Le retour de la mariée
convaincante, mais Will se préoccupait surtout de l’avenir.
— Alors dis-moi où nous en sommes, maman, conclut-il quand elle eut fini. Il va venir vivre avec nous ? Je vais avoir un père à la maison, et toi un vrai mari ?
Le temps de chercher ses mots, Caroline dessina un cercle sur la grille, au hasard.
— C’est un peu compliqué…
— Quand je vous ai surpris tout à l’heure, les choses semblaient fort simples, au contraire. J’ai gagné !
Il traça une dernière croix en lui adressant un sourire ravageur. Comme il avait mûri en quelques jours. Cette épreuve l’avait endurci, il avait gagné en autorité.
— Tu es restée toute seule pendant si longtemps qu’en fait d’homme tu n’en sais pas plus qu’une gamine de mon âge.
Charmant ! Quelques jours plus tôt, cette remarque lui aurait valu une bonne gifle. Mais Caroline se retint de réagir : elle devait rester prudente avec lui. Mère et fils esseulés formaient un couple, en quelque sorte, et dans la réaction de Will, sans qu’il en prenne conscience peut-être, la jalousie jouait son rôle.
— Tu tiens à veiller sur moi et je t’en remercie, jeune homme, mais ne t’imagine pas que j’ai perdu la tête. Entre nous deux, rien ne changera, sois tranquille sur ce point. En ce qui concerne ton père et toi, c’est à vous de vous arranger, je ne m’en mêlerai pas. Vous allez devoir vous apprivoisermutuellement, sans aucun doute. Même observation pour Logan et moi. Cela ne regarde que nous, Will. Tu n’as pas à t’en occuper.
Comme il le faisait souvent, Will haussa encore une fois les épaules.
— Jamais je n’ai voulu…
— Je le sais bien, mon chéri. Tu t’inquiètes pour moi, parce que tu m’aimes. Mais je suis adulte et responsable, tout comme toi.
Pour le coup, la surprise le fit réagir.
— Tu as dit « adulte », en parlant de moi ?
Caroline ne put s’empêcher de céder à la tentation qu’elle combattait depuis leurs retrouvailles. Elle lui passa la main dans les cheveux.
— Tu n’en es pas encore à me donner des leçons, jeune homme ! Mais tu as beaucoup changé, je dois le reconnaître. Tu es assez adulte à présent pour savoir quelles relations entretenir avec ton père. Il est plein de bonne volonté à ton égard, c’est certain. Voudra-t-il vivre en famille, avec nous ? C’est une autre histoire.
— Parce qu’il doit rester libre de partir n’importe où, n’importe quand ? s’étonna-t-il. Il faut t’y faire, maman. Quand on a la chance d’avoir épousé Lucky Logan, il ne faut pas compter qu’il rentre tous les jours à 5 heures pour se mettre les pieds sous la table, comme Dan Glazier ! Mais tant qu’il ne te donne pas du chagrin… C’est l’essentiel, il me semble.
Caroline ne crut pas utile d’approfondir le sujet. Aussi longtemps que Will ne se faisait pas de souci, tout allait pour le mieux. Restait un détail, cependant.
— Pour lui donner envie de rester à la maison, je crois qu’il ne serait pas mauvais de le traiter en véritable chef de la famille.
— Tu veux dire qu’il faut lui demander son avis sur tout et faire tout ce qu’il dit ?
— Mais non, bien sûr ! dit-elle en lui baisant le front.Nous n’avons pas besoin de chef, nous autres ! Il suffit qu’il croie l’être, et tout le monde sera content !
***
Le soleil se leva lentement. Les deux poings sur les hanches, Logan Grey jeta sur sa femme et son fils un regard incrédule et mécontent.
— Je n’arrive pas à le croire. Vous n’avez pas subi assez d’émotions, ces jours-ci ? Si vous vous imaginez que je vais vous embarquer avec moi jusqu’au Canyon, il faut que vous n’ayez rien dans la tête !
Will prit un air renfrogné tandis que Caroline souriait malicieusement.
— D’abord, dit-elle, il n’est absolument pas question d’embarquement. Nous comptons bien y aller à cheval.
— Très drôle, dit Logan en indiquant par une grimace qu’il n’avait pas envie de rire.
— On ne peut pas laisser tomber Ben si près du but, plaida Will.
— C’est très possible, au contraire.
— Ben fait partie de la famille, répliqua son fils en le regardant dans les yeux. Une famille, ça ne s’abandonne pas.
Logan apprécia le courage de Will et l’audace de son trait, qui le frappait en plein cœur. Il le salua d’un hochement de tête, pour reconnaître que le coup avait porté, sans pour autant perdre son calme.
— Quand on aime sa
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