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Le règne du chaos

Le règne du chaos

Titel: Le règne du chaos Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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cousins mes meilleurs vœux. Précisez-leur que je n’ai point bridé leurs intérêts dans leurs précieux domaines d’Écosse.
    Je saisis l’occasion :
    — Quelle vilenie, questionnai-je en lui pressant la main, quelle vilenie a-t-elle été ourdie en Écosse ?
    Il se contenta de secouer la tête.
    — Et ma maîtresse, Sa Grâce la reine, vous n’y avez pas fait allusion.
    — Plus rusée qu’un serpent.
    Il avait repris les mêmes mots que Rosselin. Quand j’insistai pour qu’il en dise plus, il ne répondit pas.
    — Les Aquilae, vos écuyers, ont tous trépassé. Monseigneur, avez-vous eu part à cela ?
    — Bien sûr. Je les ai laissés prendre leur essor, pour qu’ils tombent de haut comme Lucifer – tous, pour ne plus jamais se relever.
    — Mais avez-vous trempé dans leur mort ?
    — Oui et non.
    Gaveston refusa derechef de se confier plus avant, en prétextant que c’était là matière à traiter au confessionnal pour être absous par un prêtre. Il s’agita et se pencha en avant dans un cliquetis de chaînes.
    — Resterez-vous près de moi, Mathilde ? Je veux dire jusqu’au bout. Je ne veux pas être seul. S’il vous plaît…
    Je voulais refuser, marchander pour obtenir les informations qu’il pouvait encore me livrer.
    — S’il vous plaît ?
    Il me serra la main plus fort.
    — Assurez-vous qu’on ne traite pas mon corps tel celui d’un chien.
    Je promis. Gaveston ne s’était pas encore fait à l’idée de mourir. De temps à autre, il reparlait du roi, se demandant si les forces royales approchaient du château de Warwick. J’étouffai ces faux espoirs : les encourager aurait été pure cruauté. Il m’écouta sans m’interrompre, les yeux fermés, puis en revint à ses réminiscences, aux souvenirs de sa gloire passée, jusqu’à ce qu’un brutal martèlement à la porte le fasse taire. Un dominicain du couvent voisin entra. Les écuyers de Warwick le présentèrent sous le nom de frère Alexandre.
    — Je suis venu vous entendre en confession, monseigneur.
    Alexandre était un prêtre corpulent, à l’air jovial, qu’aucune circonstance, aucun environnement ne pouvait intimider.
    Je dégageai ma main de celle de Gaveston, me levai de ma sellette et la proposai au dominicain. Il nous demanda avec délicatesse, aux gardes et à moi, de nous retirer. Prenant sans doute conscience de ma réticence, il fouilla dans son escarcelle. Il en sortit un document émanant du prieur de sa maison et contresigné par le comte de Warwick, qui lui donnait licence de confesser le prisonnier. Je l’examinai, le lui rendis et fis un signe d’acquiescement. Gaveston était recroquevillé, les doigts sur la bouche, les yeux enfin dessillés. Il allait mourir et personne ne le sauverait ! Je ne pus supporter cet air désespéré.
    J’adressai un geste à frère Alexandre et me dirigeai vers la porte. Les gardes me firent sortir avant de la clore et de la verrouiller. Je voulais regagner ma chambre, mais le capitaine de la garde de Warwick me demanda de rester là.
    — Cela vaut mieux, madame. Lord Warwick dit que vous ne devez point partir avant que c’en soit fini.
    Il se passa environ une heure avant que frère Alexandre frappe à l’huis pour qu’on lui ouvre. Il me prit par le coude et m’entraîna vers le grand portail.
    — Demeurez près de lui, madame.
    Il scruta mon visage dans la pénombre.
    — Lord Gaveston a commis tant de mal, tramé tant de méfaits…
    Il s’interrompit.
    — Je ne peux vous révéler ce qui est couvert par le secret de la confession, mais il a dit quelque chose d’étrange. Il a prétendu que vous l’aviez sauvé du plus noir des péchés.
    Aussi déconcertée que lui, je ne pus que le regarder avec stupéfaction. Je retournai auprès de Gaveston. Comprenant que sa mort était imminente, il priait et me demanda de me joindre à lui pour réciter le chapelet. Un peu plus tard des archers gallois de la troupe de Lancastre, des hommes robustes, décidés, barbus, encapuchonnés, puant le cuir et la sueur, vinrent le chercher. Ils entrèrent dans le dépositaire, relevèrent Gaveston de force et, sans plus de cérémonie, le poussèrent dans la cour, où les barons, conduits par Lancastre, se trouvaient déjà à cheval, encapuchonnés et emmitouflés pour se protéger du froid matinal. Les sabots de leurs puissants destriers, qui semblaient conscients du funeste spectacle sanglant qui se préparait, faisaient naître des

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