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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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une vingtaine
d’hommes et de femmes réunis autour d’un feu allumé dans la nef. Ils jouaient
aux dés et ne nous prêtèrent nulle attention jusqu’à ce que quelqu’un nous crie
de fermer la porte.
    — Nous partons, déclarai-je à Alfred.
    Il ne répondit pas : il fixait avec révérence l’emplacement
de l’autel où désormais étaient attachés une demi-douzaine de chevaux.
    — Partons, insistai-je.
    Au même instant, une voix emplie d’étonnement me héla et je
vis l’un des joueurs qui s’était levé et me fixait. Un chien surgit de la
pénombre et vint me faire fête. Et je vis que c’était Nihtgenga, et l’homme qui
m’avait reconnu était Ragnar. Le comte Ragnar, mon ami.
    Celui que je croyais mort.

9
    Ragnar m’étreignit. Nous avions tous les deux des larmes
dans les yeux et nous fûmes incapables de parler, mais j’eus la présence d’esprit
de regarder derrière moi afin de m’assurer qu’Alfred ne risquait rien. Il était
accroupi près de la porte, dans l’ombre d’une balle de laine, son capuchon
baissé sur son visage.
    — Et moi qui te croyais mort ! dis-je à Ragnar.
    — J’espérais que tu viendrais, dit-il au même instant.
    Nous nous mîmes à parler sans nous écouter, puis Brida
arriva du fond de l’église, devenue une vraie femme. Elle éclata de rire en me
voyant et me baisa la joue.
    — Uhtred…
    Elle prononça mon nom comme une caresse. Nous avions été
amants autrefois, lorsque nous étions encore des enfants. Elle était saxonne
mais avait choisi de rester avec Ragnar. Les autres femmes présentes portaient
argent, grenats, jais, ambre et or… Brida n’avait rien d’autre qu’un peigne d’ivoire
retenant en chignon ses épais cheveux noirs.
    — Pourquoi n’es-tu point mort ? demandai-je à
Ragnar.
    Ayant été retenu comme otage, il aurait dû être exécuté dès
l’instant où Guthrum avait passé la frontière.
    — Wulfhere nous aimait bien, expliqua-t-il en me
prenant par l’épaule et en m’entraînant vers le feu. Voici Uhtred, annonça-t-il
aux joueurs de dés. C’est un Saxon, ce qui en fait de la vermine, bien sûr, mais
il est aussi mon ami et mon frère. De l’ale, dit-il en désignant les jarres. Du
vin. Wulfhere nous a épargnés.
    — Et vous l’avez épargné ?
    — Bien sûr ! Il festoie avec Guthrum.
    — Wulfhere ici ? Prisonnier ?
    — C’est un allié ! répondit-il en me fourrant une
chope dans la main. Il est avec nous, désormais. (Il me sourit, et j’éclatai de
rire, ravi de le trouver en vie. C’était un grand gaillard aux cheveux d’or et
au visage franc, plein de malice, de vie et de bonté, comme l’était son père.) Wulfhere
parlait avec Brida, continua-t-il, et à moi par son biais. Nous nous aimions
bien. Il est difficile de tuer un homme que l’on aime bien.
    — Tu l’as convaincu de changer de côté ?
    — Il n’a fallu beaucoup. Il voyait bien que nous
allions gagner, et en changeant de côté il garde sa terre, n’est-ce pas ? Vas-tu
boire cette ale ou seulement la regarder ?
    Je fis semblant de boire en me rappelant que Wulfhere m’avait
dit que lorsque les Danes viendraient, nous devrions tous faire en sorte de
survivre. Mais Wulfhere ? Cousin d’Alfred et ealdorman de Wiltunscir ?
Changer de camp ? Combien d’autres thanes avaient suivi son exemple et
servaient les Danes ?
    — Qui est-ce ? demanda Brida en regardant Alfred.
    Il se tenait dans la pénombre, mais il y avait quelque chose
de mystérieux dans sa posture et son silence.
    — Un serviteur, dis-je.
    — Il peut venir auprès du feu.
    — Il ne peut, répondis-je durement. Je le châtie.
    — Qu’as-tu fait ? lui demanda-t-elle en angle.
    Il releva la tête et la regarda, son visage toujours caché
par le capuchon.
    — Parle, gueux, menaçai-je, et je te fouetterai jusqu’à
te mettre les os à nu. Il m’a insulté, repris-je en danois, et je lui ai fait
jurer de ne plus parler. Pour chaque parole, il reçoit dix coups de fouet.
    Ils s’en contentèrent. Ragnar oublia l’étrange serviteur
encapuchonné et me raconta comment il avait convaincu Wulfhere d’envoyer un
messager à Guthrum, promettant d’épargner les otages, et comment Guthrum avait
prévenu Wulfhere du jour de l’attaque afin que l’ealdorman ait le temps de
soustraire les otages à la vengeance d’Alfred. Voilà pourquoi il était parti si
tôt au matin de l’attaque, songeai-je. Il savait que les Danes

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