Le retour de la mariée
Parce que vous n’avez pas besoin de moi, bon sang !
— Il aurait tort, dit Caroline en lui adressant un sourire timide. Sans toi, je me demande ce que je serais devenue ces derniers jours. Si tu avais refusé de m’accompagner…
Elle se tut et secoua la tête.
— Je préfère ne pas y penser. Jamais je n’aurais survécu, sans toi.
— Bien sûr que si ! Des femmes aussi énergiques, aussidécidées que toi, on n’en voit pas souvent ! Mais je parle, je parle, et le lapin est prêt !
Caroline avait bu ses paroles. Non seulement Logan ne disait que ce qu’elle avait envie d’entendre, mais en plus il avait l’air d’y croire. Ses mots étaient comme un baume sur son cœur endolori, ils apportaient la paix à son âme, ils réveillaient en elle des sentiments qui ne s’étaient jamais vraiment éteints.
Elle avait un faible pour Logan Grey. Un faible qui pouvait devenir passion amoureuse, si elle n’y prenait garde.
Ce ne serait pas si terrible, à y bien réfléchir, songeait-elle en admirant avec quelle habileté Logan maniait la broche. Ils étaient mariés, après tout. Puisqu’ils avaient déjà un enfant, ils pouvaient vivre dans la même maison, constituer une vraie famille. Logan pourrait entraîner Will au base-ball en lui lançant la balle plus vite sans doute que ses camarades de classe. Il pourrait le couvrir d’autant de cadeaux qu’il voudrait… Non, il faudrait qu’il devienne raisonnable, à la fin… Et puis Will aimerait peut-être bien que ses parents lui donnent une petite sœur, pourquoi pas ? Il semblait fait pour le rôle de grand frère.
Tout ce dont elle n’aurait jamais osé rêver, elle l’avait là, à portée de main. Il lui suffisait de tendre le bras pour le prendre. A condition que Logan soit consentant, bien sûr.
C’était là le problème. Que voulait-il, au juste ? Il avait dit les mots qu’il fallait, il avait agi avec détermination, parlé de ses futurs rapports avec Will, mais il n’était jamais allé jusqu’à évoquer la possibilité d’une vie en famille. En fait, les seuls propos intimes qu’il ait tenus sur ce sujet, Caroline les avait entendus dans le train, quand il s’était laissé aller à n’en faire qu’une simple distraction sexuelle.
Il fallait qu’elle lui pose la question. Avant de lui abandonner son cœur, et son corps aussi, bien sûr, avant de nouer des liens plus étroits avec lui, elle devait connaître ses intentions.
En rassemblant tout son courage, elle finirait bien par la poser, cette question.
A quoi bon attendre ? Tout de suite, pourquoi pas ? Avant de se lancer, elle s’éclaircit la gorge.
— Logan ?
— Oui ? fit-il en détournant les yeux du lapin pour l’interroger du regard.
Elle s’humecta les lèvres.
— Je me demandais… euh… Il est bientôt cuit, ce lapin ?
— Tu as faim ? Moi aussi. Encore cinq minutes, et on se régale !
Honteuse de sa lâcheté, Caroline se dit que, pour sa punition, elle aurait mérité de rester sur sa faim. Les poules mouillées mangent-elles du lapin ? Non, bien sûr.
Elle se souvint de l’éloge qu’il faisait d’elle, tout à l’heure.
« Des femmes aussi énergiques, aussi décidées que toi, on n’en voit pas souvent. »
Restait encore à le prouver !
Malgré tous ses efforts pour se donner du courage, elle fut incapable de prononcer les mots qui lui tenaient tant à cœur. Ils parlèrent de choses et d’autres en mangeant le lapin rôti. Sur les braises, le ragoût mijotait déjà.
Une fois le repas terminé, ses accessoires nettoyés et rangés, Logan reprit le livre qu’il avait abandonné tout à l’heure, s’adossa au même arbre, les jambes allongées, les chevilles croisées, et continua sa lecture.
Caroline le fixa longuement du regard. Qu’attendait-elle bon sang ! C’était le moment ou jamais.
Elle s’humecta de nouveau les lèvres, s’éclaircit encore une fois la gorge, et se lança.
— Logan ? Je voudrais… Voilà, il faut que je te demande…
Excédée, elle soupira bruyamment, mais ce fut pour reprendre son souffle et poser tout d’un trait sa question.
— Logan, tu te prépares à bien jouer ton rôle de père, mais qu’en est-il de moi, dans tes projets ?
Il leva le nez de son livre et ne répondit qu’après un moment de réflexion, l’air contrarié.
— Qu’est-ce que tu veux dire par là ?
— Tu m’as clairement fait savoir que tu as bien l’intention d’assumer tes
Weitere Kostenlose Bücher