Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
vastes bancs de sable où nous
avions erré, Iseult et moi, tandis que se levait un vent d’ouest froid et
humide augurant la pluie. Pour le moment, un soleil oblique projetait de
longues ombres dans les roseaux. Deux cygnes volaient vers le sud. Je sus que c’était
un message des dieux, mais je n’en compris point le sens.
    Les barques repartirent en suivant les chenaux connus de ces
seuls villageois. Nous restâmes un moment à Palfleot, à nous agiter ostensiblement
pour que les Danes ne manquent point de nous remarquer depuis l’autre côté de
la rivière.
    — Il y a un homme à leur vigie, dit Iseult qui avait de
très bons yeux.
    La marée descendait toujours, découvrant de plus en plus la
vase et le sable. Maintenant que j’étais sûr qu’on nous avait repérés, nous
traversâmes cette vaste étendue.
    À mesure que nous nous rapprochions, je vis d’autres Danes
juchés dans les mâtures. Ils nous surveillaient mais ne s’inquiétaient point, car
ils nous dépassaient en nombre et la rivière nous séparait.
    Certains riaient, convaincus que nous avions fait beaucoup
de chemin pour rien… ils ignoraient le talent d’Eofer. J’appelai la nièce de l’archer.
    — Je veux que ton oncle tue quelques-uns de ces hommes,
expliquai-je à la fillette.
    — Les tuer ? me demanda-t-elle, étonnée.
    — Ce sont méchants hommes, et ils veulent t’occire.
    Elle hocha gravement la tête, puis elle prit le grand gaillard
par la main et le mena au bord de la rivière, où il s’enfonça dans la boue
jusqu’aux mollets. C’était encore loin de l’autre rive et je craignis que ce le
soit trop, même pour son arc immense. Eofer s’avança un peu dans la rivière
jusqu’à un endroit peu profond, sortit une flèche de son carquois, banda son
arc et tira en poussant un grognement. La flèche s’éleva dans les airs et piqua
vers un groupe de Danes juchés sur la plate-forme d’un navire. Un cri de colère
retentit quand elle s’abattit. Elle manqua sa cible, mais la suivante atteignit
un homme à l’épaule. Les Danes quittèrent précipitamment leur poste. Eofer, qui
continuait de pousser de petits cris en dodelinant de la tête, visa un autre
navire. Il avait une force extraordinaire. L’un des Danes prit son arc et
voulut riposter, mais sa flèche s’enfonça dans la rivière et nous nous moquâmes
de plus belle, tandis qu’Eofer continuait de lancer des flèches. Un seul homme
avait été blessé, mais nous les faisions battre en retraite et c’était
humiliant. Je laissai l’archer tirer vingt flèches, puis j’allai le rejoindre
et lui pris son arc, tournant le dos aux Danes pour qu’ils ne me voient pas
faire.
    Avec mon couteau, j’entamai la corde de l’arc avant de le
lui rendre.
    — Tue-les, dis-je en désignant les Danes.
    Il voulut sortir l’autre arc qu’il portait sous sa cape, mais
j’insistai pour qu’il garde celui-ci. Alors qu’il bandait l’arc, la corde
rompit et sa flèche voleta un instant avant de tomber dans la rivière.
    La marée avait changé et remontait.
    — Nous partons ! criai-je à mes hommes.
    Pensant que nous battions en retraite parce que notre arc
était rompu, les Danes nous couvrirent d’insultes tandis que nous remontions
péniblement sur le talus. Je vis deux hommes courir sur la grève. J’espérai qu’ils
étaient porteurs des ordres que j’attendais.
    C’était bien cela. Les Danes, soulagés de la menace du redoutable
arc d’Eofer, allaient lancer deux de leurs plus petits navires.
    Tous les guerriers ont leur fierté. Orgueil, fureur et
ambition sont les aiguillons d’une réputation, et les Danes voulaient nous
donner une leçon. Mais ce n’était pas tout. Avant de quitter Æthelingæg, j’avais
tenu à ce que chaque homme revête une cotte de mailles. Egwine, qui était resté
avec le roi, avait rechigné à céder sa précieuse armure, mais Alfred l’y avait
contraint, et seize de mes hommes portaient donc une cotte. Ils étaient
superbes, comme une troupe d’élite. Les Danes gagneraient renommée s’ils
vainquaient une telle troupe et s’emparaient de leurs précieuses armures. Le
cuir protège, mais la maille est bien plus sûre et bien plus coûteuse. En
amenant seize cottes de mailles à leur portée, je faisais miroiter un
irrésistible appât.
    Et ils mordirent à l’hameçon.
    Nous marchions lentement, feignant de peiner dans le sol
meuble. Alors que la marée montait rapidement, ils firent exactement ce

Weitere Kostenlose Bücher