Le retour de la mariée
ne va s’arranger, dit-elle sèchement, les traits tendus. J’ai soif.
Il alla chercher sa gourde et revint s’agenouiller près d’elle. Caroline but à longs traits à deux reprises.
— Ça suffit, ma chérie, dit-il en lui enlevant la gourde des mains, sans qu’elle réagisse. Tu vas te rendre malade.
Il n’avait pas tort sans doute, car son estomac se soulevait déjà. Soudain, sa peau se couvrit de sueur tandis qu’elle se remettait à trembler.
— C’est un coup de chaleur, murmura Logan. Mais il a déjà fait plus chaud que cela. As-tu bu d’autre eau que celle de la source ? Non, ce n’est pas possible.
De l’eau ? Elle ne se souvenait plus.
— C’est tout ce sang qui me rend malade, murmura-t-elle.
— Je le sais bien,
— Je crois bien que Will est sain et sauf, tu ne penses pas ? Il a échappé à ce bandit, à cet assassin. La pauvre Suzanne, si bonne, si heureuse, c’est lui qui l’a tuée. Will est un bon garçon. Il a su se tirer d’affaire. Sain et sauf, il faut qu’il le soit, je le veux. Il a un chapeau. Il l’a certainement sur la tête. Le soleil est tellement chaud, il brûle, tu ne penses pas ? Mais avec son chapeau Will n’a rien à craindre. Il est bien protégé. Will a besoin d’être protégé, Logan.
— Je suis certain que Will a bien son chapeau sur la tête,dit Logan, l’air inquiet. Il faut que nous trouvions un endroit plus accueillant, pour nous reposer comme il faut. Tu vois le bouquet d’arbres, là-bas, devant nous ? Il doit faire plus frais, à leur ombre, et nous allons trouver une source, puisque tout est vert autour d’eux. Il nous suffit d’un quart d’heure à cheval, de seulement dix minutes, peut-être.
Caroline leva les yeux vers sa selle, qui lui parut aussi inaccessible que le sommet des montagnes, dans le lointain.
— Je préfère rester assise ici, murmura-t-elle. Ici, je suis bien.
— Je reviens, lui dit-il à l’oreille, en y posant un petit baiser.
Logan l’abandonna. Pour quoi faire ? Elle n’en savait rien, elle ne voulait pas le savoir. Quelques minutes, ou quelques heures après, il se trouvait de nouveau près d’elle.
Sans dire un mot, il la souleva du sol et la porta jusqu’au hongre qu’il montait. Le pied à l’étrier, il la mit en selle en l’accompagnant dans son mouvement. En chaussant le second étrier, il lui passa un bras autour de la taille et la serra contre son torse.
— Ne pense à rien, Caroline. Détends-toi. Essaie de dormir, si tu le peux.
Contre toute attente, c’est exactement ce qu’elle fit. Elle ne s’éveilla qu’à demi, un peu plus tard, quand Logan l’installa sous un arbre feuillu, au bord d’un petit cours d’eau qui venait de la montagne aux flancs raides. Des résineux parfumaient la brise tiède, et l’on entendait des cris d’oiseaux. Aussitôt profondément rendormie, Caroline ne rouvrit les yeux que lorsqu’une succulente odeur de lapin rôti vint lui chatouiller les narines.
Elle se redressa pour s’asseoir et examiner les lieux. Le gibier cuisait sur une broche au-dessus d’un feu de camp entouré de pierres. D’un coup d’œil vers le ciel, elle vit qu’on était à peu près au milieu de l’après-midi. Elle avait dormi plusieurs heures. Le dos appuyé à un tronc, les jambes étendues sur l’herbe, Logan lisait un livre.
Il le ferma en la voyant assise, et lui sourit.
— Eh bien, la dormeuse, ça va mieux ?
Caroline se frotta les paupières, comme l’aurait fait un petit enfant.
— Tu t’es endormie d’épuisement, expliqua Logan. Cela se produit dans des cas extrêmes, je le sais d’expérience.
Caroline, elle, n’avait jamais connu une telle fatigue auparavant. Le souvenir de ses pleurs et de ses tremblements l’embarrassait à présent. Elle se serait volontiers passée d’une telle manifestation de faiblesse.
— Par ma faute, nous allons prendre du retard, déplora-t-elle. Comment pourrais-tu me pardonner, Logan ?
— Figure-toi que j’avais justement prévu cette halte. Ces jours derniers, nous avons mené un train d’enfer, et puisque nous savons que Will a échappé à Deuce Plunkett, nous pouvons nous permettre de faire une pause. Un bon repas, un peu de repos et une bonne nuit de sommeil, il ne nous en faudra pas davantage pour nous vider l’esprit de tous les drames que nous venons de vivre. Demain, nous serons plus fringants pour reprendre la piste jusqu’au Canyon.
— Nous n’y sommes donc
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