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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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point digne de confiance. Je restai
donc et tentai de convaincre Alfred de ne point aller à Cippanhamm.
    — Si je demeure ici, s’obstina-t-il, on dira que je me
suis caché des Danes. D’autres les affrontent, et moi je me terre ? Non, les
hommes doivent me voir et savoir que je me bats.
    Il était d’étrange humeur, empli de bonheur et confiant que
Dieu était à ses côtés. Comme son mal l’avait quitté, il était plein d’énergie
et d’assurance.
    Il prit six compagnons. Le prêtre, un jeune homme nommé
Adelbert, transportait une petite harpe dans une besace de cuir. Il me semblait
ridicule d’emporter une harpe chez l’ennemi, mais Adelbert était fameux pour sa
musique, et Alfred déclara avec allégresse qu’il chanterait les louanges de
Dieu quand nous serions parmi les Danes. Les quatre autres étaient des
guerriers d’expérience, ayant fait partie de sa garde royale. Ils se nommaient
Osferth, Wulfrith, Beorth et Egwine, lequel jura à Ælswith qu’il ramènerait le
roi, ce qui me valut de sa part un regard acerbe. Les bonnes grâces que m’avait
values la guérison d’Edward s’étaient vite envolées.
    Nous revêtîmes cottes et casques, et Alfred tint à porter
une belle cape bleue bordée de fourrure, qui le rendait très voyant, mais il
voulait que le peuple voie son roi. Nous choisîmes les meilleurs chevaux, un
pour chacun de nous et trois de plus, leur fîmes traverser la rivière et
suivîmes les sentes de bois jusqu’à la terre ferme, non loin de l’île où Iseult
disait qu’Arthur reposait. Je l’avais laissée avec Eanflæd qui partageait sa
cabane avec Leofric.
    Nous étions en février. Le temps s’était réchauffé après l’incendie
de la flotte de Svein, et j’avais jugé que nous devions nous mettre en chemin
dès lors. Cependant, Alfred avait tenu à attendre le huitième jour de février, car
c’était la Saint-Cuthman, un saint saxon d’Estanglie, donc un jour propice. Peut-être
le roi avait-il raison, car la journée fut humide et fort froide, et les Danes
n’aimaient guère quitter leurs quartiers par mauvais temps. Nous partîmes à l’aube,
et en milieu de matinée nous étions dans les collines dominant le marais, à
demi caché par le brouillard épaissi des fumées des villages voisins.
    — Connais-tu bien saint Cuthman ? me demanda
aimablement Alfred alors que nous chevauchions vers le nord.
    — Non point, seigneur.
    — C’était un ermite. Comme sa mère était infirme, il
lui fit une brouette.
    — Une brouette ? Qu’en ferait une infirme ?
    — Rien ! Il la transportait ainsi. Pour qu’elle l’accompagne
quand il prêchait. Il l’emmenait partout.
    — Elle devait être contente.
    — Il n’y a nul récit de sa vie à ma connaissance, mais
nous devons certainement en composer un. Il pourrait être un saint pour les
mères.
    — Ou pour les brouettes, seigneur.
    Cette nuit-là, nous séjournâmes dans un petit village. Les
Danes y étaient venus et les gens avaient peur. D’abord, lorsque nous arrivâmes,
ils se cachèrent, nous prenant pour des Danes. En entendant nos voix, ils
sortirent prudemment et nous contemplèrent comme si nous venions de la Lune. Leur
prêtre avait été tué par les Danes. Alfred tint à ce qu’Adelbert célèbre un
office dans les restes calcinés de l’église, lui-même tenant le rôle de chantre
en s’accompagnant de la harpe du prêtre.
    — J’ai appris à en jouer dans mon enfance, me dit-il. Ma
marâtre y tenait, mais je ne suis point doué.
    — En vérité, convins-je, ce qui lui déplut.
    — Je ne dispose jamais d’assez de temps pour m’y
appliquer, se plaignit-il.
    Nous logeâmes chez un paysan. Alfred, jugeant que les Danes
auraient pillé tout village sur notre chemin, avait chargé les montures de
poissons fumés et galettes d’avoine. Nous offrîmes donc le repas, et le couple
de paysans s’agenouilla à mes pieds en touchant d’une main hésitante le bas de
ma cotte.
    — Mes enfants, chuchota la femme, ils sont deux. Ma
fille a sept ans, et mon fils un peu plus. Ce sont de bons enfants.
    — Et qu’y a-t-il ? intervint Alfred.
    — Les païens les ont pris, seigneur, pleura la femme. Les
pourrez-vous trouver, seigneur ? demanda-t-elle en tirant sur ma cotte. Pourrez-vous
me ramener mes petits, je vous en prie ?
    Je promis d’essayer, mais c’était une promesse vaine, car
les enfants étaient partis depuis longtemps au marché aux esclaves.

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