Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
confiance du peuple. Si Alfred va à
Cippanhamm et marche parmi ses ennemis, le peuple saura qu’il mérite d’être roi.
    — Et s’il est capturé, le peuple saura qu’il est un roi
mort.
    — Aussi dois-tu le protéger. (Je ne répondis pas. C’était
en vérité folie, mais Alfred était décidé à montrer qu’il méritait d’être roi. Après
tout, il avait usurpé le trône destiné à son neveu, et durant les premières
années de son règne il ne l’oubliait point.) Un petit groupe se mettra en
chemin. Toi, d’autres guerriers, un prêtre et le roi.
    — Pourquoi le prêtre ?
    — Pour prier, bien sûr.
    — Vous ? ricanai-je.
    — Pas moi, dit-il en tapotant sa jambe infirme. Un
jeune prêtre.
    — Mieux vaudrait emmener Iseult.
    — Non.
    — Et pourquoi ? Elle maintient le roi en bonne
santé.
    Alfred était en effet bien mieux portant qu’il ne l’avait jamais
été, et tout cela grâce aux remèdes préparés par Iseult. La chélidoine et la
bardane cueillies à terre soulageaient les souffrances de son cul, et d’autres
herbes celles de son ventre. Il marchait avec assurance, le regard vif, et
semblait fort.
    — Iseult demeurera ici.
    — Si vous voulez que vive le roi, elle doit venir.
    — Elle demeurera, car nous voulons que vive le roi. (Il
me fallut un instant pour comprendre. Beocca tentait de prendre un air sévère, mais
ne parvint qu’à montrer sa peur.) Ce sont temps difficiles, expliqua-t-il
plaintivement, et le roi ne peut mettre sa foi qu’en des hommes qui servent
Dieu. Des hommes liés à lui par leur amour du Christ.
    D’un coup de pied, j’envoyai voler une nasse dans la rivière.
    — Pendant un temps, dis-je, j’ai presque aimé Alfred. Maintenant
que ses prêtres sont de nouveau là, vous instillez votre poison en lui.
    — Il…
    — Qui a sauvé ce bâtard ? le coupai-je. Qui a
brûlé les navires de Svein ? Qui, au nom de votre dieu infortuné, a tué
Ubba ? Et malgré cela, vous ne me faites point confiance ?
    Beocca tenta de me calmer avec de grands gestes.
    — Je crains que tu ne sois païen, et cette femme en est
assurément une.
    — Cette femme a guéri Edward, grondai-je. Cela ne
signifie donc rien ?
    — Cela pourrait signifier qu’elle a accompli l’œuvre du
Diable. (J’en restai coi.) Le Diable œuvre sur la terre, continua gravement
Beocca, et cela servirait ses desseins que le Wessex soit anéanti. Le Diable
veut la mort du roi. Il veut que sa race païenne prospère par toute l’Anglie !
Il se déroule une guerre plus vaste, Uhtred. Non pas celle entre Saxons et
Danes mais entre Dieu et le Diable, entre Bien et Mal ! Nous en faisons
partie !
    — J’ai occis plus de Danes que vous n’en pouvez rêver, rétorquai-je.
    — Ton amour des Danes est bien connu, dit Beocca, pincé.
Et tu épargnas les hommes de Palfleot.
    — Vous pensez donc que je ne suis point digne de
confiance.
    — Je te fais confiance, reconnut-il sans conviction. Mais
les autres ? Cependant, si Iseult reste ici…
    — Elle sera donc otage.
    — Une garantie, plutôt.
    — J’ai prêté serment au roi, fis-je remarquer.
    — Et tu as prêté serments naguère, et tu es connu comme
menteur, et tu as épouse et enfant, et vis pourtant avec une putain païenne, et
tu aimes les Danes. Penses-tu que nous pouvons te faire confiance ? débita-t-il
d’un trait. Je te connaissais, Uhtred, lorsque tu rampais encore sur les nattes
de jonc de Bebbanburg. Je t’ai baptisé, enseigné, châtié et vu grandir, et je
te connais mieux que quiconque, et je ne te fais point confiance. Si le roi ne
revient point, Uhtred, ta putain sera jetée aux chiens. (Il avait livré son
message et semblait en regretter la violence, car il secoua la tête.) Le roi ne
devrait point aller. Tu as raison, c’est folie. C’est sottise ! C’est… (il
chercha ses mots et trouva la pire condamnation de son vocabulaire)… irresponsable !
Mais il y tient, et s’il va, tu dois aussi aller, car tu es le seul à pouvoir
passer pour un Dane. Mais ramène-le, Uhtred, ramène-le, car il est cher à Dieu
et à tous les Saxons.
    Cette nuit-là, ruminant les paroles de Beocca, je fus tenté
de fuir le marais avec Iseult, de trouver un seigneur et de lui offrir
Souffle-de-Serpent, mais Ragnar avait été pris en otage et je n’avais plus d’ami
parmi mes ennemis. Si je m’enfuyais, je manquerais à mon serment à Alfred, et
on dirait qu’Uhtred de Bebbanburg n’était

Weitere Kostenlose Bücher