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Le Roi amoureux

Le Roi amoureux

Titel: Le Roi amoureux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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de la litière, immobiles, silencieux. Ils attendaient quoi ?
    « L’heure de l’attaque ! se cria en lui-même Turquand. Eh bien, soit ! »
    Il se recula.
    Quelques instants après, il était rentré dans son logis.
    Il verrouilla la porte, fit tomber le volet de fer, et alors actionna le signal. Le signal d’alarme !
     
    Le signal qui criait à Bérengère : « Voici l’ennemi ! Voici pis que la mort ! Voici la honte ! Hâte-toi, cours au refuge ! »
    Une minute plus tard, les douze domestiques – les douze hommes de la garnison – étaient à leur poste, et Turquand au sien devant la porte de Bérengère.
    Toute la manœuvre s’était faite sans bruit, dans l’obscurité, rapide, méthodique. Le logis était imprenable…
     
    Le signal d’alarme avait réveillé Bérengère.
    Avec une hâte tranquille, elle revêtit un costume à demi masculin qui assurait l’aisance des mouvements et de la marche, costume spécialement destiné à ces alertes.
    Alors elle s’approcha de l’armoire dont Turquand avait montré le mécanisme au comte de Loraydan, et elle appuya sur la tête de clou. L’armoire s’ouvrit…
    Bérengère entra, referma la porte en poussant l’ingénieux petit verrou qui immobilisait le mécanisme.
    Elle était dès lors en parfaite sûreté…

IX
 
L’ATTAQUE NOCTURNE
    À onze heures du soir, Clother de Ponthus, brusquement, et sans motif légitime d’action immédiate, avait pris la résolution de se rendre à la chapelle de l’hôtel d’Arronces pour y trouver la cassette de fer signalée par la lettre trouvée dans l’épée de Ponthus.
    « Pourquoi tout de suite ? songea-t-il. Pourquoi cette nuit-ci et non une autre nuit ? »
    Mais en même temps, il s’apprêtait en toute hâte.
    Et ce fut avec la même hâte que, par le chemin le plus court, il marcha à l’hôtel d’Arronces. Il y marcha comme on marche à quelque acte capital.
    Et venant à se demander ce qui le poussait ainsi, la nécessité de fouiller cette nuit même le tombeau du commandeur Ulloa lui apparut dérisoire.
    Il y avait autre chose…
    Quoi ? Il n’eût su le dire !
    Quoi qu’il en soit, il atteignit sans encombre la grille de l’hôtel d’Arronces, et il lui sembla alors entendre à quelque distance un hennissement aussitôt étouffé, mais la nuit était trop noire pour qu’il pût distinguer quoi que ce fût, et d’ailleurs cet incident qui, en une autre situation d’esprit, l’eût peut-être impressionné attira à peine son attention.
    Il se défit de son manteau, le roula en boule, et le lança dans le parc par-dessus la grille.
    – Allons, Ponthus, va le chercher ! dit-il avec un bizarre sourire.
    L’instant d’après, il escalada la grille, et s’élançant suivant l’itinéraire même que lui traçait la lettre trouvée à Ponthus, il contourna la chapelle, s’arrêta devant la petite porte. Il eut un mince regard de côté et songea :
    « C’est ici qu’est tombé Philippe de Ponthus, frappé à mort par l’épée du baron de Maugency. Et c’est ici que j’ai, moi, croisé le fer contre Amauri de Loraydan. Et c’est ici que je me retrouve, presque sans que je l’aie voulu. Est-ce que certains lieux seraient prédestinés ? Et comment le seraient-ils ? et par qui ? Non, non, le hasard seul a voulu ces choses. »
    Avec la pointe de son solide poignard, il se mit en devoir d’ouvrir la porte, mais il s’aperçut alors que cette porte était ouverte ; il n’y eut qu’à la pousser ; la clef était sur la serrure, à l’intérieur.
    Entré dans la chapelle vaguement éclairée par la lampe suspendue dans le chœur, il se dirigea tout aussitôt vers le tombeau que Léonor avait fait ériger.
    Quelques instants, il contempla la statue du commandeur, impressionnante de lividité, parmi ces funèbres lueurs éparses qu’épandait la lumière du chœur ; il murmura :
    – Ô vous qui êtes le père de Léonor, pardonnez-moi de troubler votre sommeil et de profaner l’asile funéraire où vous reposez. S’il est vrai que les morts soient capables de lire dans la pensée des vivants, vous devez voir que nulle intention d’offense ne m’amène ici. L’acte que je vais accomplir m’est imposé par la nécessité, ou, à mieux dire, par la piété filiale. Si vous songez que je ne connais ni ma mère, ni mon père, et que légitime est mon ardent désir de les connaître, au moins par leur nom, vous me pardonnerez de heurter peut-être à

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