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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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aux branches
emmêlées et liées par des lanières de cuir. Un équipage de navire pourrait
finir par la démanteler, mais pas sous l’assaut des lances et des flèches les
criblant depuis le fort, protégé par une palissade de pieux, un fossé inondé et
une fragile tour faite de troncs d’aulne liés par des cordes de cuir. L’ouvrage
était grossier, mais avec un mur assez solide, et je commençai à craindre qu’il
soit terminé avant que les Saxons arrivent pour le garnir. Cependant, les trois
prêtres s’acquittaient bien de leur tâche et les soldats continuaient d’affluer.
J’en postai une vingtaine à Æthelingæg et leur ordonnai de terminer le fort.
    Quand ce fut achevé, ou presque, je ramenai à Æthelingæg
Iseult vêtue comme la première fois, mais avec une tunique de daim sous la
précieuse fourrure. Arrivé au milieu du village, j’annonçai à Haswold qu’il la
pouvait prendre. Il me considéra avec circonspection.
    — Elle est mienne ?
    — Toute tienne, dis-je en reculant d’un pas.
    — Et ses sœurs et cousines ? demanda-t-il
avidement.
    — Je te les amènerai demain.
    Il fit signe à Iseult d’avancer vers sa cabane.
    — Viens.
    — Dans son pays, dis-je, il est de coutume que l’homme
conduise la femme à sa couche.
    Il dévora du regard le beau visage d’Iseult. Je reculai
encore, l’abandonnant. Il se précipita sur elle les bras tendus, et elle sortit
de sous la cape Dard-de-Guêpe qu’elle lui plongea dans le ventre. Elle poussa
un cri d’horreur et je la vis hésiter, surprise de son forfait et de l’effort
requis pour fendre la panse d’un homme. Puis elle serra les dents et poussa
violemment, l’éventrant comme une carpe. Il poussa un curieux gémissement, tituba
en arrière, ses tripes se répandant sur le sol. Je tirai Souffle-de-Serpent et
la rejoignis. Iseult haletait et tremblait. Elle avait voulu le faire, mais je
doutais qu’elle recommence jamais.
    — Il vous est demandé, annonçai-je aux villageois, de
combattre pour votre roi. (Haswold se convulsait dans la boue, ruisselant de
sang. Il poussa un dernier geignement et s’agrippa à ses tripes.) Pour votre
roi ! répétai-je. Et quand il vous est demandé de combattre pour lui, ce n’est
point une prière, mais un devoir ! Chaque homme ici est un soldat, votre
ennemi est le Dane. Si vous refusez de le combattre, vous devrez m’affronter !
    Iseult était restée auprès d’Haswold qui gigotait comme un
poisson hors de l’eau. Je l’écartai et décapitai l’homme d’un coup d’épée.
    — Prends sa tête, ordonna-t-elle.
    — Sa tête ?
    — Puissante magie.
    Nous fichâmes la tête d’Haswold sur la muraille du fort en
direction des Danes, et elle fut rejointe peu après par huit autres : celles
des lieutenants d’Haswold, occis par les villageois tout heureux de s’en
débarrasser. Eofer ne fut pas de ceux-là. C’était un simplet, incapable de
parler, même s’il grognait et poussait parfois des hurlements. Un enfant l’aurait
pu mener, mais quand on lui demandait d’user de son arc, il se révélait d’une
force et d’une précision redoutables.
    Je confiai à Leofric le commandement de la garnison d’Æthelingæg
et ramenai Iseult au refuge d’Alfred. Elle se taisait et je la crus accablée. Soudain,
elle éclata de rire.
    — Vois ! dit-elle en désignant la fourrure
souillée du sang d’Haswold.
    Elle portait encore Dard-de-Guêpe, ma spathe à courte lame, perfide
en combat rapproché, lorsque les hommes sont si près qu’on ne peut manier une
longue épée ou une hache. Elle la trempa dans l’eau et la frotta de l’ourlet de
la cape.
    — C’est plus difficile que je ne pensais de tuer un
homme, dit-elle.
    — Il faut de la force.
    — Mais j’ai son âme, à présent.
    — Est-ce pour cela que tu l’as fait ?
    — Pour donner la vie, expliqua-t-elle en me rendant la
spathe, il faut la prendre ailleurs.
     
    Alfred s’était laissé pousser la barbe, non pour se déguiser,
mais parce qu’il était trop abattu pour se soucier de son apparence. Lorsque
Iseult et moi arrivâmes, nous le trouvâmes nu jusqu’à la taille auprès d’un
grand baquet d’eau chaude. Il avait un torse d’une maigreur pitoyable, le
ventre creux, mais il s’était lavé et peigné, et s’attaquait à sa maigre barbe
avec un vieux rasoir emprunté à un villageois. Sa fille, Æthelflæd, tenait un
morceau d’argent en guise de miroir.
    — Je me sens mieux,

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