Le retour de la mariée
plus grande peur de sa vie.
Ce n’était toutefois pas le moment d’y penser.
Pour l’instant, il avait surtout hâte d’en finir avec cettecorvée. D’une certaine façon, sa chance légendaire lui souriait, car la fureur qui l’animait décuplait ses forces. Le terrain ingrat du désert n’était pas assez dur pour résister à sa hargne.
La fosse était presque achevée quand sa rage en s’éteignant peu à peu fit place à de la simple contrariété. L’esprit moins agité, il put se mettre à réfléchir. Son tortionnaire lui avait donné quelques renseignements dont il pourrait tirer profit.
Les Plunkett étaient les ravisseurs de Will. Ce n’était là qu’une confirmation, puisque Logan en avait déjà la quasi-certitude. Autre renseignement : Ben Whitaker s’attendait à voir arriver Caroline à la recherche de son fils, et il savait qu’elle se mettrait en danger, puisque le Prêcheur venait à sa rencontre pour la protéger.
En jetant un coup d’œil au sac d’or qu’il allait emmener tout à l’heure avec lui, Logan fut contraint de réviser la piètre opinion qu’il avait de l’ancien bandit. Le vieux Ben savait se montrer généreux quand il s’agissait de sauver sa fille d’adoption.
Il lui restait à résoudre une énigme. Qui était ce tueur fou, et comment avait-il pu apprendre que le Prêcheur se trouvait chargé d’une mission nécessairement secrète ? Si tous les hôtes du Canyon s’en mêlaient, Caroline ne devait pas s’y rendre. On ne verrait plus qu’elle. Elle serait une cible trop facile.
A vrai dire, une femme aussi belle, aussi séduisante qu’elle, n’avait pas besoin d’être menacée pour attirer tous les regards. Logan sentit se réveiller la rage que lui inspirait sa propre bêtise, sa propre inconséquence. Par quelle aberration l’avait-il autorisée à l’accompagner ?
La fosse était maintenant assez profonde. Logan en sortit, ramassa la couverture et l’étala pour y faire rouler le corps meurtri.
— Que Dieu ait ton âme en sa garde, Prêcheur, dit-il en lui recouvrant le visage. Je te remercie d’avoir voulu protéger ma femme. Nous aurions pu la protéger ensemble.
Une fois le corps en terre, il le recouvrit jusqu’à former un monticule, sur lequel il disposa quelques pierres plates.
Quand il eut remis sa chemise et son médaillon, qu’il avait enlevés pour creuser, il reprit sa bêche, et emporta aussi le sac de pépites et les armes abandonnées sur le sol, dont le terrible couteau.
Logan ne rentra au camp qu’après avoir fait un long détour, pour plus de sûreté. Lorsqu’il arriva près du feu, Caroline dormait paisiblement. Avec un peu de chance, elle ne se réveillerait qu’au lever du jour.
Ses membres fatigués lui faisaient mal, il était couvert de poussière et il se sentait sale. Il prit dans son sac son savon et une serviette, se dévêtit entièrement et alla se plonger jusqu’à la taille dans l’eau fraîche. Après s’être bien savonné en frottant fort pour se débarrasser de sa crasse mais aussi du sang, le sien et celui des autres, il s’immergea entièrement.
En reprenant son souffle, il secoua la tête pour disperser l’eau en gouttelettes autour de lui. Une vive douleur au cou lui fit serrer les dents. Il saignait encore un peu. La lame qu’il joindrait un jour à sa collection de souvenirs coupait bien, en effet.
Comme il ne pouvait voir la coupure, il demanderait à Caroline de lui mettre un pansement, tout à l’heure, à son réveil. Encore un ennui, même anodin, encore une petite corvée. Il en avait assez. Rien n’allait plus. Il se sentit faible, tout à coup. Il se souvint douloureusement de sa propre maladresse, de la témérité de Caroline. Il jeta à sa forme endormie un regard fulminant.
Jamais il ne laisserait une telle bévue se reproduire ! Il n’avait pas à faire le voyeur, à se laisser attendrir par un sourire, à perdre la tête à la vue d’un décolleté. Quant à elle, elle apprendrait à obéir, à respecter ses consignes. Et à la lettre ! Ce soir, ils avaient évité le pire, mais une telle chance ne se reproduirait pas. La légende de Lucky Logan Grey, l’homme le plus chanceux du Texas ? Comme toutes les légendes, une blague !
Logan était de fort mauvaise humeur quand il sortit del’eau. Il récupéra la serviette qu’il avait laissée sur un buisson et entreprit de se sécher, vigoureusement.
Quand ce fut fait, il enroula le linge trempé
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