reine Ælswith
et devait se contenter de moins. Elle tenta de m’arracher le ciboire, mais je
le jetai ; lorsqu’elle voulut le prendre, j’abattis la hache de Leofric. La
lame entama le grand plat, tranchant le crucifix. Ælswith poussa un cri de
frayeur et recula, tandis que je m’acharnais, réduisant finalement le lourd
plat en fragments d’argent que je jetai sur les pièces prises aux prêtres.
    — De l’argent pour votre aide ! dis-je aux
villageois.
    Ælswith me cracha dessus et retourna à son fils.
    Edward était mourant. Chaque nuit, nous entendions les
quintes de toux rauques secouant son petit corps frêle ; lorsqu’elles
cessaient, nous craignions de ne plus les entendre. Chaque silence était comme
la venue de la mort, le petit s’accrochait cependant. L’évêque et les femmes
tentèrent tout. On posa un Évangile sur sa poitrine et Alewold pria. On lui
enduisit la poitrine d’une décoction d’herbes, fiente de

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