Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
construire nos défenses. Pour cela, j’avais besoin d’Æthelingæg.
    Alfred se remettait. Il était encore malade, mais il avait
vu dans la guérison de son fils la faveur divine, sans admettre qu’elle était
due à la magie païenne. Même Ælswith se montra généreuse : quand je lui
demandai de me prêter la cape de renard et les quelques bijoux qu’elle
possédait, elle les céda sans récriminations. La cape était sale, mais Eanflæd
la brossa et la peigna.
    Nous avions plus de vingt hommes avec nous à présent, probablement
assez pour prendre Æthelingæg à son triste chef. Cependant, Alfred refusait que
l’on tuât des villageois. C’étaient ses sujets, déclarait-il, et ils
combattraient peut-être pour nous. Cela signifiait qu’il fallait prendre l’île
et son village par ruse. Aussi, une semaine après la renaissance d’Edward, j’emmenai
Leofric et Iseult chez Haswold. Elle portait la fourrure, une chaîne d’argent
dans les cheveux et une fibule de grenat à la poitrine. Je lui avais brossé les
cheveux pour qu’ils brillent. Dans cette pauvre lumière hivernale, elle avait l’air
d’une princesse venue de cieux resplendissants.
    Leofric et moi, revêtus de nos cottes et casques, ne fîmes
que contourner Æthelingæg. Au bout d’un moment, un homme vint de la part d’Haswold
nous dire que son chef voulait parler avec nous. Je pense qu’Haswold croyait
que nous irions dans sa cabane puante, mais j’exigeai qu’il vienne à nous. Il
aurait pu nous prendre ce qui lui chantait, bien sûr, car nous n’étions que
trois contre tous ses hommes, dont Eofer l’archer. Mais Haswold avait enfin
compris que de sombres événements se déroulaient au-delà des marais et
pouvaient gagner ses parages saumâtres. Il décida donc de parlementer. Comme je
m’y attendais, il dévora du regard Iseult comme s’il n’avait jamais vu de femme
de sa vie. Ses petits yeux rusés allaient d’elle à moi.
    — Qui est-elle ? demanda-t-il.
    — Une compagne, dis-je, désinvolte.
    Je me retournai vers l’abrupte colline où je voulais bâtir
le fort.
    — Est-ce ton épouse ?
    — Une compagne, répétai-je. J’en ai une douzaine comme
elle.
    — Je te paierai pour elle.
    Il était accompagné d’une vingtaine d’hommes, mais seul
Eofer portait arme plus dangereuse qu’une foëne.
    Je retournai Iseult vers lui, passai derrière elle et posai
les mains sur ses épaules pour défaire la fibule de grenat. Elle tressaillit et
je lui chuchotai qu’elle ne risquait rien. J’écartai les pans de la cape et
dévoilai sa nudité à Haswold. Il se mit à baver dans sa répugnante barbe et ses
doigts crasseux s’agitèrent sous ses fourrures puantes. Je refermai la cape et
laissai Iseult remettre la fibule.
    — Combien me paieras-tu ? demandai-je.
    — Je peux la prendre si je veux, répondit-il en
désignant ses hommes.
    — Tu pourrais. Mais bon nombre d’entre vous
trépasseraient avant que nous rendions gorge, et nos fantômes viendraient
occire vos femmes et terrifier vos enfants. Ne sais-tu point que nous avons une
sorcière avec nous ? Tu crois que tes armes peuvent lutter contre la magie ?
    Personne ne bougea.
    — J’ai de l’argent, dit Haswold.
    — Je n’en veux point. Je veux un pont et un fort. Comment
s’appelle cette colline ?
    — La colline, répondit-il en haussant les épaules. On l’appelle
ainsi.
    — Elle doit devenir un fort, dis-je, avec des murs et
une porte de pieux ainsi qu’une tour pour que l’on voie au loin. Et je veux qu’y
mène un pont assez solide pour arrêter des navires.
    — Tu veux arrêter des navires ? demanda-t-il en se
grattant l’entrejambe. On ne peut construire de pont.
    — Et pourquoi ?
    — C’est trop profond. (C’était probablement vrai. La
marée était basse et la Pedredan coulait entre de hautes rives boueuses.) Mais
je peux barrer la rivière, dit-il sans quitter Iseult du regard.
    — Barre-la et construis un fort.
    — Donne-la-moi, et tu les auras, promit-il.
    — Fais ce que je dis et tu l’auras, ainsi que ses sœurs
et cousines. Les douze.
    Haswold aurait asséché tout le marais et bâti une nouvelle
Jérusalem rien que pour pouvoir trousser Iseult. Seulement, il n’avait pas
réfléchi plus loin que le bout de son vit. Mais cela me suffisait, et je ne vis
jamais ouvrage plus prompt. Ce fut terminé en quelques jours. Il barra d’abord
la rivière, fort habilement, avec une digue flottante de troncs

Weitere Kostenlose Bücher