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Le quatrième cavalier

Le quatrième cavalier

Titel: Le quatrième cavalier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de boucliers, dont
chaque coup soulevait les cris de la foule. Je les regardai à peine et scrutai
les visages de l’assistance, cherchant Haesten ou quiconque pourrait me reconnaître,
mais je ne vis personne. Ne voyant nulle nonne, j’en déduisis qu’elles avaient
fui, ou étaient mortes ou enlevées pour l’amusement des conquérants.
    Je me glissai le long du mur. Je portais mon casque et sa
visière me dissimulait fort bien, mais certains me regardèrent avec curiosité, car
il était inhabituel de voir un homme casqué hors du champ de bataille. N’ayant finalement
croisé personne de ma connaissance, j’ôtai mon casque et l’accrochai à ma
ceinture. L’église du couvent avait été transformée en salle de banquet, mais
il n’y avait qu’une poignée d’ivrognes. Je volai une demi-miche de pain et l’emportai
dehors pour regarder le combat.
    Steapa Snotor était l’un des deux hommes. Il ne portait plus
sa cotte de mailles, mais une de cuir, et se battait avec un petit bouclier et
une longue épée. Une chaîne à la ceinture, il était tenu en laisse par deux
hommes qui le tiraient pour le déséquilibrer lorsque son adversaire était en
péril. Nul doute que ses geôliers gagnaient de bon argent avec les sots
désireux de se frotter à un guerrier captif. L’adversaire de Steapa était un
Dane maigre et ricanant qui essayait de danser autour du grand gaillard et de
glisser son épée sous le petit bouclier, comme je l’avais fait lors de mon
combat. Steapa se défendait comme il pouvait, parant chaque coup, et, quand la
chaîne le lui permettait, attaquant vivement. Le Dane s’écroula et Steapa s’apprêtait
à l’achever : mais la chaîne le tira en arrière et il fut accueilli par
trois lances le menaçant de mort s’il insistait. La foule exulta. Il avait
gagné.
    De l’argent changea de main. Steapa était assis auprès du
feu, le visage vide, et l’un de ses geôliers cria :
    — Dix pièces d’argent à qui le blessera ! Cinquante
à qui le tuera !
    Steapa, qui ne devait pas comprendre un traître mot, se
contentait de fixer la foule, défiant quiconque de le combattre. Bien entendu, un
ivrogne se présenta et Steapa fut forcé de se relever. C’était comme un combat
de taureaux, mais Steapa n’avait qu’un adversaire à la fois. On lui en aurait
sans doute volontiers dépêché plusieurs, si les Danes n’avaient pas voulu le
garder en vie tant qu’il se trouvait des sots pour payer afin de se battre avec
lui.
    Je continuai de faire le tour de la cour en regardant les
visages.
    — Six sous ? me demanda une voix.
    Je me retournai et vis un homme ricanant à une porte
semblable à une dizaine d’autres, ménagées dans le mur chaulé.
    — Six sous ? répétai-je, perplexe.
    — C’est bon marché, dit-il en ouvrant un petit volet et
en m’invitant à regarder à l’intérieur.
    Une chandelle de suif éclairait la pièce qui devait être une
cellule de nonne. Sur le lit bas gisait une femme nue, à demi couverte par un
homme aux braies baissées.
    Je secouai la tête et reculai.
    — Elle était nonne ici, insista-t-il. Jeune et belle. Elle
crie comme truie, d’habitude.
    — Non.
    — Quatre sous ? Elle se laissera faire.
    Je continuai mon chemin. Alfred était-il rentré ? Il
était plus probable que ce fou était retourné à son château et je me demandai
si j’oserais m’y rendre, mais la perspective de la vengeance de Guthrum m’en
dissuada. Un autre combat avait commencé. Je vis une autre pièce sur ma gauche,
assez vaste, peut-être l’ancien réfectoire des nonnes, et un reflet doré m’y
attira.
    Ce n’était pas du métal. C’était la dorure du cadre d’une
petite harpe qui avait été piétinée et brisée. Je scrutai la pénombre et vis un
homme gisant à l’autre bout. C’était Alfred. Il était vivant, et apparemment
indemne bien qu’assommé. Je le traînai contre le mur et l’assis. Sa cape et ses
bottes avaient disparu. Je le laissai là, retournai à l’église et trouvai un
ivrogne que je convainquis d’aller se coucher. Je l’aidai à se lever et l’entraînai
en fait dans les latrines, où je l’assommai avant de lui prendre sa cape et ses
hautes bottes.
    Le roi avait repris connaissance. Il avait le visage marqué
de bleus. Il leva le nez vers moi sans montrer la moindre surprise et se frotta
le menton.
    — Ils n’ont point aimé ma musique.
    — C’est parce que les Danes aiment qu’on la joue bien,

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