Le retour de la mariée
première rencontre avec son fils.
— Tu ne manques pas d’audace, il me semble, dit-il en lui adressant un sourire contraint.
— J’ai de qui tenir !
— Eh bien, je n’ai plus qu’à dicter ce règlement pendant le trajet, soupira Logan.
— Merci. Merci, papa, dit Will. Tu vas voir que nous allons réussir.
Logan serra la main que son fils lui tendait. Il dut aussitôt détourner la tête pour essuyer les larmes qui lui brûlaient les yeux. Un grain de poussière, sans doute.
***
Il fallait se mettre à genoux et regarder en l’air pour apercevoir sous la roche un espace sombre dont rien ne laissait penser qu’il puisse mener quelque part.
— Je vais d’abord voir si le passage est toujours libre, dit Logan. Dans ce genre de terrain les éboulements sont rares, mais on ne sait jamais. Attendez-moi.
Il disparut par le haut, n’emportant avec lui qu’une lampe.
Dix minutes s’étaient à peine écoulées que Caroline commença à s’inquiéter. Quelques instants plus tard l’angoisse la gagnait.
— Il faut que j’aille voir. Donne-moi une lampe.
— Non, maman, dit fermement Will.
— Mais…
— Règle numéro un : obéir !
— Puisque nous ne sommes pas à l’intérieur, les règles ne s’appliquent pas encore !
— Ne rend pas les choses plus difficiles qu’elles ne le sont, s’il te plaît.
Comme Will restait insensible à son regard autoritaire, elle fronça le nez, et fit une moue d’enfant boudeur, pour inverser les rôles. Il voulut bien rire à cette pantomime.
Cinq minutes s’écoulèrent encore.
— Ton père avait raison, murmura Caroline, il aurait dûnous ramener à Artesia. Ou alors nous aurions pu l’attendre au dernier campement, et il nous aurait rejoints, avec ou sans Ben. Cette grotte lui a peut-être sauvé la vie dans le temps. Il n’est pas dit qu’aujourd’hui ce soit pareil.
— Tu devrais boire un peu d’eau, lui conseilla Will. Rien de tel pour se calmer les nerfs.
— Je n’ai pas besoin de me calmer les nerfs, protesta-t-elle. Je suis calme. Très calme. Jamais je n’ai été aussi calme. Mais s’il nous fait encore attendre ne fût-ce que deux minutes, je l’étrangle.
Tout cela n’avait guère de sens, elle le savait bien. Mais peut-on exiger d’une épouse qu’elle garde son sang-froid, quand elle n’est pas certaine de revoir son mari ?
Au moment où elle allait fondre en larmes, de la poussière blanche tomba du trou. Un bras apparut, puis le visage de Logan. Il semblait si étonné et perplexe qu’elle s’inquiéta, au lieu de se réjouir.
— Tu n’as pas l’air content !
— Mais si, dit-il, enfin non, dans un sens. J’ai eu une surprise.
— Tu as trouvé un corps, à l’intérieur ? suggéra Will.
— Encore un cadavre ? Non, je ne veux plus en voir ! s’écria Caroline.
— Rassure-toi, personne n’est mort. Suivez-moi, tous les deux. J’ai quelque chose à vous montrer.
Chapitre 14
Caroline prit la main que Logan lui tendait et passa sans trop de difficultés par l’orifice étroit pour se retrouver dans une sorte de boyau qui allait s’élargissant. Will la suivait de près. Assez vite, ils durent s’arrêter. Dans le tunnel, il faisait frais et l’air était pur. En attendant que ses yeux s’accoutument à la pénombre, Caroline, le cœur battant, les doigts crispés sur le poignet de Logan, tenta de chasser sa peur. Quand elle put confusément apprécier les dimensions de la grotte souterraine, elle fut prise de vertige.
Vers la droite, une lueur rassurante dessinait une sorte de porche. Elle se sentit soulagée quand Logan les entraîna, elle et Will, dans cette direction. Le sol, sous ses pieds, était étonnamment lisse.
— Qu’est-ce que c’est, Logan ?
Elle sursauta lorsque sa voix se répercuta sur les parois et la voûte invisible.
— Une surprise, répondit-il en faisant résonner lui aussi les échos.
— Une bonne surprise ?
— Oui, je pense. Tu vas voir. Je te lâche. Passe devant.
— C’est bien parce que j’ai confiance en toi… Oh mon Dieu ! Oh !
La main sur la bouche, elle ne respirait plus. Logan lui prit le bras, de peur qu’elle ne tombe.
— Ben ! Enfin Ben ! cria Will, si fort qu’une sorte de tonnerre éclata dans la grotte.
Au centre d’une cavité annexe en forme de chapelle, lesbras largement étendus, le sourire aux lèvres, Ben Whitaker, notable d’Artesia, hors-la-loi repenti et vieillard fugueur, faisait
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