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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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parviendra-t-elle ? me demanda-t-elle.
    — Oui, dis-je sans savoir si c’était vrai.
    Eanflæd prit Ælswith par les épaules.
    — Laissez aller l’enfant, ma dame, dit-elle.
    — Il va mourir !
    — Laissez-le aller.
    Ælswith s’effondra dans les bras de la putain, et je pris l’enfant,
aussi léger que la plume qui n’avait pu le guérir. Il était brûlant et
frissonnait, et je l’enveloppai dans une robe de laine pour l’apporter à Iseult.
    — Tu ne peux rester. Laisse-le avec moi.
    J’attendis avec Leofric dans l’obscurité. Iseult refusa que
nous regardions depuis le seuil, mais je posai mon casque à terre et, en m’accroupissant,
je pus voir un reflet de ce qui se passait à l’intérieur. La pluie cessa et la
lune se fit plus brillante.
    L’enfant toussa. Iseult le dévêtit et lui frotta la poitrine
avec la pâte d’herbes, puis elle commença à psalmodier dans sa langue, un chant
qui parut interminable, triste, rythmé, et si monotone que je m’endormis. Edward
pleura une fois, puis il fut secoué d’une quinte de toux. Sa mère hurla depuis
sa cabane qu’elle voulait qu’il lui soit ramené. Alfred la calma et vint nous rejoindre.
Je lui fis signe de se baisser, afin qu’il ne cache pas le clair de lune
pénétrant dans la cabane d’Iseult.
    Je scrutai le reflet dans mon casque et vis qu’Iseult, nue
elle aussi, enfonçait l’enfant dans l’un des trous puis, sans cesser de
psalmodier, le faisait passer dans l’autre par le tunnel. Elle cessa de chanter
et se mit à haleter, puis elle hurla et haleta de nouveau. Elle geignit et
Alfred se signa, puis ce fut le silence. Je ne voyais pas très bien. Soudain, Iseult
poussa un grand cri de soulagement, comme si une grande douleur venait de
cesser, et sortit l’enfant nu du second trou. Elle le posa sur le lit et il se
tut tandis qu’elle remplissait le tunnel de branches d’aubépine. Puis elle s’allongea
auprès de l’enfant et se recouvrit de ma cape.
    Le silence régnait. J’attendis, longtemps, puis je compris
qu’elle dormait et l’enfant aussi, à moins qu’il ne fût mort. Je ramassai mon
casque et allai trouver Leofric.
    — Dois-je le prendre ? demanda Alfred avec
inquiétude.
    — Non.
    — Sa mère…
    — Devra attendre le matin, seigneur.
    — Que lui dirai-je ?
    — Que son fils ne tousse plus, seigneur.
    Ælswith hurla que l’enfant était mort. Eanflæd et Alfred la
calmèrent et nous attendîmes tous dans le silence. Je finis par m’endormir.
    Je m’éveillai à l’aube. Il pleuvait comme si c’était la fin
du monde, une pluie torrentielle et grise qui noyait tout, criblait le sol, coulait
en ruisselets et se déversait dans la hutte. J’allai à l’abri de Leofric et je
vis Ælswith qui m’observait depuis son seuil. Elle avait l’air désespéré d’une
mère qui s’attend à apprendre la mort de son enfant. Comme le silence régnait
toujours dans la hutte d’Iseult, Ælswith se mit à pleurer. Alors, nous
entendîmes un bruit étrange. Au début, j’entendis mal, à cause du fracas de la
pluie, puis je me rendis compte que c’était un rire d’enfant. Un instant plus
tard, Edward, toujours nu comme un ver et encore souillé de boue après sa
renaissance par le tunnel de terre, sortit de la cabane d’Iseult et courut à sa
mère.
    — Dieu soit loué ! s’exclama Leofric.
    Je trouvai Iseult en larmes, inconsolable.
    — J’ai besoin de toi, lui dis-je durement.
    — De moi ?
    — Pour construire un pont.
    — Tu crois qu’un pont se bâtit à l’aide de charmes ?
    — Ce sera ma magie, cette fois. Je veux que tu sois en
pleine santé. J’ai besoin d’une reine.
    Elle hocha la tête. Et Edward, à dater de ce jour, demeura
en pleine santé.
     
    Les premiers hommes arrivèrent, mandés par les prêtres que j’avais
envoyés : seuls ou deux par deux, peinant dans l’hiver et le marais, nous
donnant des nouvelles des expéditions danoises. Lorsque nous eûmes deux jours
de beau temps, ils arrivèrent par groupes de six ou sept, et il y eut bientôt
foule sur l’île. Je les envoyai en patrouille, mais ordonnai qu’aucun n’aille
trop loin à l’ouest, car je ne voulais point provoquer Svein, dont les hommes
campaient près de la mer. Il ne nous avait point encore attaqués. C’était
imprudent de sa part, car il aurait pu amener ses navires par les rivières et
passer les marais à pied. Mais sachant qu’il le ferait quand il serait prêt, je
devais

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