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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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d’Æthelingæg, mais
aucune n’aboutissait directement sur la terre ferme. Guthrum aurait du mal à l’attaquer,
car il devrait franchir le marais. Mais Svein, qui commandait à présent les
Danes de Cynuit, à l’embouchure de la Pedredan, n’aurait aucun mal à l’approcher
grâce à ses navires, en prenant au nord dans la rivière Thon, passant le long
de l’île. J’allai en barque jusqu’au milieu de la Thon et découvris, comme je
le craignais, qu’elle était assez profonde pour qu’y passe un des navires danes.
    Je retournai au confluent de la Thon et de la Pedredan. De l’autre
côté de la rivière se dressait une haute et abrupte colline, comme un tumulus
funéraire au milieu des marais. C’était un lieu idéal pour bâtir un fort. Si un
pont pouvait être jeté par-dessus la Pedredan, les navires danes ne pourraient
plus y passer.
    Je retournai au village, où je découvris que le chef était
un vieil homme borné nommé Haswold, qui nous refusa son assistance. Je lui
assurai que nous lui donnerions de l’argent pour construire le pont, mais il
déclara que la guerre entre Danes et Wessex ne le concernait point.
    — Il y a folie, là-bas, dit-il en désignant vaguement
les collines vers l’est. Il y a toujours folie là-bas, mais ici, dans le marais,
nous vaquons à nos affaires. Nul ne se soucie de nous et nous ne nous soucions
de personne.
    Empestant le poisson et la fumée, il était vêtu de peaux de
loutre souillées d’huile de poisson, et sa barbe grise était semée d’écaillés. Il
avait de petits yeux rusés et une demi-douzaine d’épouses, dont la plus jeune
était une enfant qui aurait pu être sa petite-fille, et qu’il tripotait devant
moi comme si son existence prouvait sa virilité.
    — Je suis heureux, dit-il. Alors, pourquoi me soucier
de ton bonheur ?
    — Les Danes pourraient mettre fin au tien.
    — Les Danes ? s’esclaffa-t-il. S’ils viennent, nous
nous enfoncerons dans le marais et ils s’en iront.
    Il sourit et j’eus envie de le tuer, mais cela n’aurait
servi à rien. Il y avait une cinquantaine d’hommes dans le village et je n’aurais
pas tenu longtemps. L’homme que je redoutais le plus était grand, large d’épaules,
avec un air étonné. Ce qui m’effrayait chez lui, c’était son grand arc de
chasse, alors que les autres en avaient de plus petits pour le gibier d’eau. Le
sien était haut comme lui, fait pour tuer un cerf, et capable de percer d’une
flèche une cotte de mailles. Haswold dut sentir ma crainte, car il appela l’homme
à ses côtés. L’homme sembla surpris par son ordre, mais il obéit.
    — Qu’ils viennent, les Danes, répéta Haswold. Nous nous
enfoncerons dans le marais et ils repartiront. Ils ne peuvent nous suivre, et s’ils
nous suivent, Eofer les tuera. Il décoche ses flèches là où je le lui ordonne.
    Eofer opina.
    — Ton roi veut qu’un pont soit construit, dis-je. Et un
fort.
    — Roi ? S’il y a un roi ici, c’est moi.
    Il éclata de rire et je contemplai les villageois qui
restaient mornes. Personne ne partageait la bonne humeur d’Haswold. Apparemment,
ils n’étaient point heureux sous sa férule, et il dut percevoir ce que je
pensais, car il se fâcha soudain et chassa la petite.
    — Va-t’en ! me cria-t-il.
    Je retournai donc à la petite île où se cachait Alfred et où
se mourait son fils. La nuit était tombée et les prières de l’évêque avaient
échoué. Eanflæd me raconta comment Alewold avait convaincu Alfred de céder l’une
de ses plus précieuses reliques, une plume de la colombe lâchée par Noé de son
arche. Il l’avait coupée en deux, en avait rendu la moitié au roi et fait
griller l’autre. Une fois réduite en cendres, il l’avait dissoute dans une
coupe d’eau bénite qu’Ælswith avait forcé son fils à boire. Il était enveloppé
d’une peau d’agneau, le symbole de sainte Agnès, une enfant martyre de Rome.
    Mais ni la peau ni la plume n’avaient rien donné. En tout
cas, d’après Eanflæd, l’état de l’enfant avait empiré.
    — Il lui a donné les derniers sacrements, dit-elle, les
larmes aux yeux. Iseult ne peut donc rien faire ?
    — L’évêque l’interdit.
    — Ce n’est point lui le mourant ! s’indigna-t-elle.
    Iseult fut donc appelée. Alfred sortit de sa cabane et lui demanda
si elle pouvait guérir le mal de l’enfant.
    Elle ne répondit pas tout de suite. Elle se tourna vers le
marais et contempla la lune qui

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